Squat!net / lundi 25 octobre 2021
Au début de l’été 2021, Higueras (les figuiers), un squat dans le quartier madrilène de Tetuán, a subi le siège d’une entreprise spécialisée dans l’expulsion de squats. Dans l’état espagnol de nombreuses boîtes de sécu vendent leurs services d’expulsions de façon pas très légale mais avec la connivence de l’État. Higueras a réussi à se tirer de ce premier siège, mais un procédure judiciaire est en cours. Dans le territoire espagnol, les expulsions de logement, qu’elles soient faites par des condés ou des vigiles, rencontrent souvent une certaine résistance, qui passe par un rassemblement devant la maison avec plus ou moins de tensions, ce qui attire les médias. En effet, le squat est là-bas un sujet de prédilection des médias et des politiciens, beaucoup plus qu’en fRance. D’autres formes de résistance existent : des manifs en riposte, des sabotages ou des occupations symboliques.
Quelques personnes ont écrit un texte en donnant leur vision et quelques pistes sur les formes que pourrait prendre la solidarité. Malgré la différence de contexte, ce texte pourrait enrichir la réflexion et l’action alors que les condés, les gros bras, les proprios et les médias attaquent avec hargne nos maisons et nos espaces.
Toulouse, octobre 2021
La résistance aux expulsions de squat et de locations a tendance à être une lutte où les personnes qui résistent et les personnes solidaires n’ont pas l’initiative. D’abord, pour beaucoup d’expulsions on ne sait même pas quel jour précis les forces de répressions apparaîtront. Si on fait face à des gros bras, le flou peut être encore plus grand. Dans tous les cas, l’usure peut affaiblir la résistance, et ça, l’État aussi bien que les propriétaires le savent. Les premiers jours, quand l’alerte d’une expulsions est lancée, la riposte solidaire est puissante en nombre, mais après quelques jours il n’est pas étonnant que les forces diminuent. En plus, la plupart des expulsions ont lieu le matin, quand beaucoup de monde est au taff ou en cours. C’est aussi pourquoi il y a moins de compas disponibles.
Le rapport de force est assez inégal. Les forces répressives, et souvent les gros bras aussi, ont une machine légale et une technique qui les soutiennent, qui fait que ces mercenaires soient préparés physique et mentalement pour mettre les gens à la rue ou finir avec des projets politiques dans des espaces squattés. Établir une confrontation directe, même si c’est souhaitable lors qu’on en a les forces, est compliqué. Aussi, il faut prendre en compte que la défense de l’espace attire souvent des charognards et des journalistes, qui filmeront tout ce qui se passe, ce qui est un risque pour les personnes qui résistent. Le sabotage des véhicules et des engins, les attaques aux entreprises d’expulsion ainsi que plein d’autres idées sont souhaitables et applicables, mais on ne pourra pas toujours les exécuter. Souvent nous prenons le risque de « ritualiser » les expulsions, dépendant du scénario des flics, rendant la lutte spectaculaire pour des émissions de télé, et devenir un simple cirque pour les journalistes. Nous ne croyons pas que la lutte ait pour but « sa représentation théâtrale » pour obtenir un rapport de force dans la négociation avec les proprios : nous croyons que les luttes contre les expulsions sont un point où ouvrir une brèche face à l’État et le capitalisme à partir de la résistance quotidienne à leur fonctionnement. La lutte contre la Propriété et le capitalisme n’est pas la « gestion des expulsions ».
Au vu de cela, il nous semble pertinent de suggérer d’autres méthodes d’action directe et de pression sur ceux qui expulsent. L’action directe est celle qui vient des impliqué·es et solidaires, sans délégation, ni sans rien attendre des juges et politiciens. Nous sommes très habitué·es à livrer des batailles quand l’État et les proprios en ont envie. Eux, les spéculateurs du capital et leurs larbins, sont peinards dans leurs bureaux, et ils mettent tout le soin du monde à protéger leurs propriétés. Il faut que ça change. Il faut leur amener la guerre à la maison, qu’ils ne soient pas tranquilles dans leurs bureaux, logements et propriétés. Il suffit de chercher sur internet pour trouver des infos croustillantes sur les promoteurs, constructeurs et boîtes qui virent des squats. Leur squatter d’autres biens, mettre plein de peinture sur leurs devantures, les réduire à des cendres, squatter symboliquement leurs bureaux… toute forme d’attaque est bienvenue et met la pression sur les spéculateurs. Usons de créativité afin que l’attaque prenne des formes diverses. Nous n’avons pas besoin de connaître les occupant·es pour répondre en solidarité. Faire perdre de l’argent aux spéculateurs, qu’ils aient peur, est une forme de pression pour réussir à bien s’en tirer dans les processus d’expulsions. Nos exploiteurs ont des noms, des prénoms et des adresses. Identifions-les.
Des anonymes solidaires avec la maison Higueras, juillet 2021