Déclaration d’anarchistes russophones : écoutez les compas ukrainien.nes !

Avtonom / vendredi 28 novembre 2025

Déclaration danarchistes russophones aux initiatives anarchistes occidentales : écoutez les compas ukrainien.nes !

Ce texte est une déclaration commune de différents collectifs anarchistes russophones (voir la liste des signataires ci-dessous). Il aurait dû être publié encore plus tôt, mais maintenant c’est vraiment le moment pour une déclaration unifiée sur la guerre en Ukraine. Nous ne prétendons pas représenter la position de chaque anarchiste de Russie, mais la nécessité d’une position claire et les contradictions liées à la guerre en Ukraine nous obligent à agir comme un mouvement uni.

 

Au cours des onze années de guerre, et surtout au cours des trois dernières années, nous avons vu différentes réactions à la lutte de la société ukrainienne contre l’agression russe. Des compas du mouvement anarchiste ukrainien ont rejoint les forces d’auto-défense, tant sur la ligne de front qu’à l’arrière. La propagande russe, le manque de connaissance de ce qui se passe, le dogmatisme et les contradictions apportées par la guerre ont provoqué des troubles dans tous les mouvements politiques.

Le mouvement anarchiste aussi a été divisé en deux camps : le soutien ou la condamnation. Pendant la guerre, des événements organisés en soutien à l’Ukraine par les Solidarity Collectives et d’autres initiatives anti-autoritaires ont rencontré de grands problèmes. Dans certains lieux anarchistes européens, des discussions avec de compas d’Ukraine et de Bélarus ont été attaquées et sabotées.

Il est important de noter que, tout au long de ces années de guerre, il n’y a pas eu de discussion constructive, au niveau du mouvement, pour développer des positions et des actions coordonnées et cohérentes. Cela a conduit à un manque de solidarité pratique et à une analyse superficielle. Cela a aussi conduit au fait que certaines personnes essaient de dicter aux anarchistes ukrainien.nes ce qu’elles/ils devraient faire, bien que, souvent, ces personnes elles-mêmes ne connaissent pas la réalité pratique de cette guerre. Cela révèle un terrible manque de compréhension et de camaraderie au sein du mouvement. En plus des perturbations d’événements, le problème est arrivé au point de rire délibérément pendant la minute de silence en mémoire des compas décédé.es. De tels cas soulignent le fait qu’on ne se souvient pas toujours de qui est notre ennemi. Les autorités prospèrent grâce à nos divisions, à notre manque de respect pour les compas décédé.es et à notre attitude hostile les un.es envers les autres. Les divergences de tactiques et d’opinions sont inévitables, pour un mouvement révolutionnaire, mais on ne devrait pas permettre à nos ennemis d’en profiter.

La guerre de l’information façonne le discours, en modifiant la pensée. Il est difficile d’y résister, car cette guerre n’est pas manifeste. Elle n’agit pas de manière brutale et parfois elle est habilement tissée au sein des positions existantes, les confirmant, au lieu de permettre à notre analyse de s’adapter à une réalité changeante. En même temps, la guerre de l’information poursuit les mêmes objectifs que le vrai combat. Il est facile d’oublier que la guerre est combattue aussi sur le terrain de l’information. Mais, comme dans les combats réels, il est nécessaire d’adopter une position fondée sur les idées et les principes.

La complexité de la situation dans laquelle se sont retrouvé.es les compas ukrainien.nes et la réaction des collectifs étrangers à leurs actions montrent la réalité des problèmes au sein du mouvement anarchiste. De plus, la guerre en Ukraine elle-même est un autre signal d’alarme, montrant ce à quoi nous devrons faire face à l’avenir. Nous observons déjà la montée des forces de droite en Europe, tant en politique que dans l’état d’esprit de la société en général. Compte tenu de cela, nous voudrions appeler les compas des pays occidentaux à tenir compte des opinions de ceux/celles qui ont déjà dû faire face à la réalité laide et cruelle de la guerre et de la dictature. Les systèmes étatiques évoluent précisément dans cette direction et, à un moment donné, vous pourriez vous réveiller dans un pays avec un régime fasciste ou avec des bombes qui volent au-dessus de vos têtes.

