IAATA / jeudi 29 juillet 2021
Et non, pas parce que je pense qu’on veut m’injecter la 5G ou que je vais me transformer en OGM et non plus parce que je suis devenue une horrible connasse bolsonariste/trumpiste qui pense qu’à ma gueule et rien qu’à ma gueule.
Je viens d’une famille ouvrière/prolétaire. Là-bas, on m’a appris à me méfier des médicaments. De tous les médicaments. On m’a aussi raconté que les riches se faisaient du fric sur notre dos. Et que les labos pharmaceutiques étaient des riches.
Je suis proche d’un milieu militant qu’on pourrait qualifier d’ultra gauche/extrême gauche, féministe et transpédégouines. Ici, on m’a appris à me méfier de la norme médicale. Des représentations de nos corps et nos esprits dans le monde de la santé. Et des soignant.e.s aussi. On m’a même appris que les riches étaient sans scrupule. Santé ou pas santé.
Alors aujourd’hui, je ne veux pas me faire vacciner. Et je ne crois pas que ça fasse de moi une horrible personne.
C’est vrai, je crois que les labos sont prêts à tout pour se faire de la thune. Et les gouvernants, à beaucoup également pour le pouvoir. Je crois aussi en la force des enjeux géopolitiques et capitalistes. Mais je crois aussi que le vaccin est un moyen, le seul peut-être, d’endiguer vraiment une pandémie. Pourtant, je reste sceptique. Et je ne veux pas me faire vacciner.
Comme beaucoup, j’ai lu tout ce que je pouvais lire, tout ce que je comprenais, et me suis improvisée épidémiologiste à mes heures. Comme beaucoup encore, j’ai lu et entendu tout et son contraire. Mais dans tout ça, je peux pas oublier que malgré les décennies de recherches, et même des essais cliniques, c’est quand même la 1ère fois qu’un vaccin à ARN messager est mis sur le marché. De la même manière, je peux pas faire fi de ce que si les recherches contre les coronavirus datent d’il y a plusieurs années maintenant, c’est la 1ère fois qu’on trouve un vaccin. Et qu’encore, on sait pas pour combien de souches. Et qu’une fois vacciné, on peut encore transmettre ce virus. Encore, je veux pas oublier qu’il y a d’autres maladies (bien plus anciennes) qui touchent moins les riches, les hétéros et les blancs et qu’a priori, les recherches de vaccins et/ou traitements sont toujours en cours… Bref, y’a tout un tas de choses que j’ai lu/entendu. Difficile de toujours savoir le vrai du faux, etc. Mais ce que j’ai lu/entendu, je ne l’ai pas oublié. Et comme beaucoup, j’ai appris à composer avec.
Alors bien sûr, suis consciente aussi que j’ai tous les privilèges de pouvoir refuser ce vaccin, notamment parce que je suis « en bonne santé » et que les gens qui me sont le plus proche sont toutes et tous « en bonne santé » a priori. Ça, je ne l’oublie pas. Pourtant, je souris quand, dans une discussion, on me dit que peut-être il faut pas que j’oublie de le préciser. C’est vrai que dans notre joli petit milieu, on ne l’oublie jamais et qu’on est irréprochable…
Si je n’oublie jamais (je l’espère) d’où je viens et où je suis, je ne veux pas qu’on me reproche pour autant la mort des gens, ni même la propagation de ce virus. Et pas non plus les « restrictions sanitaires ».
CE N’EST PAS MA FAUTE SI DES GENS MEURENT DU COVID, SI ON EST ENTRAIN DE VIVRE UNE 4ème VAGUE ET SI ON DOIT FAIRE ÉTAT DE NOTRE SÉROLOGIE POUR BOIRE UN CAFÉ EN TERRASSE.
Je crois que je me remets pas qu’on oublie trop facilement que le monde dans lequel on vit est responsable de ce qui est en train de se passer. Et que si cette pandémie est aussi importante en France, et qu’elle tue, c’est parce que les gouvernements successifs ont jamais rien fait pour les hôpitaux et qu’ils en ont rien à foutre des gens, notamment les pauvres !
Pour chaque « mesure sanitaire », le gouvernement actuel parle d’indicateurs, tels que le nombre de personnes testées positives au Covid pendant les dernières 24h, le taux d’incidence, le R zéro ou encore le nombre de lits de réanimation et/ou en soins intensifs occupés dans les hôpitaux par des personnes porteuses du Covid. Et pendant toute une année, était souvent ajouté à titre indicatif le nombre de morts du Covid.
Pour être honnête, je crois que pour moi l’indicateur ou le chiffre qui pouvait le plus me parler était celui qui permettait de se rendre compte de la saturation des hôpitaux. Et j’avais l’impression, peut-être ajouté au nombre de morts par jour, que c’était aussi celui qui touchait le plus autour de moi. Et qui a notamment fait qu’on a fait presque toutes et tous tout bien comme on nous disait de faire.
Seulement voilà, le manque de lits en réa/soins intensifs, le manque de matos/respirateurs, le manque de personnels, le laisser pour compte des EPHAD et des plus précaires… et donc le nombre de morts, ce n’est toujours pas ma faute !
Je ne suis pas responsable des politiques bourgeoises de tous ces gouvernements.
On me demande aujourd’hui de me faire vacciner. Pour que nos vies redeviennent normales. Pour que le Covid ne soit plus un problème dans nos vies. Et depuis le début de cette crise, rien ne s’est passé côté gouvernement concernant la casse perpétuelle de l’hôpital public. Rien non plus côté accès à la santé et aux droits des plus précaires. Au contraire, toujours la même rengaine…
Alors moi, je refuse de me faire vacciner. Pour le moment. Et je continuerai d’aller soutenir les revendications des soignant.e.s quand ielles retrouveront la force d’aller dans la rue. Mais en attendant, je ne veux pas me faire vacciner. Et je ne veux plus qu’on me reproche les défaillances d’un système pourri quand je me refuse à combler ses lacunes.
Je ne veux pas me faire vacciner, et c’est mon choix. Un choix individuel, comme on en fait tous les jours dans nos vies. Ce choix me regarde. Et oui, il ne regarde que moi. Je ne pense pas que cette idée soit très éloignée de celles véhiculées dans le milieu au sein duquel j’évolue. Ni que je sois une personne médiocre.