reçu par mail / dimanche 24 novembre 2024
Takakia #3
Brame de combat contre le Mordor industriel
96 pages – automne/hiver 2024
prix libre (coût de fabrication 1,75 euros)
abonnement de soutien : 20 euros (3 numéros par an)
tirage 1000 exemplaires
Pour commander :
– via le formulaire sur takakia.blackblogs.org
– via le mail takakia@riseup.net
Messages de service
– Les numéros #1 et #2 sont épuisés, des PDF peuvent être téléchargés depuis notre site.
– Si vous voulez participer à la diffusion de cette revue, contactez-nous ! (et un grand merci à celles et ceux qui le font déjà)
– Si vous avez encore un petit pot avec du prix libre pour Takakia, merci de nous faire remonter les sous. !! Merci de nous écrire pour connaître les coordonnées de l’envoi !!
– Merci aux elfes sylvaines de Nandor, aux Piévelus, aux elfes Sinda de Doriath, aux Aigles du Nord, aux enfants de Dúnedain, aux Entures, aux Nains d’Erebor, aux Rohirrim, au peuple d’Haleth et à toutes les créatures libres. Votre résistance au Mordor industriel est une source inépuisable d’inspiration et d’encouragement.
Sommaire
ARTICLES ET RECITS
La Kanaky insurgée met à mal l’État… et l’industrie minière
Nouveaux OGM : grise mine dans les labos de la plaine du Pô
Chimie industrielle. Le règne ténébreux de l’artificiel
Sur la ligne de feu : interview avec des anarchistes en Grèce sur les feux de forêt et la résistance contre la société techno-industrielle
La magie et la machine. Technologie et animisme à l’ère de l’extermination écologique
Direct Action. Guerre au patriarcat, guerre à la technologie mortifère : une histoire de résistance armée au Canada
RUBRIQUES
Résistances
Freinage d’urgence dans le Sud-Ouest
Fragments de la résistance contre l’A69
Exploitation industrielle des forêts : la fronde monte
Mégabassines : à bout de souffle ?
En Sardaigne, le prix du capitalisme vert
Sápmi : un train qui va nulle part
Mauvaises herbes
Drainage
Aguerrissement
Le vent, le froid, la pluie, la neige
Recensions
La mort de la Nature : les femmes, l’écologie et la révolution scientifique
Sans dessous-dessus : apériodique pour chahuter l’extractivisme Vers l’écologie de guerre
Petite présentation de la revue :
Sur le plateau tibétain, au nord des géantes de l’Himalaya, une plante rare s’accroche aux falaises granitiques glacées, témoins robustes du Jurassique. Sur le toit de la planète, les pousses vertes de cette plante restent proches du sol, dépassant rarement l’épaisseur d’un doigt, et ses feuilles sont minuscules. Très rare, son vert vif et éclatant n’a été observé que par peu d’humains. Le nom vernaculaire en japonais, nanjamonja-goke, reflète bien la résilience hors commune dont fait preuve cette plante : la « mousse impossible ».
La mousse Takakia, est le plus vieux genre taxonomique de plantes connu. Elle a probablement 390 millions d’années, plus vieille que le supercontinent Pangée qui a commencé à se séparer il y a 200 millions d’années pour former les continents tels que nous les connaissons aujourd’hui. Si Takakia est particulièrement âgée, les mousses sont parmi les plantes les plus vielles sur terre. Leur résilience, leur capacité d’adaptation et d’évolution sont tout simplement uniques, ce qui les rendent capables de prospérer presque partout : dans les déserts les plus secs comme dans les forêts luxuriantes, sur les collines de l’Antarctique balayées par les vents et aux sommets des montagnes.
Dans le monde moderne, les mousses, pourtant si fondamentales pour le vivant, ont été relégués au décor. A proximité de la présence humaine, elles font souvent l’objet d’une impitoyable guerre chimique afin de les expulser du pavé et du béton, des cadres, des fenêtres et des seuils de portes. Est-ce que ce serait une coïncidence que dans les imaginaires de villes en décrépitude, dans des rêves de la chute de la société industrielle, les mousses – plantes porteuses de vie et résilientes face aux pires pollutions et radiations – sont parmi les premières à recouvrir les ruines des usines et des métropoles, des autoroutes et des déchetteries ? Dans la revanche de la nature, les mousses avancent. Et avec elles, la vie non-domptée, le sauvage, la farouche, le rudéral. Takakia a survécu à au moins quatre extinctions massives de la faune et de la flore, toutes dues à des changements climatiques. Ce n’est pas la première fois que les mousses voient les glaciers fondre. Mais aujourd’hui un défi autrement plus grand se dresse devant la mousse impossible. Désormais, sa résilience mythique est mise à rude épreuve par la crise écologique totale qu’est la société industrielle. C’est ce que Takakia sur le plateau tibétain raconte aux humains qui sont allés la trouver: d’année en année, son combat se durcit, mais sa résistance ne faiblit pas. Elle recule, mais elle se bat, inlassablement.
Takakia marque une ligne de démarcation : résistance et liberté ou soumission et agonie. Le souvenir des mousses qui ont verdi la planète et ont donné naissance à tout ce qui vit et croît à la sortie de chaque ère de cataclysmes n’a pas été effacé. Aasaakamek, celles qui couvrent la terre. Aujourd’hui, cette force viscérale vient nourrir le fabuleux rêve de les voir couvrir les ruines industrielles de l’Anthropocène. Chaque pousse de Takakia rappelle le défi actuel : œuvrer à la chute de la société industrielle ou périr avec elle ; résistance libre et sauvage ou soumission morbide.