France : Une « attaque massive et coordonnée » paralyse le réseau ferroviaire à grande vitesse

Mise à jour du 29 juillet, la revendication en entier :

Revendication du sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024

La Grappe / lundi 29 juillet 2024

Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États.

Sous des airs ludiques et conviviaux, les Jeux Olympiques offrent un champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules et le contrôle généralisé de nos déplacements.

Comme tout grand évènement sportif, ils sont aussi à chaque fois l’occasion de vouer un culte aux valeurs qui fondent le monde du pouvoir et de l’argent, à la concurrence généralisée, à la performance à tout prix, au sacrifice pour l’intérêt et la gloire nationale.

L’injonction à s’identifier à une communauté imaginaire et à soutenir son supposé camp d’appartenance n’est pas moins néfaste que l’incitation permanente à voir son salut dans la bonne santé de son économie nationale et dans la puissance de son armée nationale.

Il faut aujourd’hui des doses toujours plus grandes de mauvaise foi et de déni pour ne pas voir toute l’horreur que génère la société de consommation et la poursuite du prétendu « bien-être à l’occidental ». La France voudrait faire de cette grande messe la vitrine de son excellence. Elle ne pourra bercer d’illusions sur son rôle vertueux que ceux qui ont décider de se mettre des œillères, et qui s’en accommodent. Nous leur adressons notre mépris le plus profond.

Le rayonnement de la France passe par la production d’armes dont le volume de ventes la place deuxième exportateur mondial. L’État est fier de son complexe militaro-industriel et de son arsenal « made in France ». Répandre les moyens de la terreur, de la mort et de la dévastation à travers le monde pour assurer sa prospérité ? Cocoricooo !

N’en déplaise aux crédules qui croient encore aux fables démocratiques, l’État français emploie aussi sa panoplie répressive pour affronter sa propre population. Pour mater les émeutes après le meurtre de Nahel par la police en juin 2023 ou pour tenter d’arrêter le soulèvement anticoloniale en Kanaky récemment. Tant qu’il existera, l’État ne cessera de la mettre à l’oeuvre pour combattre ceux qui défient son autorité.

Les activités des entreprises françaises à travers le monde rendent toujours plus manifeste les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste. Celles nécessaires pour reproduire l’organisation sociale actuelle, et celles inhérentes au progrès scientifique et technologique. Progrès qui ne perçoit l’enchaînement des catastrophes passées, présentes et à venir que comme l’occasion d’un bond en avant.

Total poursuit le pillage et la spoliation de nouvelles contrées en quête de pétrole et de gaz de schiste (Afrique de l’est, Argentine etc). Sous couvert de son nouveau label vert, l’industrie du nucléaire et l’exportation du savoir-faire français en la matière nous assure, à plus ou moins brève échéance, une planète irradiée, donc littéralement inhabitable. Rien de plus qu’une crise de plus à gérer pour les promoteurs de l’atome. Eux qui ne peuvent se passer de leur coopération avec l’État russe à travers son géant Rosatom et de l’appui de son armée pour écraser le soulèvement au Kazakstan en 2022, important pays fournisseur d’uranium. Ce minerai qui fait tourner les 58 réacteurs del’hexagone.

Alors, quel est le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV ? Infiniment trop. Le chemin de fer n’est d’ailleurs pas une infrastructure anodine. Il a toujours été un moyen pour la colonisation de nouveaux territoires, un préalable à leur dévastation et une voie toute tracée pour l’extension du capitalisme et du contrôle étatique. Le chantier de la ligne appelée « Tren maya » au Mexique, auquel collabore Alstom et NGE, en est une bonne illustration.

Et les batteries électriques indispensables à la prétendue « transition énergétique » ? Parlez-en, par exemple, aux travailleurs de la mine de Bou-azeer et des habitants des oasis de cette région marocaine qui font les frais de cette ruée vers l’or du XXIème siècle. Renault y extrait les minerais nécessaires pour donner bonne conscience aux écolos des métropoles sur le dos de vies sacrifiées. Parlez-en à ce « peuple de la forêt » de l’ile d’Halmahera au nord-est de l’Indonésie, aux Hongana Manyawa qui désespèrent de voir la forêt où ils vivent être détruite sur l’autel de la la « transition écologique ». L’État français, via la société Eramet, participe au ravage de terres jusque là épargnées. De même, il ne veut pas lâcher le Caillou mélanésien pour continuer à y arracher le précieux nickel.

