Le Parisien / lundi 31 janvier 2022
Un trentenaire qui a avoué avoir incendié volontairement quatre églises du Pas-de-Calais, selon lui en réaction aux affaires de pédophilie au sein de l’Eglise catholique, a été condamné lundi à trois ans et demi de prison ferme avec maintien en détention, assorti d’un suivi socio-judiciaire de trois ans avec obligation de soins de psychothérapie.
Cet homme de 36 ans, sorti de prison depuis peu et hébergé dans un foyer pour sans domicile fixe, avait été arrêté en flagrant délit en novembre, et il était incarcéré depuis. A l’audience lundi, il a reconnu tous les faits qui lui étaient reprochés par le tribunal de Boulogne-sur-Mer.
Saint-Vincent-de-Paul à Boulogne fin octobre, ou encore Saint-Pierre Saint-Paul dans la commune voisine du Portel : au total, il était poursuivi pour la dégradation par incendie de quatre églises du Boulonnais. Dans la nuit du 26 au 27 novembre, des policiers en patrouille au Portel l’avaient remarqué alors qu’il multipliait les allers-retours à proximité de l’église, où ils avaient découvert des rideaux en feu.
« J’ai ouvert, j’ai cramé et je suis reparti », a lancé le prévenu à la barre du tribunal correctionnel lundi. Il a expliqué avoir agi « à cause de [son] passé » : abandonné par ses parents et confié à une famille d’accueil, il raconte avoir été « violé » par son père adoptif « de 5 ans à 6 ans et demi ». « A chaque fois que j’écoute la télé et tout ça, les curés sont des pointeurs (pédophiles, NDLR). Voilà pourquoi je m’en prends aux églises », a-t-il déclaré.
Selon le psychiatre qui l’a examiné, le prévenu, déjà incarcéré pour des vols, présente une « réelle souffrance psychique » et « cherche à être en prison car il s’y sent plus en sécurité qu’à l’extérieur ». Mais Me Lamoril, avocat du diocèse d’Arras, estime que l’incendiaire est « maître de lui » : « Il provoque des courants d’air pour attiser le feu, mais fait attention d’isoler les bouteilles de gaz. »
Une commission chargée par l’Eglise catholique française d’enquêter sur la pédocriminalité au sein de cette institution avait estimé dans un rapport remis début octobre à 216 000 le nombre d’enfants et d’adolescents victimes de clercs et de religieux depuis 1950. Ce rapport avait déclenché une onde de choc dans l’Eglise et au-delà.