 

La Russie est un pilier de l’autoritarisme et du fascisme

Dans son programme idéologique actuel, l’État russe utilise les événements du passé pour se présenter en tant qu’imaginaire force « antifasciste ». Mais, exactement comme il y a un siècle, la Russie reste aujourd’hui un empire. La réécriture de l’histoire, les mensonges et les manipulations conceptuelles suivent la logique du patriotisme de type impérialiste, qui a été imposé à la société russe depuis l’époque des tsars. Ce lavage de cerveau idéologique de la population est nécessaire pour renforcer le pouvoir de l’État, rallier les élites et les différentes classes du pays et transformer l’économie en fonction des besoins militaires.

À leur tour, les mouvements d’extrême droite prospèrent, dans cette nouvelle phase de l’autoritarisme russe. La guerre a donné carte blanche à l’extrême droite russe, lui donnant aussi l’opportunité de fusionner avec l’État, dans leur programme d’ultra-violence. Beaucoup d’importants participants russes à la guerre, en particulier les propagandistes militaires, sont associés à des groupes fascistes ou néo-nazis locaux. Le groupe d’extrême droite « Communauté russe » (Русская община) fonctionne sous le patronage de Bastrykine, le chef du Comité d’enquête de la Fédération de Russie. Les comptes-rendus des violences d’extrême droite ont augmenté , depuis le début de la guerre. Pour les groupes et les blogueurs soutenant la guerre, toutes les déclarations et actions sont autorisées, tant qu’elles ne contredisent pas la ligne politique du Kremlin.

La Russie de Poutine soutient activement des mouvements d’extrême droite et conservateurs à travers l’Europe, du Front national* en France à l’AfD en Allemagne. Ceux-ci remercient le Kremlin avec leurs demandes de levée des sanctions contre la Russie et d’arrêt de l’aide militaire à l’Ukraine. Les groupes anarchistes occidentaux devraient tenir compte de cela, lorsqu’ils formulent leurs positions sur la fourniture d’armes à l’Ukraine.

Les déclaration de l’État russe sur sa « lutte contre le fascisme en Ukraine » sont des tentatives hypocrites de justifier son agression militaire, motivée par des intérêts capitalistes et impériaux. Nous ne nions pas que des groupes d’extrême droite opèrent en Ukraine (comme dans beaucoup d’autres pays). Mais il est aussi important de rappeler que la politique coloniale russe a largement contribué à leur émergence.

 

Il ne s’agit pas d’une simple confrontation capitaliste et impérialiste entre les deux blocs

Cette guerre est une agression impérialiste de la Russie et une punition infligée à l’Ukraine pour son manque de loyauté envers Poutine. Le fait que cette guerre s’insère aussi au sein de la confrontation mondiale entre de nombreuses forces géopolitiques ne change rien à cette réalité. L’impérialisme des pays occidentaux ne diminue pas ni ne justifie l’impérialisme russe, qui attaque les villes d’Ukraine en ce moment même. De plus, cette guerre doit être comprise dans le contexte global de celle que les Zapatistes appellent « la quatrième guerre mondiale ». Les conséquences du néolibéralisme et du fascisme deviennent de plus en plus prononcées. La destruction de la dignité humaine et de notre environnement se produit à une échelle massive. C’est la réalité, ainsi que le défi auquel le mouvement anarchiste et tous les mouvements visant la liberté doivent faire face. La guerre en Ukraine montre à quel point chaque société a besoin d’une autodéfense contre l’État. C’est une partie de la guerre qui frappe depuis longtemps à votre porte. Les compas d’Ukraine peuvent être les meilleur.es allié.es dans cette guerre, car elles/ils ont déjà subi ce terrible coup et ont une expérience unique de survie et de résistance dans une telle situation. Si les compas d’Europe veulent vraiment résister à cette guerre et aux guerres futures, il est alors extrêmement important d’établir des contacts et d’échanger des expériences, afin de comprendre comment s’organiser dans leurs pays et leurs sociétés.

De nombreuses forces géopolitiques sont en train de participer à la guerre en Ukraine et chacune d’entre elles poursuit ses propres intérêts. Il n’y a rien de nouveau à cela et il en sera de même dans toutes les guerres futures. Quelle est la position du mouvement anarchiste, dans cette situation ? Une simple prise de position « contre la guerre » ne suffit pas. Notre mouvement doit être du côté de la société. Concrètement, en Russie et en Ukraine, cela signifiera des choses différentes. Dans la situation actuelle, en Ukraine, les intérêts de la société et du mouvement anarchiste (le besoin de survivre et d’autodéfense) se superposent en partie, au niveau tactique, aux intérêts de l’État. En Russie, la situation est différente : les intérêts de l’État agresseur sont opposés aux intérêts de la société. C’est pourquoi il peut sembler facile de lutter contre l’empire de l’intérieur, du côté de la société. Cependant, le mouvement anarchiste russe rencontre beaucoup de problèmes, quand il interagit avec la société, souvent soumise par la propagande à un lavage de cerveau. En réalité, il n’y a pas de contradictions entre les intérêts des sociétés de Russie et d’Ukraine, c’est seulement l’État qui barre la route à la coopération.

