Leipzig (Allemagne) : Attaque contre le pouvoir de l’État lors du festival Karli Beben

knack.news / lundi 15 septembre 2025

Journée d’action pour Maja : Attaque contre le pouvoir de l’État lors du festival Karli Beben

Le samedi 13 septembre, des débordements ponctuels ont eu lieu à Leipzig, en marge du « Karli Beben ». Le festival en plein air, qui a eu lieu le long d’une importante voie piétonne de liaison, en raison d’un chantier long de plusieurs kilomètres, a commencé dans une bonne ambiance de fin d’été, avec des milliers de personnes.

Mais nous n’avons pas envie de faire la fête.

Fort.es de notre principe de solidarité, en tant qu’antifascistes, nous avons suivi l’appel du Comité pour la libération de Maja à utiliser la journée d’aujourd’hui (13 septembre) comme un moment visible pour dénoncer publiquement l’emprisonnement inhumain et incessant de Maja. Pendant un petit moment, nous avons exprimé notre triste colère avec des slogans, des feux d’artifice, des bris de verre, des barricades et des attaques contre l’autorité de l’État, devant des centaines de personnes.

Cela nous a aussi fait plaisir que d’autres personnes aient attiré l’attention sur la situation de Maja avec une collecte de dons, des tracts et une banderole sur l’une des scènes.

En juillet, dans l’hôpital pénitentiaire hongrois, Maja a mis fin à sa grève de la faim, après quarante jours. Le ministre allemand des Affaires étrangères Wadephul (CDU) avait annoncé, peu avant la fin de la grève de la faim, qu’il voulait obtenir des améliorations de ses conditions de détention. Un mensonge, car, depuis lors, les conditions de détention n’ont pas changé. Maja reste toujours à l’isolement à l’hôpital pénitentiaire et un transfert aux arrestations domiciliaires ou un retour en Allemagne ne sont pas en vue. Chaque jour que Maja passe à l’isolement est une violation de ses droits humains et civils fondamentaux.

Mais ce n’est pas seulement contre Maja que l’État allemand agit de manière répressive. À Leipzig, le LKA [la police judiciaire ; NdAtt.] de Saxe (notamment par le biais de la Soko Linx [le service policier chargé de la répression de ce qu’ils appellent le « milieu extrémiste de gauche » ; NdAtt.]) s’en prend depuis des années, de manière brutale et continuelle, à l’engagement antifasciste. En sont un exemple les plus de 80 perquisitions (souvent illégales), dans les cinq dernières années, plus d’une douzaine d’antifascistes emprisonné.es en Allemagne et des campagnes médiatiques de dénonciation, en coopération avec le magazine d’extrême droite Compact et le quotidien Bild.

Cette escalade a culminé avec l’extradition de Maja vers la Hongrie, illégale, comme établi par le Tribunal constitutionnel fédéral. Alors que même l’Italie, gouvernée par la fasciste Meloni, a exclu l’extradition d’antifascistes italien.nes, pour la même affaire, et que l’antifasciste Ilaria, déjà emprisonnée en Hongrie, a même pu rentrer chez elle, l’Allemagne montre très clairement ce que vaut pour elle la vie des antifascistes : rien du tout. L’Allemagne, avec ses larbins des flics et ses politiciens élitistes, laissera Maja crever en Hongrie.

Alors que la répression contre l’antifascisme radical se poursuit sans pitié et que l’antifascisme doit être divisé entre « bon » (bourgeois) et « mauvais » (militant/autonome), le parti fasciste AfD monte aux premières places dans les sondages. Dans toute l’Allemagne, des néonazis terrorisent les personnes qui ne correspondent pas à leur vision inhumaine du monde. Pour nous, cela signifie : nous devons lutter de manière militante pour une vie digne, libre et juste pour tou.tes.

Aux habitant.es de Leipzig qui font la fête lors du Karli Beben :

Il s’agissait de faire connaître au grand public la situation de Maja et non de gâcher la fête aux habitant.es de Leipzig. Cependant, les derniers mois ont prouvé que se limiter à la non-violence ne mène qu’à des promesses creuses et à moins d’attention. C’est pourquoi nous avons choisi une lutte militante.

Pour discréditer notre cause, les politiciens bourgeois, la presse et les autorités chargées de l’enquête ont recours à des artifices rhétoriques et parlent, après des débordements, d’« émeutiers » et de « terroristes d’extrême gauche ». Nous voulons contredire cela à l’avance. Les terroristes sont ceux qui ont livré Maja, qui détruisent notre planète, diffusent la pauvreté, font avancer le nationalisme et encouragent l’armement. Nous avons simplement fait entendre notre voix. Pour cela, nous choisissons les actions d’aujourd’hui comme des nécessités tactiques et pratiques, en dehors des règles du jeu bourgeois. Et si cette dimension est importante, le contexte de l’action l’est aussi. Et c’est de faire pression et de rendre publique la situation de Maja, un.e antifasciste qui est soumis.e, depuis plus d’un an, à des conditions de détention inhumaines.

Les voies de la légalité semblent viser à priver la population de la possibilité de devenir active, de faire pression et de provoquer des changements dans la société. Le droit de se soulever et de lutter contre les injustices est ainsi considérablement restreint. Une foule totalement pacifique n’a guère d’influence, car elle ne représente aucune menace pour l’État et ne reçoit donc pas l’attention nécessaire. Un groupe entièrement militant peut être rapidement écrasé par des mesures répressives. Ce n’est que la combinaison des deux approches qui crée la dynamique dangereuse que les gouvernements du monde entier craignent. C’est l’équilibre entre protestation civile et résistance déterminée, qui a le potentiel de provoquer de véritables changements.

Nous laissons à d’autres le soin de poursuivre l’analyse politique et l’évaluation de la journée d’aujourd’hui. En même temps, nous vous invitons à rejoindre le mouvement de solidarité avec Maja, à tous les niveaux et par tous les moyens. Il faut continuer à faire pression et la renforcer.

Pas de répit jusqu’à ce que nous ayons récupéré Maja, notre colère reste inébranlable !
Liberté pour tous les antifascistes, lutte contre le fascisme !

Quelques participant.es

[…]

[NdAtt. : les deux photos ci-dessus sont tirées des journaux]

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