Barrikade.info / vendredi 22 mai 2020
Les cibles sont partout : les entreprises avec leurs bâtiments, leurs machines, leurs véhicules, leurs responsables ; les galeries commerciales, les panneaux d’affichage, les tribunaux, les postes de police et leurs patrouilles, les casernes militaires, les axes de transport, les barrières aux frontières, les caméras de surveillance, les réseaux de fibre optique, les pylônes radio, les bâtiments gouvernementaux, les églises, les bureaux des partis… et parfois on peut même tomber sur une voiture du corps diplomatique, comme ça a été le cas le week-end dernier à Bâle. Hihi !
(Selon les journaux, deux véhicules en feu ont été signalés vers 2h15, dimanche matin (le 17 mai) sur la Nonnengasse. Les dégâts matériels ont été considérables. La deuxième voiture devait probablement être la Mercedes qui était garée devant).
On ne sait pas à quel pays appartient le corps diplomatique qui a été touché à cette occasion. En tout cas, une personne et une institution au service d’un quelque État. Mais cet acte doit plutôt être compris comme une attaque contre l’ensemble du monde des États, contre l’idée d’être gouverné.e.s et administré.e.s, contre le principe de l’autorité en tant que tel.
Que pourrait-on écrire dans cette revendication, pour rendre justice de l’histoire séculaire de l’autorité institutionnalisée ? Une histoire marquée par l’assujettissement, l’expropriation, la coercition, la persécution, la dévastation, le contrôle, jusqu’aux massacres de masse répétés. Alors, d’où commencer et où finir ?
Conscient.e.s que seule une insurrection généralisée serait une réponse appropriée, voici néanmoins quelques mots :
L’État, en tant qu’expression concrète des rapports autoritaires, incarne l’idée que la société dépend des règles d’un pouvoir centralisé pour coexister de manière pacifique et ordonnée. Par le biais d’ordres et de sanctions, les personnes sont gérées et contrôlées selon les valeurs de l’État et de ses alliés. Quelles que soient sa forme, sa couleur et son intention, il constitue toujours une attaque à la capacité des êtres humains à découvrir par eux-mêmes leur propre réalité et à la définir en fonction de leur imagination individuelle et collective, très différente et unique. La vie pourrait être un jeu toujours réinventé, sous l’emprise de l’État elle est une simple survie, qui a pour but quelque chose qui n’est pas toi-même.
Pour maintenir ou étendre cette position de pouvoir acquise dans le sang, les conflits militaires avec des États concurrents et le développement constant du contrôle sont inévitables. « L’État ne fait pas la paix, il porte la guerre. L’État ne protège pas, il ordonne, menace, opprime, emprisonne… », était écrit sur un mur, et à cela il faut seulement ajouter qu’il protège les intérêts des riches.
La lutte hypocrite des différents États à propos de l’interprétation de l’actuelle crise du coronavirus n’est qu’un autre épisode de leur triste logique : une guerre qui, aujourd’hui, est plutôt menée pour les données, les connaissances et les informations. La guerre au XXIe siècle.
L’utilisation sur grande échelle des technologies modernes de contrôle numérique pour contenir la crise est également caractéristique du nouveau siècle, dans lequel la vie se déroulera de plus en plus dans un espace numérique et sera contrôlée, évaluée et surveillée par des algorithmes invisibles. Les limites de cette évolution ne sont pas prévisibles, d’autant plus que la pression du progrès les repousse de plus en plus loin.
L’épidémie de coronavirus n’est que l’une des crises dans un monde où les crises sont devenues la norme. D’autres crises provoquées par cet ordre de choses viendront. La question de savoir comment le monde des États va réagir à cette situation a désormais trouvé une réponse. L’administration répressive est un art où l’État excelle.
Nous en sommes donc là. Par où commencer, où s’engager ?
Peut-être ici même.
Vive la Révolte !
Quelques personnes qui refusent de se soumettre,
comme des milliers d’autres auparavant et, nous l’espérons, des milliers après.