Act for freedom now! / dimanche 19 décembre 2021
Je ne savais pas que j’étais Harry Houdini
26 novembre 2021.
Aujourd’hui, j’ai été amené sous escorte des cellules de l’aile G de la prison de Bristol au City Hospital. C’était dans le but de détecter toute réapparition du cancer dans mon abdomen et mon bassin. Dans la zone de réception de la prison, j’ai subi l’habituelle fouille corporelle et j’ai été obligé d’échanger mes vêtements contre ceux de la prison.
Cela m’a offensé dans ma dignité, car même pendant la période où j’ai été détenu à la prison de Wandsworth, à Londres, sous le régime « antiterroriste », je pouvais au moins aller à l’hôpital avec mes propres vêtements. Pendant que j’attendais que les matons finissent leur paperasse, j’ai jeté un coup d’œil à la couverture de mon dossier – il y avait, marquée en rouge, la mention « dans la liste des détenus susceptibles de s’évader ». J’ai été menotté à un maton, escorté à son tour, puis il y avait deux autres matons encore ; ce sont donc quatre matons, dans une camionnette banalisée, qui m’ont amené à l’Unité de radiologie. Pendant le trajet, ainsi qu’au retour, j’ai bien sûr été témoin des « discussions » pathétiques, dénigrantes, racistes et misogynes des matons, qui se considèrent comme des experts dans tous les aspects de la vie.
Au service de radiologie, il y a eu des discussions entre le personnel médical et les matons, avec des retours à leurs supérieurs, parce que, sans aucune perspicacité, les matons n’avaient pas réalisé que je ne pouvais pas être menotté à l’intérieur de l’appareil IRM (imagerie par résonance magnétique). Bien que l’appareil IRM se trouve dans une pièce fermée, avec une seule porte, j’ai été obligé de porter une paire de menottes en plastique de type Colson, qui étaient tellement serrées qu’elles me coupaient les poignets.
A cause de me fortes protestations et demandes qu’on me le retire, les matons les ont coupées, avec difficulté et en me faisant mal, et ont placé une deuxième paire, presque aussi serrée, autour de mes mains. J’ai été mis à l’intérieur de l’appareil IRM attaché comme ça, avec une douleur et un inconfort considérables, et à aucun moment le personnel médical ne m’a demandé si j’allais bien ou n’a soulevé la question de ce traitement à mon encontre, pendant que le maton qui m’avait mis ces menottes et qui était resté dans la salle d’examens me disait de « rester calme ». Si vous avez déjà été à l’intérieur d’un scanner IRM, vous savez que vous êtes déjà confiné.e.s dans un minuscule tube incroyablement étroit, entouré par un équipement sensible, tandis qu’un anneau d’aimants tourne autour de vous en faisant un bruit assourdissant.
Un endroit d’où il n’est pas facile de s’enfuir même dans les meilleurs conditions. Pour ajouter une insulte à cette blessure, le technicien de l’IRM a donné le « bouton d’alarme », une espèce de petit coussinet que le patient presse pour indiquer qu’il y a une urgence, non pas à moi, qui passais l’examen, mais au sale maton qui était resté dans la pièce pour m’observer. L’un des matons attendait à l’extérieur de la pièce et un autre, pour des raisons inconnues, a été prié par le technicien d’aller à l’INTÉRIEUR de la salle d’imagerie, à côté, où les scans sont traités et où le technicien opérait. Ce dernier fait est le plus énervant, car ces matons ne sont même pas du personnel médical ni des techniciens, mais il se limitent à fermer et ouvrir des portes, à crier et à maltraiter les détenu.e.s, jour après jour.
Je n’écris pas tout ça en tant que « victime d’oppression », ni pour « établir mes droits ». J’écris tout ça pour dénoncer cette situation et pour expliquer aux autres ce à quoi elles/ils doivent s’attendre et surtout pour tou.te.s les autres prisonnier.e.s qui sont confronté.e.s au cancer.
C’est cette civilisation qui nous rend tou.te.s malades.
Force à tou.te.s les prisonnier.e.s qui ont des rêves de liberté dans leurs cœurs !
Toby Shone
HMP Bristol