Freedom / mardi 7 octobre 2025
En septembre 2025, les médias d’opposition du Bélarus ont estimé qu’un millier de civils – dont beaucoup inconnu.es des défenseur.euses des droits humains – ont été poursuivis pour avoir diffusé via Telegram des renseignements sur les mouvements des troupes russes, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en 2022.
Des préparatifs pour l’invasion ont été effectués au Bélarus, sous couvert d’un entraînement militaire. Quand les Biélorusses se sont retrouvé.es du côté du Kremlin de la guerre, il existait un mouvement de partisan.es qui sabotait le système ferroviaire, pour paralyser le transport des troupes, tandis qu’une grande partie de la société rejoignait la résistance silencieuse, en prenant des photos et des vidéos du personnel militaire russe dans des bases ou en transit. Elles/ils ont envoyé ces images et vidéos à différents canaux Telegram, pour fournir à la résistance ukrainienne des informations cruciales sur le mouvement de l’aviation ou les lancements de roquettes/drones, qui ciblaient souvent des infrastructures civiles.
L’un des plus grands projets de collecte d’informations issu de cela s’appelait Belarusian Hajun, un canal Telegram avec un bot, auquel les gens pouvaient envoyer des photos directement. En quelques semaines, le projet a eu un très grand succès, avec plus de 30 000 notes d’information envoyées au cours des 45 premiers jours de l’invasion.
Alors que le projet était un énorme succès du renseignement ouvert pour contrer la guerre russe, l’État biélorusse a commencé dès le début à traquer ceux/celles qui fournissaient de telles informations. Parmi elles/eux, il y avait l’antifasciste Anna Pyshnik, qui a été condamnée à trois ans de prison pour avoir envoyé sur Telegram des photos de matériel militaire. Elle a purgé toute sa peine et a été libérée en 2024, elle a dû quitter le Bélarus par crainte de nouvelles persécutions politiques.
« Quand la guerre a commencé, c’était difficile à comprendre », a dit Pyshnik après sa libération. « Juste le lendemain, j’ai entendu quelque chose comme une explosion ; même notre immeuble a tremblé. J’ai couru dehors et j’ai vu la traînée d’une roquette. J’ai décidé de la filmer. Tu restes simplement là et tu réalises à quel point la guerre est proche, tu réalises à quel point les autorités mentent quand elles disent que rien n’arrivera jamais à l’Ukraine depuis le territoire biélorusse. J’ai compris que les gens avaient besoin de savoir ce qui se passait. J’ai donc envoyé la vidéo que j’avais filmée à des médias indépendants. Deux jours plus tard, j’ai filmé des hélicoptères militaires au-dessus de la ville et j’ai également envoyé cela aux médias. »
Au début de 2025, la police secrète biélorusse a infiltré un important chat Telegram de Belarusian Hajun, en obtenant des informations sur des milliers de comptes travaillant pour le projet. Beaucoup de ces comptes appartenaient à des personnes qui se trouvaient à l’intérieur du pays. Depuis, une vague répressive massive a commencé, contre toute personne ayant participé au projet en envoyant des rapports. Au moins 54 personnes ont été poursuivies pour avoir aidé ce projet, sous le chef d’inculpation d’« aide à une organisation extrémiste ».
L’attaque contre le projet Belarusian Hajun a été rendue possible par un ancien lien, trouvé sur le téléphone de quelqu’un.e qui a été arrêté.e avant février 2025. Ce lien, créé en 2022, leur a permis de rejoindre une chat privée contenant des informations critiques. Ce n’est pas la première fois que le KGB arrive à accéder à des chat privées et à recueillir des informations qui provoquent d’autres poursuites encore.
Nikita Ivansky





















































