Dark Nights / jeudi 15 juillet 2021
Attaque incendiaire contre un concessionnaire Ford, en souvenir des révoltes après le meurtre de George Floyd
Le 1er juillet à l’aube, rue Chaldari, dans le quartier de Gyzi, nous avons mené une attaque incendiaire contre le concessionnaire Ford. Résultat : au moins deux véhicules et la façade de l’entreprise ont été réduits en cendres.
Le choix de cette cible précise n’est pas dû au hasard. Il s’agit d’un géant américain, avec des filiales dans le monde entier, qui joue un rôle dominant sur la scène capitaliste mondiale. En particulier, son fondateur Henry Ford a introduit en 1913 un modèle d’organisation du travail dans lequel les travailleur.euse.s effectuent un ensemble de mouvements déterminés, répétés pendant de nombreuses heures. Le travail de l’un.e, coupé et aliéné, simple brique de l’ensemble de la production, influence le travail de l’autre, en chaîne, augmentant l’intensité et le rythme de la production et du travail. De plus, la possibilité du refus et de la résistances pendant le travail est réduite, puisque tous les mouvements des travailleur.euse.s sont interdépendants et forment une chaîne. Cela a été une forme historique de répression et de surveillance des travailleur.euse.s.
De plus, le rapport de Ford avec les flics américains est chose largement connue. C’est l’une des entreprises qui a renforcé la répression menée par l’État américain, en fournissant des équipements et des véhicules. Même en Grèce, dans la région de Laconie, Ford Motor Hellas a fourni aux flics anti-émeute de l’OPKE, pour la deuxième fois, un véhicule d’une valeur de 48 000 euros. Le maire de Sparte entretient d’excellentes relations avec cette entreprise et le maire adjoint Thanasis Karlaitis, ancien flic, a souligné : « Espérons que d’autres entreprises suivront l’exemple de Ford, pour le bien des citoyens ».
Un an avant que nous écrivions ces lignes, George Floyd a été maltraité à mort et assassiné par des flics américains. Des émeutes sauvages ont éclaté dans une grande partie des États-Unis, la cause principale étant l’oppression de la communauté afro-américaine et plus encore. Des protestations ont éclaté au niveau international, de pays en pays. En Grèce, plusieurs actions ont eu lieu. Pour notre part, un an après, nous maintenons vive la flamme et la mémoire des morts et des opprimés de notre classe. Nous voulons relier les énergies de ces jours-là avec celles d’aujourd’hui.
Dans les usines Ford et dans les usines basées sur l’exploitation de l’Amérique des siècles passés, le sang a coulé, suite aux requêtes ouvrières (comme la journée de 8 heures). Des revendications qui, aussi évidentes qu’elles puissent paraître, semblent d’autant plus vulnérables dans les griffes du gouvernement néo-fasciste le plus horrible de l’Occident de l’ère post-communiste. Le projet de loi Hadjidákis [Kostís Hadjidákis, ministre grec du Travail et des Affaires sociales depuis janvier 2021 – en mars dernier il a proposé une loi qui, entre autres, libéralise le nombre d’heures de travail et augmente les heures supplmenteire qu’un patron peut demander à ses employé.e.s ; NdAtt.] est une abomination méprisable qui vient détruire toute trace de dignité parmi la base de la société. Des contrats individuels, la conversion des heures supplémentaires en jours de congé et leur augmentation, la réduction du payement des heures supplémentaires, un suivi électronique des heures travaillées, le ciblage et l’inventaire des grévistes, une intensification du travail par l’extension du télétravail, la suppression du dimanche férié, la facilitation des licenciements, etc.
Il est évident que, dans les conditions inédites que nous vivons avec la pandémie et l’intensité de la crise, les patrons veulent un désert social où l’individu est contrôlé, il travaille, il est contrôlé en travaillant et il est de plus en plus isolé. Dans le même temps, la guerre commerciale des laboratoires pharmaceutiques devient impitoyable, les États se militarisent et les sociétés se transforment en vastes prisons. Dans le même contexte, le capitalisme devient encore plus vorace envers l’environnement et la nature sauvage.
Plus le capitalisme et la terreur avancent à toute vitesse, plus le cadre nous devient clair : nous sommes le feu et la vie. Nous détruisons ce monde pourri par l’attaque. Nous faisons appel à toutes les personnes qui gardent leurs yeux ouverts et leurs sens sauvages en éveil : soyez vigilant.e.s. Par les moyens les plus simples ou les plus complexes, donnons une perspective de réponse et brisons l’habitude et l’aliénation. La bataille est entre nos mains.
PS : Il y a un an, notre compagnon Vassilis Magos a été assassiné par les flics. Cette action est un rappel du fait qu’il est à nos côtés dans les moments les plus difficiles. C’est le moins que l’on puisse dire, face à ce qui s’est passé. Que la mémoire écrase l’oubli et que notre haine résonne dans les rues.
FEU DANS LA SOCIÉTÉ DE CONTRÔLE
L’ANARCHIE OU RIEN
Des milliers de soleils de la nuit