Publicacion Refractario / dimanche 24 avril 2022
Face à toutes ces émotions débordantes, il est difficile d’écrire ces mots.
La réalité carcérale est hostile et complexe, mais pas impossible à affronter. Chaque geste de solidarité, chaque feu qui est allumé, chaque relation amicale, chaque conversation, chaque débat sont les signes palpables de cet amour, vécu dans cette guerre que nous n’avons pas commencée, et de tels gestes nous donnent la force nécessaire pour résister à l’emprisonnement.
Il y a des nombreuses raisons pour lesquelles, beaucoup d’entre nous, nous avons embrassé des positions subversives et insurgées, les expériences vécues sont des inputs qu’on absorbe complètement pour renforcent ainsi notre parcours.
Ça ne sera pas une fin et encore moins un commencement, rien à expliquer, rien dont se repentir, rien à craindre, ni le moment de faire des résumés éphémères. Pas de compromis, car ceux-ci ne se manifestent que dans la pratique.
Mery, Luisa, Aída, Pablo, Eduardo, Rafael, Chaquita… des nombreux.ses compas qui ne sont plus là aujourd’hui… ils/elles nous accompagnent dans cette vie tellement incertaine qui nous attend… ou qui sait, elle l’a peut-être toujours été et on ne l’a jamais remarqué.
A Mónica Caballero, Francisco Solar, Juan Aliste, Marcelo Villarroel, Joaquin Garcia, Juan Flores vont toute ma gratitude, ma reconnaissance, mes sentiments et je suis fier que nous nous sommes rencontré.e.s et que nous avons marché ensemble en ces moments. Il y a quelque chose d’ingrat dans cette émotion de joie, en fait je ne sais pas si je la ressens pleinement.
A tou.te.s les frères/sœurs emprisonné.e.s avec qui j’ai échangé, ces mots pleins de ténacité et de rébellion vont à vous aussi. En montrant clairement que la prison est le vrai visage de ce monde de merde, fondé sur l’exploitation et la misère.
Ceux-ci seront mes derniers mots, car la situation change et l’auto-référence et l’ego sont nuisibles à la lutte. L’humilité, la simplicité, la transparence sont synonymes du sérieux qui nous caractérise.
Nous nous rencontrerons quelque part…
Lois des yeux de l’ennemi,
Libres et indomptables, pleins d’amour et à la recherche constante de la libération totale.
Nous continuons… nous continuerons…
MORT A L’ÉTAT ET AU CAPITAL !
LIBERTÉ POUR TOU.TE.S LES PRISONNIER.E.S SUBVERSIF.VE.S, ANARCHISTES, MAPUCHE ET DE LA RÉVOLTE, NON REPENTI.E.S !
RENFORÇONS LES LIENS DE LA COMPLICITÉ INSURGÉE !
QUE LA HAINE ET LA RAGE SE TRANSFORMENT EN UNE DESTRUCTION CRÉATRICE QUI N’AURA JAMAIS DE FIN !!!!!.
Oso*
vendredi 22 avril 2022
* Note d’Attaque : Pablo Bahamondes Ortiz, « Oso » (son surnom signifie, littéralement, « Ours »), communiste révolutionnaire, avait été arrêté le 11 septembre 2018, lors d’un contrôle de police. Cette date, anniversaire du coup d’état de 1973, est toujours marquée par des durs affrontements. Il était en possessions de fusils de chasse sciés, d’un revolver, d’un pistolet et de munitions. Il a été accusé aussi de l’attaque à l’explosif contre la Corporación de Asistencia Judicial [Corporation d’assistance judiciaire], à Melipilla, en mai 2017. Il a été condamné à 20 ans, mais suite à un pourvoi en cassation pour vice de forme, à la mi-avril 2022 la Cour suprême du Chili a annulé ce jugement et Pablo a été libéré.