athens.indymedia.org [traduit de la traduction anglaise] / dimanche 1er décembre 2024
Au revoir, mon compagnon,
« Tu sera cendres, vieux monde,
Tu es destiné au chemin de la destruction
Et tu ne peux pas nous plier
En tuant nos frères d’armes…
Et sache que
Nous en sortirons vainqueurs,
Même si nos sacrifices
Sont lourds »
Nazim Hikmet
Je voudrais, de manière tardive, écrire quelques mots à propos de mon compagnon et compagnon de vie de ces six dernières années, K. Xymitiris, qui est décédé dans un appartement de la rue Arkadias.
J’ai rencontré le compagnon Kyriakos à Berlin, il y a quelques années. Notre détermination commune et notre engagement pour un monde meilleur nous ont rapidement rapproché.es. Lors des conversations de minuit dans le bar où il travaillait, lors des balades dans les rues de la ville, nous avons échangé des points de vue et Kyriakos avait les opinions et les connaissances les plus approfondies sur chacune de mes préoccupations. Notre vision commune s’enracinait simultanément en nous, en créant une relation forte, basée sur la compréhension mutuelle, la camaraderie et l’amour.
Ensemble, nous avons lutté et façonné nos opinions sur tout ce qui nous troublait. J’ai grandi, avec lui, dans un voyage de découverte de mon identité combative. Et Kyriakos a toujours été à mes côtés, ni devant, ni derrière, mais à mes côtés. En tenant ma main, en me soutenant avec son sourire et sa perspicacité. Il donnait toujours les bonnes réponses, alors que nous étions tou.tes en train de mâcher nos mots ; il clarifiait la situation, quand nous nous sentions tou.tes perdu.es. Avec son sens aigu de la solidarité, il était toujours aux côtés de quiconque en avait besoin, indépendamment de la répression, du fait d’en être la cible, indépendamment de son propre confort. Toujours le premier dans toutes les luttes : contre la répression, la gentrification, l’exploitation salariale, le colonialisme, le patriarcat, les prisons. Indispensable comme compagnon et comme ami, il remplissait l’espace de sa modestie et de son militantisme, partout où il se trouvait.
En prônant l’unité dans la lutte pour la cause révolutionnaire, la confrontation, le militantisme et la contre-attaque, toujours dans le respect de ceux/celles qui étaient autour de lui, il a fait de la place là où d’autres étouffaient. Il vivait donc, du moins à mes côtés, militant et persévérant, plein d’espoir et souriant. Prêt à tout, prenant des petits et des grands risques, il a donné son quotidien à la lutte, sans hésitations.
Toujours à nos côtés,
pour moi, pour ses ami.es et ses compas, pour quiconque avait besoin de lui, pour des petits ou des grandes choses.
Toujours à nos côtés,
pour assumer le rôle le plus pénible, le plus risqué.
Toujours à nos côtés,
pour nous tenir la main, pour nous accompagner, pour ouvrir le chemin.
Toujours à côté
du/de la migrant.e, de la personne maltraitée, du/de la le travailleur.se, du/de la prisonnier.e.
Et toujours à mes côtés,
pour me soutenir, m’aider, m’écouter, pour lutter avec moi, m’étreindre en repoussant la peur, pour m’encourager en repoussant les hésitations, pour remplir les jours et les nuits de camaraderie et de combativité.
COMPAGNON KYRIAKOS
Aucun au revoir ne suffit. Aucun texte ne peut décrire la douleur de ta perte. Le 31 octobre, j’ai été laissée à moitié, sur un chemin où je te voulais à mes côtés. Le 31 octobre, j’ai perdu ce sourire que toi, seul, tu savais évoquer. Le 31 octobre, j’ai perdu l’espoir que toi, seul, tu pouvais me transmettre. Mais le 31 octobre je t’ai aussi fait une promesse, à toi, à moi, à nous et à tant d’autres : tu ne seras pas oublié. Le 31 octobre, je suis restée derrière pour parler de toi, de la lutte que tu as menée et de celles que tu n’as pas réussi à mener. Le 31 octobre, j’ai levé mon poing et, avec la bouche pleine de sang, j’ai juré de COMBATTRE. Le 31 j’ai levé mon poing et, dans les décombres de la rue Arcadias, j’ai dit KYRIAKOS XYMITIRIS, TOUJOURS PRÉSENT !
« Les plus beaux de nos jours
nous ne les avons pas encore vus.
Et les plus beaux des mots que je voulais te dire
je ne te les ai pas encore dits… »
Nazim Hikmet
Avec un amour inconditionnel,
ta compagnonne
Marianna M.