À cet égard, il est important d’avoir une base idéologique solide et une ligne stratégique qui nous permettra d’endurer la lutte révolutionnaire à long terme, pendant et après la guerre. Dès maintenant, les mouvements et collectifs européens pourraient dialoguer avec les compas en Ukraine et discuter d’une résistance commune contre l’invasion, ainsi que des luttes futures, après la fin de la guerre, quand la politique intérieure de l’État ukrainien deviendra l’objet de graves conflits sociaux. Pour le moment, il n’y a pas de ligne stratégique de ce type, ni de mouvement fort. Il n’y a donc pas de perspective à long terme, qui permettrait aux compas en Europe de voir au-delà des contradictions et des compromis actuels.

Beaucoup de lecteur.trices de ce texte connaissent bien la notion de « monde russe ». Dans la conception de l’État russe, le « monde russe » est une sphère d’influence politique, économique, militaire ou idéologique de la Russie. En d’autres termes, c’est du bon vieil impérialisme. Mais il y a encore des personnes, dans le mouvement anarchiste mondial, qui entretiennent de la sympathie pour « la Russie en tant qu’idée ». Le résultat est que parfois, en essayant de prendre position contre l’impérialisme occidental, les compas font l’impasse sur le problème du « monde russe », ainsi que sur les problèmes d’un bloc flou d’États historiquement opposés à l’Occident et alliés avec la Russie : le Bélarus, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, etc.

Le « monde russe » n’est pas une solution au problème de l’impérialisme occidental. Toute nostalgie de l’ancien État « socialiste » doit être laissée au passé. La Russie moderne est une version mutée du néolibéralisme de droite. Elle est beaucoup plus agressive que la version européenne et, en cas de victoire, elle ne flirtera pas avec la liberté d’association, de réunion ou de la presse. Vous n’avez pas besoin d’aimer l’État ukrainien, pour résister au régime russe. Nos compas ukrainien.nes, dont beaucoup ont été en Russie, savent très bien ce que la défaite de l’Ukraine entraînera. Il en va de même pour les compas biélorusses et russes, qui, bien avant 2022, ont fui vers l’Ukraine à cause de la répression politique dans leurs pays.

Les moyens et les fins sont liés et les fins ne justifient pas les moyens. L’un des fins principaux du mouvement anarchiste est de résister à l’État, non seulement sur le plan idéologique, mais aussi dans la pratique. Tactiquement, cela peut signifier la résistance à l’ascension d’États autoritaires, dont la Russie est un parfait exemple.

 

Réfléchissez de manière critique à vos sources

Le mouvement anarchiste n’est homogène dans aucun pays ou région. Si vous avez une position qui vous tient à cœur, vous pouvez trouver partout au moins un groupe (même très marginal) qui partage cette position. Souvent, nous voyons que c’est exactement ce qui se produit : des compas européen.nes tombent sur un groupe russe ou ukrainien avec une position du type « tous les bords de cette guerre sont pourris, il n’y a rien à y faire » et elles/ils commencent à répandre cette position.

En effet, en Ukraine il y a un groupe qui se focalise principalement sur la critique de l’État ukrainien : Assembly, de Kharkiv. En Russie, le projet KRAS-MAT (Confédération des anarcho-syndicalistes révolutionnaires – Association internationale des travailleurs) adopte une position similaire. Ils/elles bombardent de déclarations les organisations anarcho-syndicalistes occidentales. Avec la logique « les deux bords sont pourris », ces déclarations permettent d’éviter facilement de creuser plus profondément le problème de la guerre.

Nous croyons que les déclarations du KRAS-MAT doivent être prises avec un gros grain de sel. Par inertie, ce groupe est encore présent dans de nombreuses mailing lists et fédérations internationales, mais en réalité il s’agit d’un petit groupe qui ne représente pas la position de la majorité des anarchistes russes. À notre connaissance, le projet Assembly ne représente pas non plus la position de la majorité des anarchistes ukrainien.nes.

