Montréal Contre-Information / vendredi 15 mars 2024
Radio-Canada a du sang sur les mains : retour sur les vitrines détruites dans la nuit du 12 au 13 mars
Dans la nuit du 12 au 13 mars, les vitrines de la maison de Radio-Canada ont été détruites par des militant-es en réponse au choix de Radio-Canada d’utiliser sa large plateforme pour amplifier des discours transphobes proche de ceux de l’extrême-droite.
Le reportage TransExpress paru à l’émission Enquête le 29 février 2024 est une attaque intellectuellement et scientifiquement malhonnête envers les personnes trans et leur accès aux soins de santé. Ce reportage représente un glissement idéologique qui sert à légitimer les demandes transphobes de l’extrême droite, qui va attiser les violences envers les communautés trans, présentement de plus en plus ciblées. Radio-Canada et ses journalistes ont choisi d’entretenir une panique morale qui met la communauté trans, et en particulier les jeunes trans, en danger.
Ne nous laissons pas avoir par la prétention de neutralité journalistique et de “simple curiosité” : Pasquale Turbide et l’équipe de Radio-Canada ont choisi de laisser la parole à des pseudo-experts discrédités comme Lisa Littman et le SEGM. Leurs discours alarmistes sont déjà liés à une augmentation de la violence en Angleterre et aux États-Unis. La journaliste refuse de faire un réel effort de recherche et de compréhension de la réalité trans. Dans le reportage, elle utilise un langage transphobe et irrespectueux des communautés, mégenrant constamment les personnes trans. Même les passages qui se veulent reconnaître la réalité trans le font dans un cadre de psychiatrisation de la transidentité, invitant plus de contrôle médical de la part de l’état. Nous ne voulons pas du contrôle de l’état sur nos corps! Tout le monde devrait pouvoir expérimenter comme bon leur semble, quitte à faire des erreurs, sans avoir à demander la permission aux chiens de garde de l’état. Nous ferons de nos corps ce que bon nous semble, à tort ou a raison, n’en déplaise à l’état et à la petite bourgeoisie culturelle.
On voir clair dans l’agenda de Radio-Canada et son empressement à capitaliser sur cette panique morale pour augmenter ses cotes d’écoute. Comment expliquer autrement d’avoir fait venir Pasquale à Tout le monde en parle, sans lui opposer d’interlocuteur-ice informé-e pour opposer ses discours transphobes et sensationnalistes?
Comme toujours le capitalisme et l’état, face aux crises répétées et à la gronde populaire, cherchent à détourner l’attention des classes populaires. Plutôt que de parler de l’effondrement des services publics, de la crise du logement, de la crise climatique, de la montée du fascisme, de la violence policière ou du génocide en Palestine, il est plus facile de créer une menace imaginaire. La dérive fasciste de nos sociétés se sert de la communauté trans comme d’un bouc émissaire. L’état de plus en plus autoritaire et violent cherche a faire de nous un ennemi face auquel justifier son pouvoir et sa violence. Et ne vous attendez pas à ce qu’il s’arrête là tant qu’on ne les arrête pas.
Ces discours ont des conséquences réelles sur les décisions concernant l’accès aux soins de santé pour les personnes trans, mais aussi sur l’hostilité et la violence que les communautés trans vivent au quotidien, en particulier les jeunes trans. Ce n’est pas neutre que de répéter aux heures de grandes écoutes les discours poussés par l’alliance des forces d’extrême-droite. Quel honte de réentendre les propos de la droite religieuse, des néo-nazis, des masculinistes et du reste du camp de la haine sur une chaîne d’information publique! Ce reportage mensonger va encourager les mouvements haineux qui causent la mort des jeunes trans, par meurtre ou par suicide, comme c’est arrivé encore très récemment en Oklahoma. Quand un jeune trans tombera sous les coups de la transphobie, est-ce que l’équipe d’Enquête prendra ses responsabilités dans l’affaire? Feront ils une heure de reportage sur l’étendue des violence transphobes qui, contrairement à l’accès aux soins, tuent? Nous voyons clair dans leur jeu. Nous ne nous laisserons pas faire.
Il n’y a pas de “problème trans” mais il y a des trans qui ont un problème avec vous.
En choisissant de participer à une campagne de désinformation et de propagande haineuse envers nos communautés, derrière un vernis pseudo-scientifique d’autant plus dangereux, peut-être ces journalistes se sont-ils dit que la communauté trans est une cible facile, peu nombreuse, isolée et multi-marginalisée.
Mais comprenez bien que nous ne sommes pas seul-es : Nos alliées sont nombreux-es et notre rage est profonde. Nous sommes déterminé-es et solidaires.
Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois que les queers bash back!