Bélarus : L’anarchiste biélorusse Mikalai Dziadok a été libéré

Partage Noir / vendredi 12 septembre 2025

Le 11 septembre 2025, l’anarchiste Mikalai Dziadok a été libéré et expulsé de Biélorussie vers la Lituanie. À sa libération, les agents du KGB ont déchiré son passeport.

Avec Dziadok, 51 autres prisonniers politiques ont été libérés à la suite de négociations entre Loukachenka et les envoyés de Trump.

Mikalai devait sortir le 4 avril de cette année*, mais une nouvelle affaire a été ouverte contre lui pour avoir prétendument dirigé l’organisation Action autonome [1], préalablement définie comme étant une organisation criminelle. Il risquait jusqu’à 13 ans de prison.

Mikalai avait déjà purgé une peine de cinq ans, de 2010 à 2015, et figurait parmi les derniers prisonniers politiques graciés à cette époque.

N’oublions pas qu’il y a encore environ 1 300 autres prisonniers politiques dans les prisons biélorusses, dont des anarchistes et des antifascistes.

Source : Anarchist Black Cross Belarus

 

1. Action autonome (en russe : Автономное Действие), est une fédération anarchiste révolutionnaire présente en Russie, en Biélorussie et en Ukraine, fondée en janvier 2002. Cette organisation est composée d’anarcho-communistes, d’anarcho-syndicalistes, d’autonomes et d’écologistes radicaux**.

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Des prisonnier.es pour des sanctions

Pramen / vendredi 12 septembre 2025

La « libération », aujourd’hui, de prisonnier.es politiques en échange de la levée des sanctions contre Belavia [la compagnie aérienne d’État ; NdAtt.] a suscité beaucoup de sentiments mitigés. Oui, nous sommes heureux.ses que notre compagnon Mikalai Dziadok et de nombreux.ses autres hommes et femmes politiques de l’opposition ne soient plus soumis.ses à la torture constante dans l’ainsi-dit système correctionnel du Bélarus. Mais, en même temps, nous nous souvenons des plus de 1 300 prisonnier.es qui restent en prison pour des motifs politiques. Nous nous souvenons des milliers de vies brisées qui, avec de tels accords, ne recevront jamais justice. Nous nous souvenons de ceux/celles qui ont été tué.es dans les prisons et lors des manifestations, dont les morts ne seront pas vengées tant que le régime de Loukachenko ne tombera pas.

En réalité, la peine des ancien.nes prisonnier.es a seulement été modifiée : d’une peine de prison à l’exil à temps indéfini dans des pays de l’UE. Le régime de Loukachenko essaye de se débarrasser non seulement des prisonnier.es elles/eux-mêmes, mais aussi de leurs familles, de leurs enfants et de leurs proches, qui, après cinq ans de lutte contre la prison, seront obligé.es de quitter le Bélarus.

Aujourd’hui, nous avons entendu parler du succès de l’échange et du fait que la levée des sanctions contre Belavia est dans l’intérêt de la société biélorusse, mais on oublie que la poursuite dans l’impunité de la répression contre l’ensemble de la société ne sera jamais dans l’intérêt de la libération de la dictature et de l’esclavage. Beaucoup d’entre nous ignorent que la lutte pour la liberté se poursuit en prison et beaucoup de ceux/celles qui sont actuellement emprisonné.es et refusent de signer une demande de grâce veulent rester au Bélarus et poursuivre la lutte. L’histoire de Statkevitch***, qui, au moment de la rédaction de ce texte, reste à la frontière entre le Bélarus et la Lituanie et refuse catégoriquement de se rendre à Vilnius, devrait nous servir de leçon – notre liberté en exil peut être pire, pour certaines personnes, que de poursuivre la lutte contre le régime de Loukachenko depuis les cachots des prisons.

À l’avenir, nous pourrions effectivement voir la libération de centaines de prisonnier.es, en échange de la levée des sanctions contre d’autres entreprises publiques, mais n’oublions pas que notre objectif principal est le renversement du régime et la chute de l’empire russe et, même si tous les prisonnier.es politiques étaient libéré.es, la lutte se poursuivra jusqu’à ce que Loukachenko et Poutine partagent le sort de Mussolini et Kadhafi.

 

Notes d’Attaque :
* Mikalai a été arrêté le 11 novembre 2020 (pendant la révolte contre l’énième « élection » de Loukachenko) et accusé de troubles à l’ordre public, de possession de cocktails Molotov et de propagande antigouvernementale.
** L’organisation est disparue ou en sommeil, mais le site internet homonyme est toujours actif et source de précieuses informations, notamment grâce aux nombreuses traductions anglaises de ses articles.
*** Membre du Parti social-démocrate biélorusse (illégal) et opposant historique de la dictature de Loukashenko. Depuis 1999, il a passé plus de douze ans en prison. Libéré lui aussi le 12 septembre dernier et destiné comme les autres à l’expulsion, il a enfin réussi à rester au Bélarus.

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