Bureburebure.info / lundi 7 février 2022
Ces derniers mois, nous avons tagué plusieurs panneaux de travaux financés par le GIP Meuse, dans différentes villes et villages autour de Bure, pour dénoncer la corruption et l’autoritarisme liées au projet CIGEO.
Depuis 2000, les GIP (Groupements d’Intérêt Public) c’est, d’abord 18 millions, et aujourd’hui 30 millions d’euros par an, offerts par l’industrie du nucléaire à chacun des départements : Meuse et Haute-Marne. Soutenus par les producteurs de déchets nucléaires (EDF, le CEA et Areva-Orano), les GIP sont censés permettre de développer l’industrie locale.
En fait une partie de cette thune auto-nourrit l’industrie du nucléaire, puisqu’elle a permis de financer des projets nucléaires tels que Syndièse (porté par le CEA) à Saudron, les archives d’AREVA à Houdelaincourt, la plateforme de stockage de pièces de rechange pour les centrales à Saint-Dizier,..
Le logo du GIP se retrouve également sur les vitrines de boulangeries des deux départements, des musées qui ont bénéficié de ses fonds, sur les affiches des compagnies de théâtres et concerts de musique,.. mais aussi, le nucléaire n’étant jamais loin du militaire (surtout quand le sénateur de la Meuse s’appelle Gérard Longuet), le GIP finance d’importants projets militaristes tels que le campus Cockerill à Commercy, centre de formation aux armes lourdes (tourelles-canons) de militaires saoudiens ouvert en 2016..
Près de Bure, on retrouve les panneaux publicitaires du GIP dans le cadre de réfection de routes (avec trottoirs en granit, s’il vous plaît), la construction de lampadaires (aux couleurs de l’ANDRA à Bure), de logements, la création de salle des fêtes, de chauffage collectif, la réfection d’églises, la création de jeux pour enfants (de jolis toboggans aujourd’hui pour les irradié·es de demain),.. Bref, là où l’argent public manque depuis des décennies, l’industrie du nucléaire se présente comme un sauveur des territoires « oubliés » par l’Etat.
Par les inscriptions « GIP = corruption » ; « argent sale du nucléaire » ; « ni GIP ni CIGEO » ; « achat des consciences » ; « certifié·e pro-nucléaire » ; « ANDRA dégage »,.. nous avons aussi souhaité rappeler à celles et ceux qui se rendent au labo (nucléocrates, sous-traitants, cars scolaires, visiteurs,..) que l’ANDRA, ses déchets et sa thune ne sont pas les bienvenues.
Que ce soit aujourd’hui à Bure avec le GIP, près de Montabot dans les années 2010 avec le PAP, à Chooz depuis les années 1980 (abonnements internet gratuits pour toustes, nouvelles salles de sport à proximité de la deuxième centrale,..), le nucléaire n’a jamais été démocratique et s’est toujours imposé en corrompant élu·es, entreprises locales et habitant·es à coup de liasses. Stratégie bien connue, notamment dans les départements ruraux les plus pauvres, afin de réduire les contestations, et ce avant même que les projets ne soient « acceptés ».
A coup de fric, de flics, de propagande (par exemple via les youtubeuxes financé·es par l’ANDRA pour faire leur pub), de promesses d’emploi et de consultations publiques fumeuses où tout est joué d’avance, le nucléaire s’est toujours imposé par la force aux populations.
A l’heure où le parc nucléaire français tend à se renouveler afin que se poursuive le capitalisme, il nous paraît nécessaire de dénoncer le caractère autoritaire de l’industrie de l’atome (pour laquelle le projet CIGEO prend une place stratégique) et les mécanismes qui l’accompagnent nécessairement.
La Meuse et la Haute-Marne ne sont pas à vendre !
Que crève le nucléaire et le capitalisme !
ANDRA dégage, résistance & sabotage !