Nous nous arrêterons ici dans l’impossible inventaire des activités mortifères et prédatrices propre à tout État et à toute économie capitaliste. Cela ne serait d’ailleurs d’aucune aide pour rompre avec une vie fade et déprimante, avec une vie d’exploités, et pour affronter la violence des États et des chefs religieux, des chefs de famille et des patrouilles de police, des patriotes et des milices patronales, autant qu’à celle des actionnaires, des entrepreneurs, des ingénieurs, des planificateurs et des architectes du ravage en cours.
Fort heureusement l’arrogance du pouvoir continue de se heurter à la hargne des opprimé-e-s rebelles. D’émeutes en insurrection, lors de manifestations offensives et de soulèvements, à travers des luttes quotidiennes et des résistances souterraines.

Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la france » venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier.
A ceux qui reprochent à ces actes de gâcher le séjour de touristes ou de perturber les départs en vacances, nous répondons que c’est si peu encore. Si peu comparé à cet événement auquel nous souhaitons participer et que nous appelons de tout cœur : la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination. Là oui, nous aurons quelque chose à fêter.

Une délégation inattendue

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L’article original :

franceinfo / vendredi 26 juillet 2024

A quelques heures>de la cérémonie d’ouverture des JO et des grands départs en vacances, les trains restent à quai. La SNCF a subi, dans la nuit de jeudi 25 à vendredi 26 juillet, une « attaque massive » qui paralyse son réseau de TGV, en particulier sur les axes Atlantique, nord et est. Environ 800 000 voyageurs vont être touchés par des retards de trains plus ou moins importants ce week-end.

La SNCF affirme avoir « été victime cette nuit de plusieurs actes de malveillance concomitants touchant les lignes à grande vitesse (LGV) Atlantique, Nord et Est ». Il s’agit d’« incendies volontaires [qui] ont été déclenchés pour endommager [ses] installations ». Dans un communiqué diffusé dans la matinée, la SNCF évoque quatre dégradations ou tentatives de dégradations.

Selon Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, les auteurs ont provoqué des incendies dans des « caniveaux où passent de nombreux câbles » en fibre optique qui transmettent « des informations de sécurité pour les conducteurs » ou qui commandent « les moteurs des aiguillages », a-t-il expliqué.

Des « incendies volontaires » destinés à « endommager les installations » ont touché des postes d’aiguillage à Courtalain (LGV Atlantique), Croisilles (LGV Nord) et Pagny-sur-Moselle (LGV Est), indique la compagnie ferroviaire.

« Tous les éléments qu’on a montrent bien que c’est volontaire », a affirmé le ministre des Transports, Patrice Vergriete. « La concomitance des heures, des camionnettes retrouvées avec des personnes qui ont fui, des agents incendiaires qui ont été retrouvés sur place », a-t-il précisé. La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, mentionne quant à elle « une volonté de déstabilisation » et une « attaque coordonnée » contre la SNCF.

La ligne de TGV Sud-Est n’est « pas touchée », a précisé le groupe SNCF, alors qu’un « acte de malveillance a été déjoué ». Des cheminots qui menaient des opérations d’entretien pendant la nuit ont repéré des personnes qui n’avaient pas à se trouver là et ont prévenu la gendarmerie, les mettant en fuite, selon le PDG de la société ferroviaire.

« Il ne fait aucun doute, que la tentative d’incendie a un lien avec les autres attaques, nous n’avons pas d’informations supplémentaires à communiquer pour l’instant » a expliqué le service communication de la SNCF PACA à France 3 Côte d’Azur.

En mai déjà, lors de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, une précédente attaque avait été déjouée. Des câbles incendiés sur la ligne LGV Marseille-Paris ainsi que quatre engins incendiaires avaient été découverts à 4 km d’Aix-en-Provence, rappelle France 3.

