Indymedia Lille / mardi 16 septembre 2025
Ce récit est celui de quelques personnes ayant passé la journée du 10 septembre à Paris et ses alentours sur différents points de blocages, rendez vous et manif qui se sont déroulées dans la journée. Il ne se veut donc pas exhaustif et ne reflète qu’une partie de ce qu’il s’est passé à Paris (sans même parler de toute la France). On trouvait ca intéressant de partager ce qu’on a vécu et ressenti pour alimenter des réflexions, se nourrir des récits pour aller plus loin dans ce qu’on aimerait être un « mouvement » ou une séquence qui dure et tout simplement parce qu’il s’est passé tellement de choses qu’on avait envie de le partager et qu’on aimerait avoir accès à d’autres histoires de ce 10 septembre.
On est arrivés assez tôt à Porte de Bagnolet, un peu avant 6 heures. Il n’y avait pas de point fixe réelement prévu et la première chose qu’on s’est dit, c’est qu’il y avait déjà pas mal de keufs (le blocage tournait publiquement sur internet) et qu’il allait être difficile de se rassembler et encore plus de bloquer le périph. Il y avait effectivement des groupes de personnes qui allaient et venaient de part et d’autres mais surtout énormément de keufs, des CRS et surtout une vingtaine de motos de la BRAV en mode guettage du moindre groupement. Ca a été un perpetuel jeu du chat et de la souris avec les keufs… Il y a eu pas mal de nasses/ contrôles, la plupart des gens pouvant sortir des nasses en donnant une identité à l’oral et sommés de retourner vers Paris. Néanmoins on a su qu’un groupe de personne s’est fait embarqué et relâché au bout de quelques heures. Sur une des nasses, on a pu se rendre compte que pas mal de gens avaient pris leurs papiers sur elleux et on espère que les keufs n’ont pas mis d’amendes. Un peu frustré de ne pas avoir pu se retrouver et bloquer le periph et dégoûté de cette démonstration de force de la Brav M, on s’est donc dirigé vers Porte de Montreuil où un blocage était prévu à 7h. En repartant vers Porte de Montreuil, en passant sur le pont de Porte de Bagnolet, on a vu un groupe dr 10 personnes menottées au sol qui etaient peut-etre celleux qui sont allé sur le periph.
On est arrivé à Porte de Montreuil 15 minutes après l’heure de rendez-vous 7h et apparemment des gens avaient déjà tenté et réussi durant quelques minutes à bloquer le rond-point et pour certain.es.s à aller sur le périph. Sauf que là encore, la présence policière était très forte et a permis aux keufs de dégager les gens assez rapidement. Quand on arrive tout le monde est agglutiné devant le parvis du siège de la CGT, la Brav et les CRS bloquant l’entrée du rond-point et de l’autre côté dans la rue de Paris, des keufs locaux postichés en nombre mais n’entravant pas les allées et venues vers le parvis. Mais au bout d’une heure, une sauvage de quelques centaines de personnes se lance assez tranquillement dans la rue perpendiculaire en direction du Décathlon du periph, de Vincennes. Y’avait pas mal de monde et une bonne déter à essayer de rentrer sur le périph d’une manière ou d’une autre. En longeant Décathlon, côté périph, quelques malin.es.s ont la bonne idée de tenter de dégager les grosses plaques de taules qui nous séparent du périph. Et là surprise ce qui parait de grosses plaques de taules ne sont qu’en fait que des rectangles entassés les uns sur les autres qu’il « suffit » d’enlever les uns après les autres (Nik toutes les taules btw). Certaines personnes arrivent à rentrer sur le périph mais les keufs répliquent et il faut dégager. La sauvage continue direction le pont de Lagny qui permet d’arriver direct sur Paris. Là d’autres personnes arrivent à nouveau à rentrer sur le périph par un chemin ouvert et à jeter quelques poubelles et autres mobiliers sur le périph. Les keufs sont à nos trousses, il est temps de repartir. On arrive vite à Porte de Vincennes, où les lycéen.nes.s de Hélène Boucher, qui ont réussi à bloquer leur lycée le matin et a bolossé les keufs, sont encore là devant une grosse barricade enflammée. Ca donne de la force mais les keufs sont là, chargent et gazent le cortège. Ca nous disperse en plusieurs petites sauvages. La notre ne durera pas longtemps et on décide de partir se poser un peu (il n’est que 9 heures mais la matinée paraît déjà longue) et reprendre des forces. Ca nous permet d’écouter la radio et d’entendre quelques nouvelles des blocages et actions du matin dans toute la France. La sauvage nous a quand même pas mal motivés pour la suite de la journée.
