IAATA / samedi 11 décembre 2021
La rentrée des squats 2021 n’a pas été de tout repos cette année à Toulouse. Les propriétaires, leur nervis, les flics et les journalistes à leurs bottes n’ont pas manqué d’imagination et ont utilisés tous les sales moyens à leur disposition pour défendre leur PROPRIETE PRIVEE.
La propriété privée qui permet de laisser ou d’envoyer des gens à la rue pour spéculer en attendant qu’un terrain rapporte plus de mailles. La propriété privée de sales bourges dont certains prennent la défense en mettant la pression sur les occupants et en se rassemblant devant chez elleux plutôt que d’être solidaire entre personnes en galère. La propriété privée au nom de qui on exécute les ordres et tant pis si il fait cinq degrés dehors, les coups de tonfas ça les réchaufferas. La propriété privée qui autorise ces raclures de journalistes à chier sur du papier, à l’imprimer et à l’envoyer dans toute la région, en s’indignant contre les vilaines squattereuses et les mauvais payeurs et en incitant leurs lecteurices à aller les déloger. Et finalement la propriété privée autour de qui une partie de ce monde d’exploitation et de domination est construit.
Mais revenons en à nos maisons. Niveau expulsion on a donc vu des méthodes relativement classiques pour certaines avec par exemple l’indémodable utilisation de gros bras (sans doute rémunérés mais on a pas eu le temps de leur demander !). Iels ont défoncé des barricades, et nous ont délogé en nous tapant dessus (sous le regard ahuris mais plutôt réjouis des voisins) à l’ouverture d’une maison à Saouzelong en octobre. La version solo marche aussi, puisqu’un couple de proprio énervé et violent a contribué a notre départ d’une maison aux Sept deniers en octobre.
Autre grand classique, l’envoie des keufs. Iels ont pu nous virer fin novembre, en nous gazant et nous tapant allégrement au passage, d’une maison de Cote pavée qui était vide depuis que des personnes l’avaient déjà squatté il y a trois ans (Valeurs Actuelles).
On peut aussi rappeler leur rôle dans l’expulsion d’une centaine de personnes en Septembre dans un immeuble de la rue du midi où une cinquantaine d’appartements étaient occupés (La Dépêche).
Pour autant rien d’étonnant, leur but est de défendre l’ordre établi, celui des riches, des puissants et des dominants, et en cela iels se placeront toujours au travers de notre route.
Et comme si ça suffisait pas, on a aussi vu se développer la présence de mouvements de défense des proprios et de contestation des occupations devant les squats. Ceux-ci ont été composé selon les cas de fafs, de voisins vigilants, de dealers, d’influenceurs et autres crevures dans le genre. Une partie d’entre elleux s’est rencontrée et organisée devant la maison de Roland à La Vache en Février dernier. Roland, Un pauvre multipropriétaire dont les occupants empêchaient selon lui la vente de sa maison pour aller rejoindre sa femme en EHPAD (histoire à raconter avec une larme à l’œil sur un fond de violon). Sous une présence constante et oppressante de ces défenseurs de la propriété, nous sommes parti du squat au bout de quelques jours.
Juste pour info, la maison n’a pas vraiment bougé depuis, et il a sans doute du se rappeler qu’il avait finalement de la thune planqué ailleurs !
Galvanisé.es par leur petit succès (qui ne les a pas laissé intact puisqu’ils se sont fait attaquer en fêtant leur « victoire » quelques jours après) certain.es (mais aussi des nouveaux) ont retenté le coup fin octobre aux Izards. Cette fois-ci c’est à l’appel de Goerges et de sa fille qu’iels ont répondus, les heureux propriétaires d’une maison vide depuis sept ans. Sans même se poser la question, ces batmans des temps modernes sont allé.es à leur rescousse, en se rassemblant devant le portail, en le cadenassant, et en embrouillant les soutiens des habitant,es. Et finalement iels ont donné un prétexte au préfet (qui n’en demandait pas tant) qui, pour stopper les troubles à l’ordre publique devant la maison, appliqua la loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP), participant à notre décision de départ (La Dépêche).
