Indymedia Grenoble / vendredi 20 avril 2018
Dans la nuit du lundi 16 avril 3 agences immobilières, un Apple store et les bureaux de l’entreprise pro BTP ont été vandalisé dans le centre ville de Grenoble
Destruction et dégradation ont de tout temps été fins et moyens, pour des individualités insoumises, de vivre leur négation du monde. De petites actes aux grandes attaques, des gestes éparses, fascinants et misérables, concrétisent une véritable conflictualité à tous les pouvoirs.
Récemment dans cette ville, plusieurs enseignes de bailleurs sociaux ont été détériorées. Inévitablement, les dirigeants de ces institutions et de la ville ont prêché, larmoyants, leur fonction sociale au près des pauvres. Les torchons du coin, virtuels et papiers ont bien sûr relayé cette bien-pensance éhontée. Echaudé.es par leur culot, nous empoignons cette nuit nos marteaux et sortons saccager des bureaux pour faire écho à ces attaques de bailleurs sociaux.
Commençons par rappeler que la distinction public/privé est un artifice de la domination sociale. Les gauchistes sont dupes, pas les anarchistes. Tout est privé ! Le public n’est que le privé de l’ Etat. Un propriétaire, élu ou pas, sera toujours notre ennemi. Le privé implique la privation, en l’occurrence de toits. Ne reste que la rue, les camps, les squats ou l’acceptation contrainte du racket établi par l’ordre propriétaire.
La dépossession généralisée de la possibilité de construire et d’habiter chacun.e à sa guise assure pouvoir et profit à une clique de parasites extrêmement organisée : patrons de BTP, ingénieurs, huissiers, notaires, banquiers, assureurs, agents immobiliers, fonctionnaires, propriétaires … sans oublier leurs mercenaires, vigiles, flics, matons et le cas échéant, militaires.
Constatant que les classes bourgeoises s’acoquinent savamment par le vol permanent des logements Que la loi et l’argent nous extorquent toute latitude d’habiter librement
Pourquoi irions-nous protester contre l’incompétence de telle institution, contre l’avidité de tel propriétaire, contre le montant des honoraires de tel notaire ? Pourquoi s’encombrer de détails lorsqu’on refuse absolument l’organisation sociale répressive de nos subjectivités ? Selon le bon mot d’un cambrioleur magnifique « je ne sollicite pas ceux que je hais et méprise ». Alors pourquoi encore revendiquer, négocier, dialoguer avec une bureaucratie foncièrement autoritaire quand on ne songe qu’à sa ruine ?
Assidûment réfractaires à ce monde qui n’est pas le nôtre, nous avons cru possible de le déserter pour en bâtir d’autres. Dans les creux, les interstices, les friches, les bocages, les marges, on s’est ardemment élancé.es, espérant prendre le large. Hélas, toute tentative d’évasion dans l’au delà du déjà là s’est immédiatement soldée par une réincarcération dans les geôles du vieux monde. Ne pouvant ni ne voulant plus fuir, nous avons cessé de tourner le dos à l’ennemi pour lui faire face, fort.es de nos audaces. Puisqu’il n’y a pas d’ailleurs, pas d’extérieur au contrôle exorbitant de nos existences nous n’avons d’autres choix que d’armer nos colères et nos joies et d’abandonner nos êtres à la mutinerie, à la résistance.
On profite de ce texte pour contribuer à faire sortir de l’ombre une sale histoire de répression. Plusieurs individu.es labellisé.es en « association de malfaiteurs » ont été perquisitionné.es, presque simultanément à Limoge, Toulouse, Ambert et Amiens. Accusé.es d’avoir incendié des véhicules de la gendarmerie (Limoge) ou d’avoir commis des dégradations en réunion (Clermont), trois personnes sont en préventive pour une durée de 4 mois à 4 ans et d’autres sont en cavale. Les médias ont certainement reçu l’ordre de la fermer alors nous entendons l’ouvrir.
Aux perquisitionné.es, enfermé.es et traqué.es nous envoyons notre pleine solidarité
PS : Apple store quel rapport ? Avec le logement aucun, mais s’il fallait trouver des motifs pour saccager les vitrines de cette entreprise, l’encre coulerait longtemps. Au delà des raisons stratégiques d’en faire une cible, nous éprouvons avant tout des expériences sensibles.
Muscles et nerfs
subliment nos colères
on cogne dans le verre
la destruction nous libère
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NdAtt. : on peut comparer avec ce qu’en disait ce torchon du Daubé, qui parlait de “plaisantins” alcoolisés…