France Info / jeudi 24 mars 2022
Deux hommes ont été interpellés mardi 22 mars en Savoie dans le cadre de l’enquête sur des dégradations visant l’entreprise Poma dans les Alpes. Cette action avait été annoncée et revendiquée le 9 septembre sur un site internet proche de l’ultragauche libertaire.
Les auteurs étaient restés évasifs sur les lieux où ces possibles dégradations avaient été commises, indiquant avoir ciblé « des lignes de téléphérique de Poma dans les stations des Alpes ». Ils disaient avoir saboté des pylônes « pour venger l’engagement (de Poma, ndlr) dans le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires » à Bure, dans la Meuse.
Le parquet de Grenoble avait alors ouvert une enquête pour « menaces de dégradations ». Des investigations qui ont abouti à l’arrestation de deux hommes de 29 et 51 ans. Ils sont « soupçonnés d’avoir prélevé un écrou d’un pylône soutenant une télécabine d’une capacité de 10 personnes à Arêches-Beaufort », indique jeudi 24 mars le procureur de Grenoble, Eric Vaillant, confirmant une information du Dauphiné Libéré. L’enlèvement de ce boulon « ne mettait pas en danger la sécurité de l’installation à court terme », précise le magistrat dans un communiqué.
En septembre 2021, quelques jours après la revendication de cette action sur un site internet, le Dauphiné Libéré a reçu un courrier « revendiquant plusieurs déboulonnages et menaçant de s’en prendre aux infrastructures des stations de ski des Alpes mises en place par la société Poma. » Cette lettre était accompagnée d’un écrou.
Des courriers similaires ont ensuite été envoyés à l’entreprise Poma à Voreppe (Isère) ainsi qu’à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) à Bure. « L’un était accompagné d’une rondelle et l’autre d’un contre-écrou », précise M. Vaillant, ajoutant que « les enquêteurs n’ont pas identifié d’autres déboulonnages. »
Poma, spécialiste de la fabrication de systèmes de transport par câble, a signé un contrat avec l’Andra en 2014. L’entreprise iséroise doit construire un prototype du funiculaire qui serait utilisé pour descendre les déchets radioactifs à 500 mètres sous terre sur le futur site d’enfouissement de déchets de Bure. Ce que dénoncent les auteurs ayant revendiqué ces dégradations.
Interrogés par les enquêteurs de la Section de recherches de Grenoble, les deux suspects « n’ont pas souhaité à ce stade s’expliquer sur les faits qui leur sont reprochés. » Ils ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour « menace », « vol en réunion et avec dégradations » et « association de malfaiteurs ». Les mis en cause ont interdiction de se rencontrer, de se rendre à Bure et sur les sites de l’entreprise Poma. Tous deux ont par ailleurs été placés sous le statut de témoins assistés pour « mise en danger de la vie d’autrui ».