Et justement cette loi ASAP fait partie des nouveautés de cette saison, puisqu’elle a été utilisée sur au moins trois maisons, dont celle dont on vient de parler. Apparue en 2020 suite a une intense campagne mediatique et politique, elle permet aux proprios de demander l’expulsion des squatteur.euses directement aux préfets dans des délais beaucoup plus courts qu’une procédure judiciaire (le préfet a 48h pour donner sa réponse, qui si elle est positive laisse 24h aux occupant.es pour déguerpir).
Elle s’applique aussi à des résidences secondaires. C’est ce qui s’est passé en octobre au Sept deniers, ou des propriétaires ont fait joué cette loi ASAP sur une maison inoccupée en déclarant que l’endroit leur servait de refuge pour héberger quelqu’un de temps en temps. Enfin en décembre dans le quartier de Bourrasol, un propriétaire a lui aussi demandé l’application de la loi ASAP. Il a été entendu par le préfet et nous sommes partis dans la foulée non sans barricader bien comme il faut la maison avant de s’enfuir (La Dépêche).
Entre temps le proprio est allé chouiner dans les médias, se plaignant d’avoir reçu de l’eau et des œufs tout comme la journaliste qui l’accompagnait. Disons le c’est bien le minimum que ces pourritures pouvaient recevoir (L’Opinion)
Malgré tout c’est bien de rappeler que l’application de cette loi est loin d’être systématique, puisque d’autres squats ont ouvert entre temps sans y avoir été confronté !
On peut aussi insister sur le rôle des médias, et principalement sur celui joué par « la dépêche du midi ». Si ce n’est pas la première fois, ce satané journal a mis un coup d’accélérateur à ses campagnes d’attaques contre les squats (et les mauvais locataires) ces derniers temps. En reprenant et en amplifiant la parole des proprios ou leurs défenseurs, les journalistes donnent de l’écho à leurs histoires et encouragent les gens à foutre la pression sur les occupantes. Iels participent aussi à faire du squat une question de plus en plus visible, reprise et réutilisée par les politicien.es, et iels incitent les gouvernants à légiférer contre les occupations. En bout de chaîne ça s’est terminée par la mise en place de la loi ASAP que nous subissons aujourd’hui. En bon toutou du pouvoir, les médias restent finalement dans leur rôle, celui de gardien du système et de relais de la parole des dominants, et on ne peut rien attendre d’eux, d’aucune manière.
Comme on a pu le voir les attaques ont été nombreuses et variés, mais elles ne se sont pas non plus complètement passées sans tentatives de résistance de notre part. Des discussions, du barricadage, une assemblée contre les expulsions, une manif, des diffs de tracts, se tenir ensemble en cas d’attaques et encore et toujours continuer à occuper ont fait partie des réponses qui ont été trouvées à des moments par certaines pour réagir à ces situations.
Et nous n’avons pas envie de nous arrêter la si jamais ça devait continuer. C’est pourquoi nous appelons les personnes qui se retrouvent dans ce texte et dans la pratique du squat à se tenir prêt en cas de nouvelle attaque et à venir montrer leur solidarité avec les squattereuses ! Et si vous ne voulez pas attendre jusqu’à là, il est toujours possible de rendre une petite visite a tous ces joyeux drilles et de leur dire tout le bien que vous pensez d’elleux [comme ça a été le cas pour la Dépêche du Midi ; NdAtt.].
Qu’on se le dise nous continuerons à squatter pour vivre dans des baraques qu’on pourrais jamais se payer ni même louer, pour faire chier les proprios, pour pas payer de loyer, parce qu’on a pas d’alternative ou pas les bons papiers, pour créer des espaces ou l’on peut s’organiser et se rencontrer, pour ne pas être relié administrativement à l’endroit ou l’on habite, parce qu’il y a plein de maisons vides alors pourquoi se gêner … et pour toutes les autres raisons.
Vive le squat, à bas la propriété !