Dark Nights / jeudi 6 juin 2024
Autrefois, on a dit que la première chose à mourir dans une guerre est la vérité. Aujourd’hui, la moralité accompagne la vérité dans la mort. Dans une guerre, aussi pénible qu’il soit de se rendre compte des nécessités de son existence, il y a des règles. Ces règles sont enfreintes, une fois de plus, par la meute de mes persécuteurs.
J’ai passé presque deux ans et demi emprisonné dans les cellules de leur démocratie. Dans les bureaux d’enquêteurs cagoulés, dans les couloirs et les salles de l’Inquisition, dans des cages et des tombes en béton. Et pendant toutes ces années, pas un seul moment ne m’est venu à l’esprit de négocier mon identité politique, avec ce qu’elle porte en héritage. Aujourd’hui, je suis de retour dans la rue, avec un ensemble de restrictions, mais ma conscience est tranquille, quant à ce que j’ai fait.
La porte de la prison s’est refermée derrière moi, mais pas le chapitre de la vengeance. Le 4 juin, un groupe d’huissiers est allé chez mes parents, à Volos, pour déclarer qu’à cause de mes dettes personnelles envers l’administration fiscale, la moto de mon père, qui est à mon nom, sera mise aux enchères. Ces dettes concernent des amendes administratives accumulées suite à des cas de répression économique, comme l’insoumission, les amendes pour non-respect du confinement pendant la période de la pandémie, les frais de justice de mes précédents procès, etc., des dettes que j’ai délibérément choisi de ne pas payer, refusant le visage administratif, individualisé, de la répression, qui s’est généralisé au cours des dix dernières années.
Mon problème n’est pas celui des biens que nous possédons et du caractère sacré de la propriété, mais l’impudence et le manque de moralité d’une répression qui s’abat régulièrement sur ma famille, parce qu’elle ne peut pas me plier, moi. Une répression qui touche à un cadeau que j’ai fait à mon père, qui sème la peur et le chantage dans mon entourage familial. Une répression qui, par le passé (avant et pendant ma captivité), les a régulièrement harcelés avec des persécutions, des approches et des sollicitations, des conversations « amicales » et des enquêtes de voisinage sur mon profil et ma vie quotidienne.
Donc, au sujet de la guerre, permettez-moi de vous rappeler que, le long de l’histoire, aucune bataille n’a fait de victimes d’un seul des deux côtés.
Thanos Hatziangelou
6 juin 2024
société-prison