L’ensemble des services de renseignement sont mobilisés, précise une source sécuritaire à France Télévisions. Le parquet de Paris a annoncé vendredi matin se saisir de l’enquête concernant « l’ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF ». Cette enquête est ouverte pour « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », « dégradations et tentatives de dégradations par moyen dangereux en bande organisée », « atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée », « association de malfaiteurs en vue de commettre ces crimes et délits ».

L’enquête a été confiée à la direction générale de la police nationale (DGPN), à la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) et à la sous-direction anti-terroriste (SDAT), a précisé le parquet de Paris à franceinfo.

Le Premier ministre Gabriel Attal a appelé « chacun à la prudence » alors que « l’enquête démarre ». « Ce que l’on sait, ce que l’on constate, c’est que cette opération a été préparée, coordonnée, que des points névralgiques ont été ciblés, ce qui montre une forme de connaissance du réseau pour savoir où frapper », a expliqué le chef du gouvernement démissionnaire, assurant ne pas pouvoir en « dire davantage sur les auteurs, les motivations » dans l’immédiat.

Le ministre des Transports, Patrice Vergriete, a évoqué des « conséquences très lourdes » sur le trafic ferroviaire avec un train sur deux vers le nord, l’est et la Bretagne, et un train sur quatre « vers le Bordelais », en ce week-end de chassé-croisé estival et d’ouverture des Jeux olympiques. A ce stade, vers l’ouest et le sud-ouest de la France, le trafic est « interrompu sur la ligne grande vitesse entre Paris et Tours, et Paris et Le Mans », en raison d’un « acte de malveillance à hauteur de Courtalain » (Eure-et-Loir), selon les informations de trafic disponibles sur le site de la SNCF. En gare de Paris-Montparnasse, « aucun train » ne pouvait partir avant 13 heures.

Sur l’axe est, la circulation est interrompue depuis 5h15 sur la ligne à grande vitesse, également en raison d’un « acte de malveillance » à proximité de Pagny-sur-Moselle (Moselle). « Une reprise normale de la circulation est prévue le 27 juillet », selon les chemins de fer.

Les trains Eurostar depuis Londres sont aussi affectés. Quelque « 25% » des trains qui relient Paris à Londres seront annulés vendredi, mais aussi samedi et dimanche, selon l’entreprise. En plus des trains annulés, « tous les trains à grande vitesse à destination et en provenance de Paris sont déviés via la ligne classique aujourd’hui », et circuleront donc à une vitesse réduite, précise Eurostar sur son site internet, ce qui « prolonge la durée du trajet d’environ une heure et demie ». La liaison entre Paris et Bruxelles est également concernée par les perturbations, selon Eurostar.

Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF, estime que « 800 000 » voyageurs seront touchés, alors que la « situation devrait durer au moins tout le week-end, le temps d’effectuer les réparations », d’après le communiqué l’opérateur. Le ministre des Transports Christophe Fanichet a estimé quant à lui que « 250 000 personnes » sont affectées par ces perturbations pour la journée de vendredi.

La SNCF présentera un nouveau plan de circulation « dès le début de l’après-midi », a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal à l’issue d’une réunion de crise au ministère des Transports, alors que « le trafic commence à reprendre », selon le ministre délégué aux Transports, qui s’exprimait lors du JT de TF1

[…] Cette attaque survient à quelques heures seulement de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, alors que de nombreux voyageurs ont prévu de converger vers la capitale. Un grand nombre de vacanciers est également en transit. […]

extrait du Parisien / vendredi 26 juillet 2024

Sur la ligne N, « le trafic est perturbé entre Paris Montparnasse et Versailles Chantiers dans les 2 sens », prévient la SNCF, qui précise que « cela est dû à une panne sur les installations du gestionnaire de réseau à Vanves (Hauts-de-Seine), en lien avec les actes de malveillance commis sur la ligne grande vitesse Atlantique.

Déjà le 8 mai, près de Marseille…

extrait de franceinfo / vendredi 26 juillet 2024

Le réseau TGV Sud-Est a déjà été visé par une tentative de sabotage similaire lors de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille, le 8 mai. Des câbles avaient été découverts incendiés sur la ligne LGV Marseille-Paris, ainsi quatre engins incendiaires, à 4 km d’Aix-en-Provence, selon les informations de France Télévisions.