Nous ne sommes pas en train d’essayer de présenter les groupes mentionnés ci-dessus comme une sorte de mal absolu. Ils peuvent avoir des projets et des réalisations utiles, dans le passé ou dans d’autres domaines, non liés à la guerre. Mais nous croyons que leur position « anti-militariste » sur la guerre en Ukraine est profondément erronée ; elle n’est certainement pas la plus courante parmi les anarchistes russes et ukrainien.nes. Regardons plus en détail cet « anti-militarisme ».

 

L’antimilitarisme passif n’est pas une solution, il fait partie du problème

Les critiques envers nos compas ukrainien.nes découlent généralement d’un antimilitarisme dogmatique. Ce dogme déclare que les guerres peuvent être arrêtées seulement par la solidarité des classes ouvrières de tous les bords. En conséquence, cela conduit à un purisme idéologique – les compas deviennent incapables de faire face aux contradictions des guerres (par exemple, la coopération avec les armées d’État), ils/elles ne prennent pas en compte les spécificités géopolitiques des différents contextes et elles/ils ne peuvent pas continuer la lutte dans la pratique, parce que les idéaux ne correspondent pas à la triste réalité.

Le mantra « nous devons mettre fin à la guerre » assimile les belligérants à des enfants turbulents, à réconcilier. Mais dans cette guerre les deux camps sont fondamentalement inégaux et « la paix tout de suite » signifierait la victoire de la Russie, l’occupation d’une partie de l’Ukraine et, dans l’avenir, le renforcement du régime de Poutine.

Résister à l’agression russe a conduit à un conflit avec les dogmes de notre mouvement et à réévaluer ce qui semblait auparavant inacceptable. Dans cette guerre, les intérêts de l’État ukrainien et ceux des anarchistes ukrainien.nes se recoupent en partie. La raison pour laquelle les compas préfèrent combattre dans les rangs de l’armée ukrainienne et avoir accès à des armes et à d’autres ressources nous semble évidente. La raison pour laquelle elles/ils n’ont pas essayé de ressusciter une quelque version grotesque de la Makhnovchtchina, avec trois fusils par escouade, juste pour combattre vaillamment « contre tous » et être complètement détruit.es une semaine plus tard, nous semble également claire. Cela dit, nous reconnaissons que la construction d’une quelque sorte de « troisième force » est un objectif stratégique correct. Cependant, dans les conditions dans lesquelles la guerre a surpris le mouvement anarchiste ukrainien, une action directe et efficace contre l’expansion de ce régime autoritaire est une réaction anarchiste raisonnable face à la guerre. Les milieux anarchistes du Bélarus, d’Ukraine et de Russie ont agi de nombreuses manières différentes : l’organisation de manifestations dans la rue, l’entraide et le bénévolat, l’aide aux réfugié.es en Ukraine, le sabotage des infrastructures militaires en Russie, etc. Cela a inclus le fait de rejoindre l’armée ukrainienne. Toutes ces actions doivent être considérées comme un continuum de résistance contre l’invasion – une résistance menée à travers les frontières, avec des approches, des tactiques et des contradictions différentes.

Par conséquent, nous sommes préoccupé.es par la tendance, présente parmi les anarchistes occidentaux.ales, à critiquer l’aide à l’Ukraine. Il n’est pas surprenant que les luttes locales soient souvent plus proches et plus claires. Par exemple, pour les anarchistes grec.ques, l’un des sujets les plus importants est la résistance au colonialisme américain et aux bases militaires de l’OTAN. Bien sûr, en général l’OTAN n’est pas mieux que la Russie. Cependant, dans ce cas, le soutien à la résistance de l’Ukraine est bénéfique non seulement pour les élites occidentales et ukrainiennes, mais aussi pour le mouvement anarchiste en Russie, au Bélarus, en Ukraine et dans d’autres pays voisins, soumis à l’influence et aux menaces de l’État russe. Cela est encore plus vrai si nous nous rappelons que, dans cette partie du monde, le mouvement anarchiste a été complètement détruit déjà une fois, par l’Union soviétique. Cela se reproduira certainement, si la Russie conserve son influence dans la région par des moyens militaires. Le même avenir attend tous les pays qui tomberont sous la sphère d’influence russe.

 

Contre le boycott des anarchistes ukrainien.nes et biélorusses

Un certain nombre d’initiatives anarchistes ont décidé d’exclure les anarchistes ukrainien.nes et biélorusses de leurs sites web et de leurs événements. En particulier, le Balkan Anarchist Bookfair [Salon du livre anarchiste des Balkans] a refusé d’accepter la participation du projet ukrainien Solidarity Collectives, en justifiant ce refus comme suit :

« Nous sommes très préoccupé.es qu’une telle proposition soit soumise pendant que l’État ukrainien est en train d’enlever des gens dans la rue et de les envoyer de force à l’abattoir de la guerre. Par conséquent, notre réponse à la demande d’accueillir la présentation que vous avez proposée est négative. »

Bien sûr, les anarchistes ukrainien.nes n’ont jamais appelé à enlever des gens pour les envoyer au front. Cette justification de leur exclusion n’a rien à voir avec la réalité.

