Italie : Nous nous en remettons pas aux amnésies de Nordio !

La Nemesi / samedi 20 septembre 2025

Nous nous en remettons pas aux amnésies de Nordio ! Retournons dans la rue contre le renouvellement du 41-bis pour Alfredo Cospito !

En mai 2022, le compagnon anarchiste Alfredo Cospito a été transféré au régime de détention 41-bis. La prison dure, qui prévoit des contacts sociaux extrêmement réduits, la censure permanente du courrier et différents interdictions pour avoir accès à des livres. Les parloirs ne se font, strictement, qu’avec des membres de la famille ayant reçu l’autorisation et avec une vitre qui les sépare du détenu. Une cour de promenade visant à entraver le regard, avec des murs allant jusqu’au ciel et un filet au dessus de la tête. Une pression constante de l’État sur le détenu, les membres de sa famille, ses avocats. Un seul message pour tous ceux qui sont obligés de graviter autour de cet univers : ce qui se passe dans le 41-bis ne peut pas être communiqué. L’objectif est de détruire le prisonnier, le torturer jusqu’à le pousser à la collaboration. Un dogme intouchable qui n’est remis en question même pas face à la mort.

Un régime – vu par le droit bourgeois lui-même, qui l’a crée, comme une exception – dont le renouvellement doit obligatoirement recevoir l’aval du ministre de la prétendue « Justice », avec un décret qui explique les motivations de cette prolongation. Ce parcours bureaucratique pourrait sembler une bonne nouvelle, en considérant que la personne chargée de ce portefeuille est Carlo Nordio. Un homme souffrant d’oublis permanents, sujet à des amnésies fulgurantes qui lui font rapatrier dans leurs pays d’origine, avec des vols officiels d’État, des tortureurs notoires, comme le général libyen Almasri*, ayant soudainement oublié les mandats d’arrestations émis à son encontre par des tribunaux internationaux.

Malheureusement, la pathologie dont souffre le ministre est objectivement sélective et elle frappe seulement quand un quelque puissant peut avoir des ennuis. En conséquence, en ce qui concerne le destin pénitentiaire du compagnon Alfredo Cospito, on ne peut pas compter sur la maladie de Nordio. D’ailleurs, Alfredo n’est pas recherché pour de crimes de multiples homicides contre des personnes sans défense (car détenues dans les prisons que le général administrait et enfermées principalement pour avoir essayé de s’enfuir clandestinement des horreurs et de la misère de leurs lieux d’origine), il n’est pas accusé de sévices et de viols, pratiqués avec un sadisme encore plus grand à l’encontre des prisonniers accusés d’athéisme ou d’homosexualité, ou dans le but de les racketter, il n’est pas le chef de bandes de miliciens à la solde du pouvoir ou de l’argent. Surtout, il n’est pas accusé d’avoir fait tout cela et bien d’autres choses encore au service de l’impérialisme italien, en enfermant et en torturant à notre place les réfugiés et en combattant sa part de guerre civile dans les factions soutenues par notre pays et par ENI**.

Au contraire, Alfredo est un anarchiste qui croit, comme les anarchistes croient, qu’on peut porter dans ce monde damné, atteint par des logiques de domination, un peu de justice, différente de ce qui est habituellement appelée loi. C’est pour ça qu’il a revendiqué d’avoir blessé à un genou lors d’une magnifique matinée de mai de 2012, l’un des plus importants dirigeants du nucléaire en Italie. Alfredo est un anarchiste et, comme les anarchistes, avec la compagnonne Anna Beniamino, ils ne se laissent pas plier par un État qui d’abord les accuse et ensuite les condamne avec des chefs d’inculpation totalement disproportionnés, comme celui de « massacre à but politique » ; ils restent la tête haute et, bien que soumis à un procès bidon, réaffirment avec leurs déclarations spontanées la vraie nature de massacreur de l’État italien.

Alfredo, donc, n’est pas un chef et il n’a pas de rôles de direction. Les anarchistes n’ont pas de chefs ni de hiérarchies. Il est seulement un homme cohérent, dans un monde où la cohérence fait peur.

C’est pourquoi Alfredo ne bénéficiera pas des amnésies sélectives des puissants. Pour le sortir du 41-bis, il faut notre détermination.

 

Notes d’Attaque :
* Militaire libyen ayant eu un rôle important dans la répression pendant la guerre civile, actuellement haut dirigeant de la police. La Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt à son encontre en janvier 2025, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Interpellé en Italie dans le même mois de janvier, il a été relâché quelques jours après, faute de l’intervention nécessaire de la part du ministre Nordio (il s’est donc agit d’un choix clairement politique), et expulsé vers la Libye avec un avion des services secrets.
** Ce géant des hydrocarbures et de l’énergie, contrôlé par l’État italien, est très implanté en Libye, ancienne colonie italienne et dont l’ancien dictateur Kadhafi (par ailleurs bailleurs de fonds de Sarkozy) entretenait des rapports amicaux avec certains hommes d’État italiens, comme Berlusconi.

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