Act for freedom now! / jeudi 12 août 2021
Le fait de soutenir la nécessité d’une société libérée de la domination et de lutter pour celle-ci peut conduire des personnes à être jetées dans les cachots de leurs régimes respectifs. Là, les corps doivent être enfermés dans les espaces les plus serrés et l’esprit résistant doit être mis en chaînes, forgé contre des murs en béton nu.
Celles/ceux qui ne veulent pas se soumettre risquent de passer une longue, très longue période derrière les barreaux. Mais ce sont des semaines d’action comme celle-ci, du mois d’août 2021, qui créent un lien entre les personnes qui se trouvent devant les murs des prisons et celles qui sont derrière. Un lien entre des personnes dont le cœur bat pour la fin de l’enfermement et pour la liberté.
A mon avis, un des défis est de maintenir intact un mouvement de solidarité dynamique sur de très longues périodes, car, même si de plus en plus d’États renoncent officiellement à la peine de mort, ils sont en train de se tourner vers la technique d’enfermer des personnes pendant des décennies. Ce qui peut paraître à certain.e.s une punition encore plus dure : être enfermé.e pour l’éternité. Dans le but d’aider les personnes en prison à garder l’espoir, mais aussi pour donner aux compas qui luttent activement en dehors de ces murs la certitude qu’on ne les oublie pas, les semaines d’action peuvent être un moyen d’affirmation essentiel !
Pour ma part, j’ai été arrêtée en octobre 1996, j’ai été emmené à la prison de Stuttgart-Stammheim et j’ai passé les 11 premières années en isolement (en langage juridique, cela s’appelait « isolement : séparation permanente des autres détenus »). Même si les lettres en entrée et en sortie étaient lues par l’Administration pénitentiaire, et souvent photocopiées, elles constituaient un lien avec les personnes à l’extérieur. Cela donnait une telle force que les mots ne peuvent pas vraiment la décrire.
Plus ils renoncent, dans les prisons modernes, à la violence physique concrète, plus le désespoir, l’abandon et l’isolement deviennent les armes du régime, par lesquelles il veut briser les compas.
À mes yeux, la semaine de la solidarité est aussi l’occasion pour mettre en place quelque chose de fort et combatif contre cet aspect.
Thomas Meyer Falk
Pour lui écrire :
Thomas Meyer Falk
JVA Freiburg (SV Abtlg.)
Herman-Herder strasse, 8
D 79104 – Freiburg im Breisgau (Allemagne)