Antimilitarismus / mercredi 23 novembre 2022
La guerre en Ukraine se poursuit avec toutes ses conséquences négatives pour une grande partie du monde. Cependant, les actes de désertion et de refus de se laisser incorporer se poursuivent également, ce qui, si ces pratiques devaient se généraliser, pourrait conduire à la fin de la guerre. Les anarchistes de la région d’Europe centrale publient donc cet appel pour organiser un soutien actif aux déserteurs. Où que nous vivions, faisons de chaque lendemain, un jour de solidarité internationale de la classe ouvrière et de résistance à la guerre. Organisons-nous sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les rues pour renforcer l’influence de la désertion. Luttons pour des conditions de vie décentes pour tous ceux qui refusent de servir de chair à canon dans la guerre inter-impérialiste.
Au moins 200.000 personnes fuient la Russie pour échapper à la mobilisation militaire de Poutine, et des dizaines de milliers d’autres évitent la mobilisation en Ukraine. Pourtant, certaines voix affirment que « le nombre de déserteurs est si négligeable qu’il est étrange de commencer à en parler. » Il faut s’opposer à ces tentatives cyniques de « rendre invisibles » les personnes qui choisissent de ne pas servir dans l’armée, de déserter ou d’émigrer pour des raisons politiques. Leur voix doit être entendue et une aide pratique doit être apportée.
Les discours anti-guerre n’ont pas encore le pouvoir subversif nécessaire pour arrêter la guerre, c’est pourquoi il est nécessaire de créer des conditions qui facilitent le passage de la réflexion à l’action pour d’autres personnes ayant une tendance à la désertion. Il ne s’agit pas de se placer sur la ligne de front entre les chars des deux armées et de penser que cela incitera les soldats à déposer les armes. Il s’agit d’obtenir des conditions au niveau international qui garantissent aux déserteurs de pouvoir faire défection en toute sécurité et de vivre dans un autre pays sans risque de poursuites et de stigmatisation sociale.
À l’heure actuelle, les opposants à la guerre en Russie et en Ukraine n’ont pratiquement nulle part où aller. Ils sont piégés entre les frontières nationales par leurs « propres » gouvernements, tandis que les pays voisins refusent de les accepter et de leur fournir des conditions matérielles décentes. Si le choix des personnes reste limité à l’option « soit être forcé de servir dans l’armée, soit être persécuté », on ne peut guère s’attendre à une augmentation des désertions. Il est nécessaire de parvenir à l’ouverture des frontières non seulement pour les réfugiés civils, mais aussi pour les déserteurs des armées des deux côtés du front. C’est précisément ce qui peut affaiblir considérablement la dynamique de la guerre.
Mais cela ne se fera jamais par la négociation avec les divers gouvernements qui ne sont que les larbins locaux de l’État mondial du capital, cela ne se fera pas non plus par un appel de type social-démocrate à « faire des concessions dans le domaine de la politique migratoire ». Notre seule arme, à nous autres prolétaires, c’est la lutte de classe, c’est la mobilisation dans la rue, c’est le sabotage de l’économie, c’est l’action directe contre la guerre permanente… Et c’est alors, et alors seulement, qu’effrayée la classe dirigeante est obligée de lâcher du lest, ce qui ne constituera jamais pour nous un point d’arrivée dans la lutte mais seulement un moment à partir duquel de nouvelles offensives doivent être menées contre la totalité de ce monde de misère et de guerre…
D’autre part, les proclamations des politiciens critiquant l’agression de l’armée russe sont une manifestation d’hypocrisie alors même qu’ils refusent de fournir de bonnes conditions de vie aux personnes qui refusent de servir dans l’armée. Et d’ailleurs, pourquoi et comment agirait-ils autrement, ces dignes représentants de l’ordre bourgeois !? Il est nécessaire de s’opposer de manière cohérente aux agresseurs de Poutine, ainsi qu’aux hommes d’État d’autres pays qui, par leurs propres politiques, permettent à l’armée de conserver son potentiel de guerre. Ce sont les gouvernements des pays dans lesquels nous vivons qui rendent effectivement plus difficile la désertion, contribuant ainsi à la poursuite de la guerre.
Ceux qui se préoccupent de sauver des vies devraient réfléchir à la manière d’affaiblir la capacité de combat des armées, d’encourager les soldats à quitter le front, de les inciter à désobéir, de les motiver à utiliser leurs armes contre ceux qui les forcent à faire la guerre. Réfléchissons-y et organisons des actions directes qui permettront de concrétiser ces considérations.
QUELQUES ANARCHISTES DE LA RÉGION D’EUROPE CENTRALE (NOVEMBRE 2022)