La suite pour nous, c’est d’aller au rendez-vous de 11h à gare du nord, où les cheminots proposent une AG publique suivi d’une « action ». Impossible d’entrer dans la gare et sur le parvis, pas tant de monde, pas d’AG, pas de cheminots et encore moins d’action… On se décide d’aller à république là ou un rassemblement… et là on croise un cortège d’une vingtaine d’étudiants, on trouve ça assez marrant d’aller à République (où un rassemblement à l’appel de collectifs de sans-papiers était en cours) en continuant à prendre la rue. On arrive à Répu, c’est rempli de monde. On arrive à l’heure aux Halles de Chatelet.
Certain.es.s d’entre nous pensaient que ça allait être bourbier mais c’est possible d’aller à la fontaine des innocents, où certaines personnes sont déjà rassemblées, sans contrôle malgré la présence de pas mal de keufs. De là la foule prend la direction de place du Châtelet où des partis et des syndicats appelaient à un rassemblement et qui est nassé par les keufs. On est nombreux mais bizarrement on restera statique pendant quasiment 1h à espérer que le cortège parte en sauvage. On a l’impression qu’on est pas les seul.es.s à vouloir partir mais bo après quelques tentatives de personnes de gueuler « Grève, blocage, manif sauvage », on se rend compte que ca prend pas. On apprendra plus tard que le centre commercial est évacué, les boutiques fermées, ainsi que les métros et rer. Là on recoit l’information comme quoi une manif sauvage serait en cours à deux pas de là vers Sébastopol. On y va , on trouve sur le trajet qu’il y a vraiment plein de monde partout dans la rue, sur la route et sur les trottoirs, c’est assez motivant. Et pis bam d’un coup la sauvage s’élance, on est pas mal devant dans le cortège, (on se rend pas trop compte du monde même si) on se dit que y a pas mal de monde. C’est assez dynamique, il y a un peu de casse, des taggs, mais pas trop de slogans à part des « siamo » ou des « macron démission »…On tente quelques slogans pour diversifier (sur les frontières, contres les partis, etc…) qui ne prennent pas trop, mais par contre big UP aux gens qui ont lancé le « Macron on s en fout, on veut pas de président du tout » qui a bien été repris ! On prend les grands boulevards puis direction gare de l’est via la rue de Hauteville. Là, on se retourne et comme la rue est en montée, on peut se rendre compte qu’il y a énormément de monde derrière (plusieurs dizaines de milliers de personnes), c’est assez ouf et hyper motivant ! Il y a pas mal de magasin de riches qui sont taggués et attaqués. Là les keufs apparaissent et font une charge sur le haut du cortège qui fera une petite Dispersion d’environ 100 personnes. En repartant vers Répu, changement de mode. Il y a de plus en plus de gens deters, un peu partout dans le cortège. Les gens mettent le feu, cassent, s’affrontent sporadiquement avec les keufs,etc… Mais de l’autre côté les keuf aussi montent le ton et sont beaucoup plus proches du cortège. Il y a des charges plus veneres et les brav-m sont en roue libre … Il y a beaucoup de dispersions, de gaz, ça devient un peu chaotique. On perd les gens, on est fatigué, ca sonne le glas de cette sauvage pour nous…
C’est l’heure de prendre la direction de PDF où un appel à rassemblement avec concerts et AG est prévu le soir. La ligne 11 est remplie de monde et quasiment les 2/3 des wagons descendent tout comme nous à Place des Fêtes. On se dit que ca va être blindé et effectivement on est beaucoup à n’avoir jamais la Place aussi remplie.Il commence à pas mal pleuvoir et mis à part le monde, l’ambiance détonne un peu avec le reste de notre journée. C’est très festif, les gens dansent sur un concert de HK, on a un peu l’impression d’être à Nuit debout et on peine à être motivés par cette soirée. Les gens (nous compris) paraissent fatigués et les heures passant la pluie continue et les gens commencent à partir. Une AG commence mais, fatigué.es.s, on écoute quasiment rien.Il y a néanmoins encore quelques personnes deteres qui veulent partir en sauvage. Là on s’appercoit qu’une grosse barricade enflammée ( à notre avis un peu trop proche des habitations) vient d’être érigée. Ca a le mérite d agglomérer les derniers éléments deters et pas (trop) fatigués. Il y des tentatives de motiver les gens à partir en sauvage, ça prend pas trop mais au final on est quand même une centaine de personnes à partir en manif direction l’est de la place des fêtes. S’en suit un cortège très offensif d’ une trenatine de minutes où beaucoup de devantures sont cassés méthodiquement et taggués (banques, gros magasins types picard, agences immo, etc) et où des barricades sont entreposées sur la route pour ralentir la circulation et l’arrivée des keufs. Pas de keufs à l’horizon mais on sent qu’à la première charge on sera peut-être plus assez nombreu.x.ses et qu’on sera vite dispersés. Pas besoin de cette charge, après 30min les premiers giros bleus se profilent et quelques personnes quittent déjà la manif. On décide alors de se disperser vers st fargeau pour devancer une possible hécatombe… A notre connaissance (visuelle) pas de personnes interpellées. On apprendra plus tard que à l AG de Place des Fêtes, des gens avaient décidés d’aller bloquer la Porte des lilas et ont mis le feu à des barricades ce qui a peut-être permis que la sauvage dure aussi longtemps. Retour à PDF, il n’y a plus bcp de monde et surtout il y a beaucoup plus de keufs autour de la place. On assiste impuissants à l’ interpellation assez vénère notamment d’ une personne après un tag de poubelle et qui se retrouve au sol et des keufs véners qui ont l air menaçant,. . On décide de partir avant que la place soit nassée.
