Fuori dalla riserva / samedi 29 octobre 2022
Alfredo est un compagnon anarchiste qui a revendiqué les tirs dans la jambe du PDG d’Ansaldo : l’un des principaux responsables du nucléaire en Europe. Le lundi 7 mai 2012, à Gènes, il avait dans son esprit les morts de Fukushima, dans ses mains il avait un pistolet. Aujourd’hui comme il y a dix ans, Alfredo prend sur soi l’initiative, comme à son habitude, sans délégations et sans compromis ; il le fait pour soi, il le fait pour nous tous, de façon que le précédent de l’utilisation du 41bis de la part de l’État dans sa guerre contre les anarchistes ne passe pas.
Ces jours-ci, comme cela est normal et même nécessaire, les initiatives et les prises de position se multiplient. La lutte d’Alfredo devient un instrument pour critiquer le régime de détention 41 bis et le système carcéral, pour dénoncer le fonctionnement du système judiciaire (on peut être condamné pour massacre, on peut être condamné à perpétuité, même en l’absence de victimes ?), elle devient aussi une scène pour des comédiens expérimentés du théâtre politique et du journalisme réformiste.
Nous savons que si on veut sauver Alfredo on doit déployer une grande vague de protestations et nous savons que la gauche démocratique a toujours produit des profiteurs habitués à surfer sur la vague. Par ces quelques lignes nous voulons simplement rappeler l’évidence. Nous sommes contre le 41 bis et contre toutes les prisons, bien sûr, mais nous sommes surtout du côté d’Alfredo, parce qu’il est un compagnon qui a dédié sa vie à l’Idee anarchiste, qui est aussi la nôtre, parce que, en ce magnifique matin du mois de mai nous nous sommes émus, parce que nous pensons que les actions dont il est accusé sont ce qu’il y a de plus sincère et de plus loin d’un bavardage, parmi tout ce que nous avons vu dans la tant convoitée, mais peu réalisée, construction d’une internationale, en ces années.
Alfredo se trouve en régime 41 bis non pas parce qu’il est la victime d’une injustice, mais parce qu’il est la nemesis de la seule forme de justice qui peut être réalisée dans le monde du privilège capitaliste et de la domination de l’État. Alfredo est en 41 bis parce l’on est dans une époque où la guerre revient en grande protagoniste, avec les prolétaires utilisés comme chair à canon, avec la flambée du coût de la vie (une nouvelle d’hier : l’inflation est arrivée au 12% en Italie) et tandis que nous sommes réduits à la faim, les profits d’ENI [grande entreprise italienne du secteur de l’énergie ; NdT] augmentent du 300% et le nouveau gouvernement compte des nombreux représentants de la lobby des armements : dans un tel monde, de plus en plus de prolétaires pourraient décider d’abandonner la délégation et la résignation pour passer à l’action directe. C’est pour cela qu’Alfredo est en 41 bis. Et aussi pour distraire l’anarchisme d’une participation à la guerre sociale de l’automne. Montrons-leur qu’ils se sont trompés.
C’est pour cela que nous sommes solidaires avec Alfredo Cospito, pour la même raison nous voulons que Nadia Lioce, Roberto Morandi et Marco Mezzasalma aussi sortent du 41 bis. Parce que le fait historique qu’en Italie notre classe a développé une lutte armée n’est pas effaçable ; vous n’arriverez pas à refouler ce « traumatisme », même si vous deviez placer tout le prolétariat en 41 bis.
Nous voulons détruire toutes les prisons, nous voulons que le 41 bis n’existe plus. Avec Alfredo, Nadia, Roberto et Marco à nos côtés, on a quelques espérances en plus d’y arriver.
Alfredo hors du 41 bis !
Contre l’utilisation du 41 bis contre des prisonniers révolutionnaires.
Solidarité révolutionnaire avec Juan Sorroche et Ivan Alocco, en grève de la faim en soutien à Alfredo !
Oublier les prisonniers de la guerre sociale signifie oublier la guerre sociale elle-même !
Pour un monde sans taules et sans propriété privée !
Anarchistes à Foligno
29 octobre 2022