Indymedia Nantes / jeudi 14 mars 2024
Abords de Chambery, dans la nuit du 6 octobre 2023.
Ce monde est rempli de voitures et de machines en tout genre. Il y en a pour déplacer les techno-bourgeois, comme ces Tesla sorties des usines d’un des types les plus riches du monde, ou d’un autre. Il y en a pour faire la guerre moderne, où des humains planqués dans un bureau massacrent avec des drones intelligents d’autres humains planqués dans une tranchée. Et pour que les techno-bourgeois se déplacent tranquillement, et pianotent toute la journée sur leurs smartphones, il faut que les autres se massacrent, parce que les technologies ne tombent pas du ciel : on fait la guerre pour ça, et avec ça. Les enjeux décisifs des conflits qui s’annoncent, derrière leurs caractères idéologique ou ethnique, sont aussi l’accès et la maîtrise des ressources énergétiques et des infrastructures. Et les chocs provoqués par cette guerre déjà mondialisée, permettront de doper les marchés de l’électrique, des technologies convergentes, et du nucléaire, en maintenant ceux du pétrole. Dites ça à un techno-bourgeois dans sa Tesla, il vous répondra probablement avec une petite grimace qu’il n’a rien à voir avec tout ça, qu’il est juste écologiste, et que vous êtes complotistes. Pourtant, derrière une banale voiture électrique, et les puces électroniques qu’il y a dedans, c’est bien cette réalité qui se cache (c’est-à-dire : que tout le monde fait mine de ne pas voir). Derrière chaque nouvelle technologie, il y a de nouveaux esclaves, de nouvelles guerres, et les ravages de notre monde.
Ce monde est rempli de voitures et de machines en tout genre, mais cette nuit là, une quinzaine de Tesla sont parties en fumée. C’est pas grand chose, mais c’est toujours ça que les techno-bourgeois n’auront pas.
Ce monde est rempli de caméras. Vingt ans qu’elles poussent comme des champignons dans les rues, dans les maisons, sur les téléphones, dans les voitures, et jusque sur la tête de ces couillons de coureurs en queshua. Juste dans les rues elles sont plus d’un milliard sur terre, et il y en 9 juste sur une Tesla. Notre vie est désormais un film froid qui se déroule dans un nid de mouchards. Et encore : dans les villes d’Europe il y a 4 caméras pour 100 habitants, en Chine c’est 37. Ah bah ça va alors. Caméra directionnelle, caméra 360 degrés, caméra embarquée, caméra connectée, biométrique, algorithmique, infra-rouge : sous prétexte de guerre contre le terrorisme, de l’extérieur ou de l’intérieur, les caméras de surveillance sont devenues une garantie de la liberté. Car les mesures totalitaires arrivent souvent avec le label de la démocratie. Et lorsqu’elles s’incarnent à travers des dispositifs technologiques omniprésents, elles nous habituent à l’idée qu’il n’y a plus de marge de manœuvre, qu’on ne peut plus rien faire, désormais, sous l’œil des caméras.
Ce monde est rempli de cameras, mais cette nuit là, on s’est introduit dans l’enceinte d’un bâtiment sous vidéo-surveillance, dissimulant nos traits sous des capuches et des parapluies. Et il a fallu un bon moment aux premiers pompiers et flics pour arriver sur place. C’est pas grand-chose, mais c’était largement suffisant.
Ce monde nous laisse croire qu’il n’y a plus d’espoir de changement. Les liens entre les personnes sont si artificiels, si distendus, les possibilités de liberté si minces. On nous a condamnés à mourir d’ennui, et de solitude, sous prétexte de ne pas mourir de faim, mais il n’est pas exclu qu’à notre époque les trois soient compatibles. Prise dans un présent qui se répète, la vie n’a plus d’autre sens que ceux que l’on se choisit par défaut : famille, patrie, travail, religion. Ces illusions produisent des cages solides, et renouvelables. Par les temps qui courent, il n’y a plus beaucoup d’espoir de changement.
Et pourtant, c’est avec la certitude qu’on peut encore bousculer ce monde, poussés par l’énergie que procure la vague continue de sabotages anti-techs en Europe, et portés par l’amour pour nos compagnons, qui est toujours le combustible de nos petites conspirations, que nous avons choisi, cette nuit là, de passer à l’action.
une bande d’élans musqués