De même, le site anarchiste Athens Indymedia a refusé de publier des messages de Solidarity Collectives, pour les raisons suivantes :

« Ceci est un appel à prendre parti dans une guerre, avec une nation qui se trouve actuellement en première ligne de l’OTAN dans la guerre entre l’Ouest et la Russie. Cela n’a rien à voir avec les opinions politiques d’Athens Indymedia, qui sont fondamentalement anti-guerre et anti-impérialistes. »

En même temps, Athens Indymedia est plein de matériel contre l’invasion israélienne en Palestine, un endroit qui est aussi la ligne de front d’une guerre entre l’OTAN et l’Iran avec ses alliés. La lutte contre l’impérialisme n’est pas toujours exempte de violence et nécessite souvent des armes fournies par des États. La position antimilitariste d’Athens Indymedia ne semble ni logique ni cohérente. Notez que aussi le Berlin Anarchist Bookfair [Salon du livre anarchiste de Berlin] a refusé des anarchistes biélorusses, en 2024 et 2025 [on pourra lire les deux communiqués des compas ici et ici ; NdAtt.].

Et le problème principal ici n’est pas la position des salons du livre anarchiste des Balkans et de Berlin ou d’Athens Indymedia. Le mouvement anarchiste devrait être ouvert à la discussion et tout le monde n’est pas obligé d’adhérer à une seule et unique définition de l’impérialisme ou à des tactiques antimilitaristes spécifiques. Le problème réside dans les tentatives d’exclure complètement les anarchistes de régions entières – précisément au moment où ces régions font l’objet d’une agression impérialiste visant à leur assimilation fasciste violente et à la destruction de leur identité nationale. Alors que Poutine prétend que les peuples biélorusse et ukrainien n’existent pas, les salons du livre anarchiste des Balkans et de Berlin ainsi qu’Athens Indymedia excluent les compas d’Europe de l’Est du mouvement anarchiste : par manque de compréhension des différentes positions, par refus de voir le contexte, par incapacité à accepter les contradictions auxquelles ces compas sont confronté.es en ce moment.

 

Ce que nous suggérons

– Remettez en question les informations qui vous parviennent. Essayez de connaître les opinions de tous les groupes concernés, en particulier ceux impliqués dans des initiatives locales et moins visibles au niveau international.
– Quand vous faites des déclarations sur l’Ukraine, demandez un retour aux compas locaux.les, pour clarifier et actualiser votre compréhension de la situation.
– Nous appelons tout le monde à se souvenir des bases de l’éthique anarchiste : ce qui est important, c’est l’unité et non l’éloignement, la solidarité et non l’opposition. Cela peut paraître évident, mais pourtant, quand nous sommes confronté.es à des contradictions, nous oublions souvent comment nous comporter avec nos compas de lutte.
– Opposez-vous ouvertement aux tentatives d’exclure les anarchistes biélorusses et ukrainien.nes du mouvement anarchiste.
– Apprenez des guerres en Ukraine, en Syrie et dans d’autres pays, afin de créer les conditions pour l’émergence d’une « troisième force » révolutionnaire, capable de défendre la société à tous les niveaux, en cas de guerre.

 

Pour signer cette déclaration ou pour toute autre question, veuillez écrire à : anarchiststatement [at] riseup.net

 

Autonomous Action
Antijob
DIAna (Irkutsk Anarchist Movement)
Combat Organization of Anarcho-Communists (BOAK)
• Anarchist group in emigration “Peripheria”
Anarchist Black Cross – Irkutsk
Ivan Astashin
Khubiskhal
AKRATEIA
Black Square
Black Loudspeaker
Solidarity Zone
Feminist Anarchist Solution (Hamburg)
Lolja Nordic, co-fondatrice de Feminist Antiwar Resistance, coordinatrice du FAR Vienne

[La liste à jour des signataires se trouve ici]

 

Note d’Attaque : en septembre 2014, le parti, à l’époque déjà dirigé par Marine Le Pen, avait obtenu un prêt de neuf millions d’euro d’une banque russe (la First Czech Russian Bank), sans soute avec l’accord du Kremlin.

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