Quelques remarques, conclusions et ressentis suite à cette journée :
– sans jouer au jeu de la préfecture ou des syndicats sur l’estimation du nombre de personnes présentes à Paris en ce 10 septembre, on a eu parfois l’impression visuelle qu’il y avait énormément de gens dans les rues. Il y a eu beaucoup d’actions, de blocages, d’occupations qui ont eu lieu et qu’on a appris après notre journée (à St Denis blocage d’un Carrefour, à porte des lilas suite au blocage ratée de porte de Bagnolet des ge,s sont allées bloquer les quatres entrées du périph, etc…) sans parler des autres actions blocages et sabotages partout en France. Ca serait cool de lister et répertorier tout ce qu’il s’est passé. Tout ça est plutôt enjaillant !
– Réfléchir à comment se rendre plus imprévisible. On a eu l’impression que par moment les blocages annoncées publiquement nous rendaient super prévisibles pour les keufs et nous enlevaient toute force car ils rendaient les keufs mieux organisés que nous. De plus à Porte de Bagnolet, il n’y avait pas réellement de point fixe pour se retrouver, ce qui rendait la tâche encore plus compliquée. Il faudrait peut-être penser à des plans b à côté des lieux de blocage pour pouvoir rapidement aller sur une autre action ou se rabattre sur d autres portes à côté qui n’étaient pas appelé à la base (exemple pour le 10 des gens qui sont partis de porte de Bagnolet vers porte des Lilas).
La présence policiere est hyper forte, il faut réussir à la déjouer du mieux qu on puisse en restant mobile. L’efficacité des appels publiques à blocages questionne déjà sur les groupes et des personnes parlent de faire des actions non publiques en plus petit groupe.
– Les manifestations sauvage étaient vraiment chouette et leur côté incontrôlé laissait une place importante à la spontanéité. Néanmoins il serait cool d’arriver avec des idées de où aller, quelles cibles ou quels endroits seraient chouette à bloquer/défoncer/piller/occuper.
– On a trouvé qu’il n’y avait pas trop de groupes/individus qui étaient venus organisé.es.s pour résister à des charges de keufs. Certes la sauvage ne s’y prête pas forcément, mais des fois on avait l’impression qu’à la première charge tout le cortège allait se faire disperser.
– Ca serait cool de penser à des slogans à chanter avec des mots d’ordre plus offensifs et moins habituels et ritualisés.
– Diversifier la conflictualité dans la rue. Par exemple on pourrait faire des autoreducs express dans des magasins sur le parcours. A plein de moments on était plein à être en grosse foule juste à côté de supermarchés, il aurait été possible de tout simplement se servir collectivement dans ces magasins. –
Ne pas attendre le 18 pour continuer des actions dans la rue. Il y a déjà des appels à des blocages, des actions et des AG. Si on veut que ce mouvement dure et ne devienne pas un one shot ou une succession de grosses dates éparpillées, il faut réussir à s’en saisir et proposer des actions, rencontres, blocages en dehors des dates annoncées.Que chacun.e s’empare de ce moment en s’organisant de son côté en petit groupe pour aller bloquer, saboter ou attaquer la cible qu’il lui semble la plus appropriée. Les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de ce monde de merde sont partout autour de nous.
– Il y a eu quand pas mal de keufs et de gens arrêtés. Il y a eu 167 poursuites juridiques à Paris selon les chiffres du Parquet. L’ immense majorité on été relâchés ou ont recu une obligation de contribution citoyenne (une amende) entre 500 et 100 euros. Il y a une dizaine de compa immédiates, les premieres ont eu lieu vendredi et ont donné lieu à des contrôles judiciaires en attente de leur proces ainsi que des interdictions de porter une arme.
– Continuer à faire de la propagande sur les réseaux ou dans la rue en allant faire des diffs dans la rue, en tagguant pour appeler aux prochaines dates etc…
Des révolté.es.s dans la capitale





















































