Martinique : Les émeutes contre la vie chère continuent

Le Monde / mardi 8 octobre 2024

Quatre gendarmes mobiles ont été légèrement blessés par des tirs dans la nuit de lundi 7 à mardi en Martinique lors de violences urbaines, sur fond de mouvement de protestation sur le pouvoir d’achat, a fait savoir la préfecture, mardi 8 octobre. « Dans le quartier de Sainte-Thérèse (à Fort-de-France, ndlr), des coups de feu directs ont à nouveau pris les forces de sécurité intérieure pour cible, blessant légèrement quatre d’entre eux », a annoncé la préfecture de l’île dans un communiqué.

Selon elle, quatre personnes ont été interpellées, qui tentaient de dévaliser un magasin au Lamentin, une commune voisine de Fort-de-France, et trois autres qui tentaient d’incendier une station-service. Des barricades enflammées ont été érigées dans plusieurs communes de l’île, des équipements publics détériorés et huit véhicules incendiés, selon la même source. Des feux de poubelles ont aussi nécessité l’intervention des pompiers, selon de le service d’incendie et de secours (Sdis).
Ce regain de tension s’inscrit dans la foulée d’une journée d’affrontements lundi entre des militants contre la vie chère qui menaient une action de blocage au Lamentin et les policiers de la CRS 8. Depuis lundi, 15 policiers et gendarmes ont été blessés et 18 personnes interpellées, précise la préfecture.

Le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), à l’origine du mouvement de protestation sur le pouvoir d’achat, et la préfecture livrent des versions différentes des événements.

« Après les sommations » d’usage, affirme la préfecture dans un communiqué diffusé sur sa page Facebook, les forces de l’ordre sont intervenues pour « libérer » le rond-point du Mahault, au Lamentin, occupé par une cinquantaine de personnes, sept poids lourds, deux véhicules « hors d’usage » et du matériel de chantier. Les policiers ont subi de « violentes prises à partie » lors de cette intervention, poursuit le communiqué, essuyant des jets de pierres et de bouteilles. « Face à de tels comportements, les forces de sécurité intérieure ont fait usage de la force, dispersé l’attroupement et procédé à l’interpellation de cinq individus », a rapporté la préfecture.

Rodrigue Petitot, président du RPPRAC, a été blessé dans l’affrontement. « Nous confirmons que notre président Rodrigue Petitot, dit “le R”, a été pourchassé et blessé à la main et à la jambe », a réagi le RPPRAC dans un communiqué, dénonçant la « répression policière » de « Martiniquais pacifiques ». Le collectif a fait état de deux militants placés en garde à vue.

Un mouvement contre la vie chère, thématique récurrente dans les Antilles françaises, a été lancé début septembre par le RPPRAC, qui exige un alignement sur l’Hexagone des prix des produits alimentaires, 40 % plus chers à la Martinique.

En marge de ce mouvement, l’île a été secouée par des violences urbaines qui ont amené la préfecture à instaurer un couvre-feu nocturne dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin.

Quatre tables rondes ont été organisées par les autorités depuis le début de la crise, sans issue satisfaisante pour les protestataires. Une cinquième, qui devait se tenir lundi, a été repoussée sine die.

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Mise à jour du 10 octobre

franceinfo / jeudi 10 octobre 2024

Les tensions de la journée « Martinique île morte » se sont poursuivies durant la soirée. La commune du Carbet, point de départ des heurts entre manifestants et force de l’ordre a également vu la brigade territoriale de gendarmerie être complètement détruite.

Un véhicule de gendarmerie a été caillassé. Les impacts ont laissé des empreintes témoignant de la violence des projectiles.

Sur la Rocade à Fort-de-France, un barrage enflammé a été installé sur la chaussée en direction du Lamentin. Une situation qui a généré d’importants embouteillages.

Les automobilistes qui se sont aventurés sur cette portion ont été victimes de projectiles en tout genre.

Un peu plus loin, le radar tourelle situé non loin de la sortie vers le centre-ville a été incendié. D’autres équipements de contrôle ont également été en proie aux flammes surant la nuit.

Des dizaines de véhicules non immatriculés ont été encendiés sur le parking du port de Fort-de-France.

Au Lamentin, l’accès au quartier Pelletier a été obstrué. Des conteneurs ont été installés pour gêner toute circulation.

Le giratoire de Rivière-Salée, sur la RN5, point de forte tension en fin de journée a été le théâtre d’affrontement entre manifestant et forces de l’ordre. Des heurts qui se sont déplacés jusqu’aux rues du centre-ville de la commune. Les forces de l’ordre ont tenté de protéger la brigade qui était la cible principale de manifestants.

À Schoelcher, des riverains non loin du quartier Fond Lahaye nous ont fait part de « fortes détonations ».

De nombreux barrages ont été mis en place avec des véhicules hors d’usage incendiés, des végétaux et autres détritus.

Le giratoire des Trois-îlets fait lui aussi l’objet d’un barrage filtrant. Le site a été investi par de nombreuses personnes.

Des supermarchés au Marin et au François ont été incendiés et des scènes de pillages dans ces commerces ont également été rapportées.

Les pompiers et les forces de l’ordre ont eu la plus grande difficulté à se déplacer par rapport aux barrages sur les axes de circulation.

 

Selon Libération, même date, « Douze gendarmes ont été blessés, dont un par balle, alors qu’un bâtiment municipal et trois magasins ont été incendiés mercredi 9 octobre dans une commune du nord de l’île, lors d’affrontements avec des militants contre la vie chère, selon une source préfectorale. Les militaires ont été blessés alors qu’ils effectuaient une opération de levée de barrage au Carbet. Le principal point de tension de la journée de mercredi avait été la commune du Carbet (nord), où «quatre gendarmes ont été légèrement blessés» alors qu’ils effectuaient, avec succès, une opération de levée de barrage, a précisé à l’AFP la préfecture. »

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Mise à jour du 13 octobre

Le Parisien / samedi 12 octobre 2024

La Martinique, sous couvre-feu nocturne, a connu une nuit de vendredi à samedi un peu plus calme que les précédentes, selon les autorités qui ont cependant fait état de tirs à arme à feu contre les forces de l’ordre, de barrages et de pillages. Depuis début septembre, le département antillais d’environ 350 000 habitants est en proie à une mobilisation contre la vie chère, qui a dégénéré en émeutes.
Selon un bilan provisoire de la préfecture, la nuit de vendredi à samedi a été marquée par « 18 interpellations » d’émeutiers, « dont 13 en flagrant délit de pillage et 2 pour violences » contre gendarmes ou policiers, et « 11 tirs par arme à feu » contre les forces de l’ordre.
« Des barrages ont été signalés sur l’ensemble du territoire », a-t-on ajouté de même source, indiquant que la plupart des blocages avaient été levés samedi matin (heure de Fort de France, dans l’après-midi à Paris).
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Un premier couvre-feu partiel avait été instauré du 18 au 26 septembre en Martinique pour tenter de contenir les violences urbaines. La situation s’est de nouveau aggravée en début de semaine, poussant le préfet à décréter jeudi une interdiction de déplacement nocturne et de manifestations sur tout le territoire jusqu’à lundi matin.
La nuit de mercredi à jeudi et dans une moindre mesure la suivante ont été tendues, avec des blessés parmi les policiers et gendarmes et de nombreux véhicules brûlés. « L’île est mise à sac », a déploré vendredi sur France Inter la procureure de la République de Fort-de-France Clarisse Taron, évoquant l’ouverture de près de 100 « procédures » judiciaires.
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