Act for Freedom Now! / dimanche 7 avril 2024
Les Cellules d’action directe revendiquent l’attaque incendiaire contre la maison du fonctionnaire du syndicat de la police Theodoros Foukas, dans la ville de Výronas [dans la banlieue sud-est d’Athènes ; NdAtt.], aux premières heures du 1er mars. Depuis trois ans, à travers la stratégie de viser personnellement des représentants du pouvoir, notre groupe essaye de mettre en pratique le slogan « QUE LA PEUR CHANGE DE CAMP ». Nos visites chez chacun d’entre eux maintiennent un conflit de faible intensité en miniature, une guerre psychologique par la peur, contre des cibles physiques, et elles répondent à une échelle minimale au véritable terrorisme, qui a ses habitudes dans les studios de télévision, dans les tribunaux, les stations de police et les bureaux du parlement.
Nos attaques sont des instantanés de rébellion contre ceux qui effacent nos rêves. Une démarche collective contre l’ordre du pouvoir et les têtes baissées l’accompagnant, qui vise, entre autres, à maintenir une logique d’ensemble. Une violence politique organisée qui place la stratégie politique dans un contexte global. Où la lutte sociale échappe aux normes prédéterminées, aux dates fixes et devient imprévisible, audacieuse, radicale, dangereuse. Notre visite à la maison de Foukas est un acte de solidarité internationale avec des prisonnier.es politiques dans les prisons du monde entier. Au Chili, au Royaume-Uni, en Italie, en Allemagne, en Grèce. Dans une période de recul des luttes, restaurer la solidarité internationale n’est pas une tâche simple pour les anarchistes de praxis. C’est une obligation morale non négociable, pour que nos compas incarcéré.es ne deviennent pas des cas oubliés d’une histoire révolue, mais au contraire des exemples vivants qui nourrissent la volonté de lutter et qui poussent à l’action.
Pour Francisco Solar, Mónica Caballero, Alfredo Cospito, Nikos Maziotis, Dimitris Koufondinas, Toby Shone, Daniela Klette, Aldo et Luca Hernandez, Anna Beniamino, Marcelo Villarroel.
En mémoire de Barbara Balzerani.
« Il fallait anticiper l’ennemi, acquérir une mentalité offensive et exploiter toutes les possibilités d’un mouvement qui n’avait pas encore été désarmé par les flatteries tactiques d’alchimies politiques dépourvues de crédibilité.
Pressée, au milieu d’une foule de compagnons, juste « après », je célébrais un tel deuil dans l’atmosphère excitée et anormale des moments extrêmes, quand tout peut arriver et rien n’est plus à sa place.
Un mélange de peur, de rage, de douleur, qui montait à la bouche, avec la saveur dense des moments d’implication émotive maximale.
J’entendais les voix, les slogans, les jurons, les menaces. L’étreinte et le caractère choral du mouvement. Quelle chance, en des tels moments, de se retrouver à plusieurs, chaleureusement, pour se donner du courage. »
Barbara Balzerani*
Cellules d’Action Directe [Πυρήνες Άμεσης Δράσης]
* Note d’Attaque : cit. de Barbara Balzerani, Compagna Luna, Feltrinelli, 1998, d’où nous traduisons (une traduction française a été publiée par les éditions Cambourakis en 2017).
L’auteure parle ici de la sensation diffuse, dans la gauche extraparlementaire italienne du début des années 70, du danger d’un possible coup d’État autoritaire, sur le modèle de celui chilien de ‘73, contre lequel des nombreuses personnes se préparaient à résister.
Ancienne membre des Brigades rouges, Balzerani est décédée le 4 mars 2024.