Allemagne : Sur les mises en examen dans l’affaire des « antifascistes de Budapest »

Budapest Antifascist Solidarity Commitee / dimanche 6 juillet 2025

Pour Paula, Emmi, Clara, Luca, Nele et Moritz, ça y est : l’acte d’accusation est tombé. Tout l’ensemble n’est que de la crasse, voici nos classifications à ce sujet.

 

Le choix du tribunal

Comme on a déjà pu le constater dans les médias, désormais ce ne sont pas [les tribunaux de] Dresde ou Iéna, comme imaginé, qui sont compétents, mais la Cour d’appel provinciale [Oberlandesgericht – OLG] de Düsseldorf. Pour rappel : la plupart des six accusé.es vient de Leipzig et de Iéna, elles/ils ont ici des ami.es, de la famille, un environnement familier.

Le choix de l’OLG de Düsseldorf est clairement politique. On veut rendre le plus difficile possible aux familles et aux ami.es de rendre visite à leurs proches en prison et de les soutenir. Pour beaucoup d’entre eux/elles, cela signifie désormais plus de six heures de route pour une visite et ensuite il y a le retour. Celles/ceux qui n’y arrivent pas financièrement peuvent rester sur la touche.

De plus, cela devrait empêcher le travail de solidarité sur place. Un pas de plus pour couper les prisonnier.es et leur milieu solidaire et les isoler.

En outre, le choix d’une Cour d’appel provinciale signifie que l’infraction est considérée comme relevant d’un fort intérêt public, qu’on traitera ici d’une idéologie hostile à l’État.

Il apparaît que l’affaire « des antifas de Budapest » est une fois de plus présentée comme un « grand coup contre les dangereux extrémistes de gauche ». Tout ce que nous pouvons dire à ce sujet est que nous et nos proches serons cette fois encore plus fort.es que cette nouvelle difficulté. Peu importe ce que vous mettez en travers de notre route, nous ne laisserons pas les prisonnier.es seul.es !

 

L’article 129, nous le connaissons déjà…

Here we go again…

Dans le nouvel acte d’accusation, on continue bien entendu avec la prétendue organisation criminelle, dont les enquêteurs ont fantasmée jusqu’ici. Comme prévu, le très populaire « article des fouineurs » [l’art. 129 du code pénal, sur les organisations criminelles, permet aux flics un large éventail de techniques de surveillance des personnes suspectées et de leurs proches et contacts ; NdAtt.] a été utilisé dans toute son étendue. Des sources de financement ont été inventées de toutes pièces, en mentant de manière éhontée. Il ne nous est pas encore clair dans le détail à quel point la sphère privée des prisonnier.es, de leurs proches et de leur milieu a été violée et disséquée.

Il est néanmoins évident que la surveillance a eu lieu pendant des années, à un niveau que certains protagonistes des films d’espionnage hollywoodiens n’osent même pas rêver. Prochainement, nous allons examiner plus précisément cette « faute d’être en contact [avec quelqu’un.e] », construite à dessein, et ses conséquences

Nous sommes donc sérieux.ses, quand nous disons : « Assez des articles 129, 129a et 129b ! Laissez enfin en paix les accusé.es, leurs familles et leurs groupes d’ami.es ! »

 

Accusation de meurtre ? Déclaration de guerre !

Comme c’est déjà le cas avec l’accusation portée contre Hanna*, ainsi qu’avec l’accusation formulée le 5 juin 2025 dans le procès « Antifa Ost », de nombreux faits reprochés sont qualifiés comme des tentatives d’homicide. Il est difficile d’y voir autre chose qu’une perte totale de contact avec réalité de la part du procureur fédéral. Mais ici aussi se cachent des récits politiques.

La simple supposition qu’il puisse être question de meurtre fait peur, elle doit conduire les gens à se désolidariser et à se détourner. En même temps, il est tout à fait clair, pour le procureur fédéral aussi, qu’il ne s’agit en aucun cas d’une tentative de meurtre – dans le cas de Hanna, comme dans celui de tou.tes les autres accusé.es !

Même le juge d’instruction de la Cour fédérale de justice n’a pas émis de mandats d’arrêt pour tentative d’homicide, car il n’y avait pas de soupçons sérieux à ce sujet, et dans la procédure qui est ouverte à Budapest, un tel fait ne rentre même pas parmi les charges. Les avocat.es de la défense ont âprement critiqué cette démarche. La peur face à l’antifascisme est donc grande. Nous ne pouvons que renvoyer ici à la déclaration de certain.es antifascistes qui sont revenu.es de clandestinité, dans laquelle ils/elles disent :

« L’accusation de tentative de meurtre, portée par le procureur général contre certain.es d’entre nous, est une escalade aux motivations politiques, dont le ridicule est difficile à égaler. Elle sert – comme l’accusation d’association de malfaiteurs – à dissuader la pratique antifasciste et à légitimer les interventions répressives. Il est évident que le mouvement antifasciste actuel n’a pas pour but de tuer des nazis et le procureur général le sait lui aussi. » [pour le texte complet voir ici ; NdAtt.]

Il n’y a pas grand-chose à ajouter à ces mots, de notre part, sauf l’appel à ne pas tomber dans la campagne d’intimidation de la Justice allemande, à ne pas croire à ses mensonges !

Le système est le criminel !
Restez ou soyez solidaires !
L’antifascisme est nécessaire !

Budapest Antifascist Solidarity Commitee

 

Notes d’Attaque :
* Hanna est une camarade antifasciste de Nuremberg, arrêtée début mai 2024. Elle est accusée d’association de malfaiteurs, de lésions graves et de tentative d’homicide, car suspectée d’avoir pris part aux attaques contre des nazis, à Budapest, en février 2023. Son procès est actuellement en cours à Munich.
L’affaire « Antifa Ost » est le fruit des enquêtes des flics du Land de Saxe sur des attaques contre des nazis, entre 2018 et 2020. Ils accusent des antifas d’avoir constitué une organisation criminelle dont le but aurait été d’effectuer ces attaques. Le procès contre quatre premier.es antifascistes s’est soldé en mai 2023 avec des peines allant de deux ans et demi à cinq ans et trois mois de prison (une camarade, Lina, est actuellement en prison). En juin dernier, un deuxième procès pour cette affaire a commencé, à Dresde, contre sept autres camarades (dont un arrêté en novembre 2024 après une longue cavale, pendant laquelle la police avait largement appelé la population à la délation).
Certaines camarades, comme Tobias, apparaissent dans les deux procédures, qui, avec leurs ramifications, prennent la forme d’une large manœuvre répressive de l’État allemand contre le mouvement antifasciste.

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