Indymedia Lille / vendredi 17 mai 2024
Ces dernières semaines, quatre agences d’architectes parisiennes, qui s’enrichissent grâce aux politiques sécuritaires et racistes de l’Etat, ont eu une petite surprise. Leurs locaux ont été quelque peu redécorés, tout comme les halls des immeubles où vivent leurs patrons.
Quelques tags (« le CRA de Vincennes on oublie pas, ECDM on pardonne pas » ; « ACME = archi racistes qui font des CRA« …), un peu de colle dans la serrure et de vitres brisées pour rappeler à ces infâmes personnages qu’en choisissant de concevoir des cages dans lesquelles sont enfermées des personnes sans-papiers ils collaborent aux politiques racistes de l’Etat.
Ces quatre cabinets ont, en effet, participé à la conception de CRA – centres de rétention administrative – mais pas que. Contre des contrats pouvant dépasser le million d’euros, ils ont dessiné les plans de CRA où, chaque année, des milliers de personnes subissent l’enfermement et tout ce qui va avec, avant de se faire expulser, pour une partie d’entre eux.
Ces architectes de l’enfermement sont donc un maillon essentiel dans toute la chaine qui vise, comme le prévoit la loi Darmanin, à expulser toujours plus d’immigrés.
La lecture de leur site internet ou interview… est autant à gerber que leurs froides réalisations, tant ils tentent de se justifier. Pourtant, personne ne leur a demandé de postuler à ces marchés publics.
Chaque architecte a reçu chez lui une lettre expliquant les raisons de cette petite visite. Afin de leur rappeler qu’à cause d’eux, les personnes retenues sont enfermées pendant de longs mois d’ennui, de souffrance et d’incertitude ; c’est sous leur béton qu’elles sont insultées, fouillées, gazées, tabassées et foutues en isolement par les flics ; derrière leurs grilles qu’elles se mutilent ou tentent de se donner la mort, et qu’elles sont cachetonnées et laissées sans soins. Et que malgré tout, elles font preuve de solidarité, parviennent à se révolter, s’évader…
Comme les architectes ne se vantent pas de leurs méfaits, des textes sont arrivés dans les boîtes aux lettres de leurs adresses pro et perso, afin que leurs voisins et voisines sachent à côté de quelles ordures ils et elles vivent.
L’occasion de laisser au passage des petits mots sur les murs : « Ici habite un dessinateur de taules » ; « Les CRA en feu Bernard au milieu« , « Clément Déodati, raciste, collabo« …
Et les archi racistes sont :
1. Valero Gadan Architectes & Associés (17 rue du Pont aux Choux, Paris 75003), impliqué dans la construction du Cra d’Olivet, inauguré le 5 février 2024.
Sur le site internet de l’agence, les deux architectes n’hésitent pas à mettre en avant leur « valeurs humanistes », mais ne parlent pas de leur passion pour l’enfermement. Valero Gadan Architectes & Associés a bâti cinq comicos et a candidaté à la construction de deux Cra, d’une prison, de quatre autres structures pénitentiaires (S.A.S. et Q.S.L.) et de quatre comicos.
2. ACME Architecte & Conseil (9 rue Béranger, Paris 75003), impliqué dans la construction à venir du Cra de Goussainville.
Les patrons d’Acme ne sont pas à une contradiction près. Ils affirment que « l’architecture n’est pas une machine mais qu’elle doit fonctionner comme un être vivant », alors qu’ils vendent leurs conseils à des constructeurs de cages froides et mortelles.
3. ECDM (38 rue du Mont Thabor, Paris 75001), impliqué dans la reconstruction du Cra de Vincennes en 2010, détruit à la suite d’une révolte des retenus.
A en croire les deux dirigeants, ce contrat aurait fait « débat » au sein de l’agence et a ébranlé leur « bonne conscience ». Ils souhaitaient ainsi « faire en sorte que les gens soumis à la rétention soient accueillis de façon décente ». Les 43 000 personnes enfermées depuis 2010 au Cra de Vincennes et les 16 000 qui en ont été expulsées apprécieront…
4. Renaud de La Noue Architecte (31 rue Saint-Georges, Paris 75010), impliqué dans la construction du Cra de Plaisir, inauguré en 2006.
Sur son site, l’agence ose déclarer au sujet du Commissariat-CRA de Plaisir : « Commissariat de Plaisir. Le nom nous a plu. (…) C’est un lieu où des impératifs de sécurité, explicites et parfois caricaturaux, se heurtent souvent à nos principes humanistes par nature implicites. »