Le parisien / jeudi 11 septembre 2014
Pour lutter contre la fraude, la SNCF veut supprimer le libre accès aux quais du TGV. C’est l’un des chantiers prioritaires de la SNCF. D’ici la fin de l’année, la compagnie ferroviaire devrait présenter son plan de lutte contre la fraude. Et pour cause, selon l’entreprise, les Français sont les champions d’Europe de la fraude dans les transports en commun. «Même en Italie et en Espagne, ils sont plus disciplinés que nous, regrette Alain Le Vern, le monsieur anti-fraude de la SNCF. Si l’Est du pays est un peu plus épargné, toutes les zones denses comme l’Ile-de-France, la région PACA, la région lyonnaise sont touchées. On a coutume de dire que ça coûte chaque année 300 millions d’euros à la compagnie, je pense qu’on est plus proche du demi milliard d’euros, soit une une cinquantaine de trains régionaux par an».
Un manque à gagner d’autant plus insupportable en période de disette, que la fraude a aussi un impact important sur le sentiment d’insécurité : «Les usagers qui payent en ont marre, insiste Alain Le Vern. Les fraudeurs créent des tensions quand ils sont contrôlés qui pourrissent la vie des autres voyageurs». Si certaines mesures ont déjà été prises comme la diminution de la validité des billets qui est passée de deux mois à une semaine, d’autres pistes sont en cours réflexion :
-Des postes filtrages sur les quais des TGV : Depuis toujours libre d’accès, l’entrée des quais des TGV pourrait être contrôlée via l’installation de portes en dur. Un changement de philosophie important qu’Alain Le Vern justifie : «C’est plus efficace que les contrôles à bord. Le procédé existe déjà en Espagne et ça marche très bien. Mais avant de se décider il faut être sûr que le ratio coût-bénéfice est avantageux».
-Des amendes plus élevées : Actuellement, un voyageur sans billet sur un trajet supérieur à 100 km doit débourser 25 €, ou 35 € (plus le prix du billet) pour un parcours de moins de 100 km. Si des discussions sont encore en cours avec le ministère de l’Intérieur, à la SNCF on souhaiterait que l’amende forfaitaire passe au moins à 50 €. «Il faut que ça soit dissuasif, insiste Alain Le Vern. Pour ma part, je serai favorable à une amende de 100 €».
-Un meilleur encaissement des contraventions : Rien que sur le réseau TER, seuls 11,6 % des PV sont réglés. Pour éviter que le fraudeur donne une fausse identité ou une fausse adresse, la SNCF et le ministère de l’Intérieur et la compagnie ferroviaire réfléchissent à une meilleure collaboration. «On peut aussi imaginer que des Trésoreries soient spécialisées dans le recouvrement des amendes dans les transports publics», confie Alain Le Vern.
-La fraude habituelle plus risquée : Actuellement, toute personne qui cumule pendant une période de douze mois dix contraventions est passible de six mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende. La SNCF souhaiterait que la sanction tombe dés cinq contraventions.
-La technologie comme arme anti-fraude : C’est le grand rêve d’Alain LeVern : «Aujourd’hui, les nouveaux TER sont équipés d’un système qui comptent le nombre de passagers. Demain, avec des titres de transports qui utilisent la technologie NFC, c’est à dire des billets électroniques détectables sans contact, on pourra savoir à distance si les passagers d’une rame ont leurs billets ou pas et envoyer des contrôleurs en cas de suspicion de fraude».