Le Parisien / jeudi 29 juillet 2021
Ils ont profité des troubles pour prendre la poudre d’escampette. Deux étrangers enfermés au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot ont réussi à s’évader dans la nuit de mercredi à jeudi. Selon la Cimade, association de soutien aux migrants et réfugiés, un peu plus tôt dans la journée, un homme était déjà parvenu à s’échapper. Ce qui aurait pu être un des éléments déclencheurs de la mutinerie qui a éclaté peu avant 22 h 30 dans ce centre, le plus grand de France, situé à seulement quelques centaines de mètres des pistes de l’aéroport de Roissy et qui abrite actuellement 150 personnes.
Environ 95 sans-papiers étaient regroupés et ont commencé à s’en prendre aux forces de l’ordre, en leur jetant des projectiles. Ils ont également allumé quelques feux. Certains sont même montés sur les toits. Selon une source policière, l’un de ces étrangers en situation irrégulière aurait été légèrement blessé en chutant de plusieurs mètres de haut et un autre aurait été blessé par une branche.
Des renforts de police sont arrivés : des fonctionnaires du commissariat d’agglomération de Villeparisis, des effectifs de la Direction départementale de la sécurité publique, des CRS ainsi que la Brigade anti-criminalité (BAC) de nuit de Seine-Saint-Denis ont été envoyés sur place. Soit une centaine de policiers. Les axes routiers autour du CRA ont été fermés à la circulation. […]
Les forces de l’ordre ont utilisé des grenades de désencerclement ainsi que des lacrymogènes pour rétablir le calme, notamment parce que certains de leurs collègues du CRA se trouvaient en difficulté. Le calme a été rétabli au cours de la nuit. « Début juillet, un homme est déjà parvenu à s’enfuir. Et il y a eu des tentatives lundi et mardi. La situation est tendue », confie Marion Beaufils, responsable Île-de-France de la Cimade.
Une tension qui ne date pas d’hier. Le 20 janvier, dans ce CRA de Seine-et-Marne, des étrangers avaient déclenché un incendie pour protester contre une décision de justice les maintenant en rétention car ils avaient refusé un test PCR, nécessaire à leur expulsion du territoire français. Certains sont toujours au centre, puisqu’ils enchaînent des cycles de 90 jours. « C’est un ras-le-bol général, poursuit Marion Beaufils. Ils ne savent pas quand ça va s’arrêter, ils se plaignent de ne pas manger à leur faim, de ne plus voir femmes et enfants. On le sentait venir. »
D’après la Cimade, les troubles auraient commencé dans l’un des deux centres, le 3, permettant aux retenus du centre 2 d’avoir plus de latitude pour essayer de se faire la belle, le personnel étant surtout mobilisé sur le 3. C’est depuis le centre 2 que seraient partis les deux fuyards, un Albanais de 22 ans et un Marocain de 27 ans. Neuf autres personnes auraient également tenté de s’évader. « Depuis, elles sont enfermées à l’isolement dans un bâtiment réservé aux familles et sont en attente d’être transférées ailleurs », indique Marion Beaufils.
« C’était chaud, confirme un retenu. C’était le bordel, on pouvait à peine respirer avec les gaz. Les CRS sont arrivés avec leur matraque. Ils ont tout fouillé. C’était comme dans les films. Des gars que je connais sont montés, ils ont jeté des draps sur les barbelés pour sauter. Eux, ils ont rien à perdre. Moi, je n’ai rien essayé, je suis là depuis longtemps et puis, on me retrouverait tout de suite. »