Freedom / lundi 24 février 2025
La Russie a commencé son invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022, croyant à son propre mythe impérial de puissance militaire. Elle espérait s’emparer rapidement de Kyïv et du reste du pays et y établir un régime fantoche. Mais l’armée russe s’est étranglée avec les forces dispersées de l’armée ukrainienne, les bataillons de volontaires et les petits groupes qui sont passés à l’action contre les envahisseurs. Le peuple ukrainien est devenu la boue dans laquelle la machine de guerre russe a commencé à s’enfoncer.
Maintenant, nous faisons face à un nouveau ordre mondial, où l’ami de Poutine à Washington a commencé à faire du chantage au gouvernement ukrainien, pour arriver à un accord de type colonial, destiné à extraire autant de ressources que possible de la région. Pendant ce temps, les pays européens luttent pour obtenir un peu de place dans de futures discussions sur ce que Trump et Poutine ont convenu à huis clos.
Avec tout cela, les intérêts des gens ordinaires en Ukraine et en Europe de l’Est sont laissés de côté. Nous sommes encore une fois à l’époque des empires mondiaux, qui utilisent la force brute pour contraindre les gens à la soumission. Cela correspond parfaitement au récit MAGA que Trump pousse si fort auprès des électeurs américains, depuis près d’une décennie. Et alors que le monde « libre » a été inspiré par la résistance du peuple ukrainien dans les premiers mois de l’invasion, de plus en plus de gens en Europe et aux États-Unis en ont assez de la guerre, car elle menace leur confort de premier monde.
Les Ukrainien.nes sont maintenant en danger d’être abandonné.es à eux/elles-mêmes, avec des possibilités très limitées de résister à l’invasion russe. La solidarité d’en bas ne sera pas en mesure de fournir assez de ressources nécessaires pour riposter. Trump le comprend parfaitement. Le nouveau « roi » des États-Unis, comme il s’est lui-même appelé, comprend le pouvoir qu’il a sur l’État ukrainien, en ce moment de l’histoire, et, par ce pouvoir, il essaye de profiter de cette guerre, sans tous les bavardages sur la protection du monde libre, démocratique, contre l’autoritarisme. Trump veut avoir lui aussi la même dynamique de pouvoir entre l’État et le peuple qu’il y a actuellement en Russie ou en Chine.
C’est pourquoi, ceux qui crient « paix » dans des rassemblements de droite, dans le monde entier, répètent de facto la propagande du Kremlin. Ils ne sont pas en faveur de la paix, mais contre une guerre dont ils ne profitent pas. Le fascisme n’est pas une idéologie de paix. C’est une idéologie de conflit et il tire profit de la création de chaos et de confusion, pour établir et maintenir sa domination. À l’exception de très peu de groupes et d’organisations, les anarchistes et les personnes venant de la gauche anti-autoritaire n’ont pas réussi, jusqu’ici, à développer une plate-forme commune pour aborder cette crise.
Nous sommes dans une période sombre, pour cette planète. Le nouvel ordre mondial est en train d’être bâti par des forces qui ont peu de considération pour la vie humaine ou la liberté. Il est facile, dans de tels moments, de se noyer dans l’apitoiement sur soi-même et la tristesse, d’abandonner l’engagement politique ou de trouver la sécurité dans les bulles des réseaux sociaux. Mais c’est maintenant que la lutte est la plus importante. Ce n’est pas le moment du désespoir, mais plutôt de la colère et de l’espoir, parce que l’histoire a montré que les ténèbres peuvent être dissipées par des esprits courageux qui se consacrent à la lutte pour un monde meilleur. C’est à notre tour de reprendre ce flambeau.
Nikita Ivansky