A l’intérieur de ces engins, des bouteilles, les policiers avaient retrouvé un liquide jaune et une mèche accompagnée de savon et de sciure pour accélérer la combustion. Une enquête a été ouverte par le parquet de Marseille. La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) 13 et la sous-direction antiterroriste (SDAT) ont été saisis. […]

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Mise à jour du 27 juillet : un mail de revendication envoyé à des médias

extraits de La Provence / samedi 27 juillet 2024

Plus de 24 heures après le sabotage de plusieurs lignes du réseau TGV dans la nuit de jeudi à vendredi, un étrange e-mail de revendication a été adressé à plusieurs rédactions à travers le monde, dont celle de La Provence.
« Revendication du sabotage de lignes TGV quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024« , peut-on lire dans ce texte, qui est envoyé par une adresse créée pour l’occasion via la plateforme Riseup. […]
Envoyé anonymement, ce texte est simplement signé par « une délégation inattendue« . Mais son contenu suggère que le sabotage des lignes TGV pourrait être le fait de militants d’ultragauche. « Ils appellent cela une fête ? Nous y voyons une célébration du nationalisme, une gigantesque mise en scène de l’assujettissement des populations par les États« , commence ainsi le mail de revendication, dont l’authenticité ne peut être vérifiée.

[…]
Le texte de revendication s’attaque « au champ d’expérimentation pour la gestion policière des foules » que constitueraient les Jeux olympiques, tantôt aux « activités des entreprises françaises à travers le monde » qui rendraient « toujours plus manifestes les dévastations sociales et environnementales que produit le système capitaliste« . Avant d’étriller « l’industrie du nucléaire« , la fabrication des batteries de voitures électriques, pour finir par s’interroger sur « le coût humain, social et environnemental pour que quelques privilégiés se déplacent vite et loin en TGV« .

« Qu’en ce jour résonnent alors, à travers le sabotage des lignes TGV reliant Paris aux quatre coins de la France, les cris de « femme, vie, liberté » d’Iran, les luttes des amazoniens, les « nique la France » (sic) venant d’Océanie, les désirs de liberté qui nous parviennent du Levant et du Soudan, les combats qui continuent derrière les murs des prisons et l’insoumission des déserteurs du monde entier« , conclut le texte de revendication, qui appelle « de tout cœur » à « la chute d’un monde qui repose sur l’exploitation et la domination« .

Vendredi, la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) s’est saisie de l’enquête pour « l’ensemble des dégradations volontaires causées sur des sites SNCF ». L’enquête est ouverte notamment pour détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation et dégradations et tentatives de dégradations par moyen dangereux en bande organisée, a indiqué la procureure Laure Beccuau. La sous-direction antiterroriste (Sdat) est chargée de coordonner les investigations.
[…]

Cet e-mail fait l’objet de vérifications dans le cadre de l’enquête ouverte par la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco) du parquet de Paris, confiée aux policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat) et aux sections de recherches de la gendarmerie nationale.

extrait de franceinfo / samedi 27 juillet 2024

[…] Interrogé sur les mesures de sécurité engagées par la SNCF à l’approche des Jeux, le ministre des Transports a répondu, lors d’un point presse samedi matin, que « cinq millions d’euros » avaient été investis pour « renforcer la sécurité » en Ile-de-France. « Nous n’avons pas eu d’alerte particulière » de la part des services de renseignement pour le reste du territoire, a ajouté Patrice Vergriete. « Pour éviter une nouvelle opération de sabotage », « un millier de cheminots », « 250 agents de la sûreté ferroviaire » et des hélicoptères de la gendarmerie ont été mobilisés, a-t-il ajouté. […]

extrait de France 2 / samedi 27 juillet 2024

« Il y a déjà eu des attaques sur le réseau SNCF, sur des pilonnes d’électricité ou des pilonnes de communications. On en a déjoué quelques unes dans les jours précédents » la cérémonie d’ouverture, affirme le ministre de l’Intérieur sur France 2.

 

Note d’Attaque : les lieux des sabotages réussis

Croisilles (Pas-de-Calais)

Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle)

Courtalain (commune de Vald’Yerre, Eure-et-Loir)

[στα ελληνικά]

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