A2day / samedi 26 mars 2022
En ce moment, il n’y a plus de circulation ferroviaire entre la Biélorussie et l’Ukraine, a déclaré le 19 mars 2022 le chef d’Ukrzaliznytsia [la SNCF ukrainienne ; NdAtt.], Oleksandr Kamyshin. Selon lui « pour cela, il faut remercier les cheminots biélorusses honnêtes », mais il n’a pas donné plus de détails.
« Je crois qu’il y a encore des gens honnêtes parmi les Biélorusses, surtout parmi les cheminots biélorusses, et je ne voudrais pas les rendre responsables de ce qui se passe aujourd’hui […]. Je suis sûr que les gens honnêtes, au sein de cette entreprise, seront capables d’arrêter le fonctionnement des chemins de fer biélorusses pour ce qui est du transport de troupes vers l’Ukraine », a ajouté le chef du conseil de l’UZ. Le dirigeant de l’entreprise ferroviaire a refusé de préciser depuis quelle date la circulation est à l’arrêt, mais il a confirmé que les voies ferrées sont inutilisables.
Un conseiller du bureau de la présidence ukrainienne, Arestovich, a déclaré que l’arrêt du trafic ferroviaire qui traverse la Biélorussie était important pour l’Ukraine. Le 17 mars, il a appelé à une « guerre ferroviaire totale » contre l’ennemi, dans les territoires occupés :
« La perturbation du ravitaillement de l’ennemi par les chemins de fer (ce type de ravitaillement est le plus efficace) peut changer radicalement la situation en notre faveur, notamment sur la ligne Crimée/Melitopol. L’ennemi ravitaille le groupe qui prend d’assaut la ville Mariupol par cette ligne », a souligné Arestovich.
Arestovich s’est aussi adressé aux Biélorusses :
« D’ailleurs, ces approvisionnements pourraient arriver de la Biélorussie elle-même. Ce n’est pas pour rien que les trains électriques ont été repeints, là bas… Alors frères Biélorusses, si vous êtes contre cette guerre, faites ce que vous avez fait de mieux – la guérilla des chemins de fer. Et, je souligne, en Biélorussie même, seulement sur les routes empruntées par les troupes russes.
La guérilla des chemins de fer fonctionne vraiment bien, pour la résistance biélorusse. La figure montre les sabotages qui ont eu lieu sur les chemins de fer de la Biélorussie dans la seule année 2022. Les Biélorusses mènent depuis longtemps et avec succès ce genre de sabotages, dans le but de déstabiliser le régime biélorusse et causer des dommages économiques, sans besoin d’appels venant de l’Ukraine – ils/elles ralentissent les trains en bloquant les sémaphores, avec du fil électrique tendu [entre les deux rails – voir par exemple ici ; NdAtt.], brûlent les cabines de transformation, font des cyberattaques qui désactivent le système de contrôle et la vente des billets. Et, bien sûr, le fait d’aider à porter un coup à l’armée russe et d’empêcher que la Biélorussie soit entraînée dans une sale guerre d’agression est certainement une tâche digne.
Dans la nuit du 25 mars 2022, près de Borisov (Biélorussie), deux boîtes de relais du SCB (dispositifs de signalisation, de centralisation et de verrouillage) ont été incendiées d’un coup. Les boîtes de relais (sens pair et impair) ont été incendiées après minuit sur la ligne ferroviaire qui relie Borisov et Novosady (sur la branche de Minsk du BelZhD [la SNCF biélorusse ; NdAtt.]).
Le KGB biélorusse a déjà déclaré qu’il ne peut pas garantir la sécurité du mouvement des troupes russes sur les chemins de fer biélorusses, en contrôlant leur feuille de route, la correspondance avec la Direction des communications militaires de Biélorussie et de la Russie et d’autres documents.
À ce sujet, le KGB va mener une nouveau ratissage au sein de la société des chemins de fer. Il a été signalé que les employé.e.s de cette administration, de ses branches et subdivisions, sont obligé.e.s de signer un papier avec des menaces de poursuites pénales s’ils/elles participent à la guerre du rail ou appellent d’autres personnes à le faire.
Nous espérons qu’il y a des gens courageux.ses aussi en Russie. Le sabotage des chemins de fer est quelque chose de pratique, qui peut être fait par n’importe qui, par un petit groupe ou par une seule personne. A long terme, il peut également être utilisé pour empêcher le déplacement des forces répressives à l’intérieur du pays. En même temps, il faut garder à l’esprit les mesures de sécurité. En dehors des choses évidentes, n’oubliez pas que de nombreuses sections du chemin de fer sont sous surveillance vidéo, surtout en Russie (par exemple, la ligne de chemin de fer Moscou-Saint-Pétersbourg est entièrement sous surveillance vidéo). Réfléchissez à la direction d’où peuvent venir les méchants et à quelle vitesse, pensez aux parcours pour vous éloigner.