Contra Info / mardi 8 juin 2021
C’est difficile de se mettre à écrire quand le cœur et l’esprit sont encore dans la tourmente. Les seules choses dont j’ai envie sont une accolade fraternelle, la lumière du soleil et sa chaleur sur ma peau et tout ce que j’ai ici c’est le ciment, le froid, l’humidité et la mauvaise odeur.
Peut-être que ce sera plus facile pour moi de commencer avec les remerciements :
Tout d’abord, merci à ma famille proche, qui, loin de tout essentialisme, nous a fait sentir aimés, mon frère et moi. Merci de votre soutien sincère.
Deuxièmement, à tous les compas et ami.e.s qui sont en train de « se bouger » dehors, avec des gestes de solidarité. En ce moment, chaque chose aide et, comme pour ma famille, je vous remercie pour votre soutien honnête.
Maintenant, pour ceux/celles qui se posent la question à ce sujet, je dis : OUI. Notre emprisonnent est politique. Politique comme n’importe quel emprisonnement, dans ce système. J’aimerais aborder des questions plus « théoriques », mais ce n’est pas le moment.
Je dirai seulement que, si cet emprisonnement n’était pas politique, ils ne nous auraient pas prélevé des échantillons de sang, contre notre volonté, sous la menace qu’ils « les prendraient quand-même ». Si cet emprisonnement n’était pas politique, alors le Parquet ne voudrait pas des copies de ce que nous lisons et écrivons… et ils le font. La preuve évidente de ça est leur accès à nos ordinateurs et nos téléphones, et tout ce qu’ils trouvent dedans pourra les aider à tisser leurs intrigues. Si cet enfermement n’était pas politique, les procureurs de la Région métropolitaine sud ne seraient pas rentrés chez nous avec un show médiatique dégueulasse et des caméras, au moment de notre arrestation. Et enfin, si cet enfermement n’était pas politique, nous n’aurions pas été cités dans les déclarations de Galli [Juan Francisco Galli, sous-sécretaire à l’Intérieur ; NdAtt.], il y a quelques jours.
Aujourd’hui plus que jamais, nous disons : même si nous ne sommes pas coupables, nous sommes encore moins innocents.
Le travail de déterminer la culpabilité, en plongeant les prisonnier.e.s et leurs familles dans la misère, appartient au Parquet. C’est ce que, en démocratie, on appelle la « justice ». Ils/elles sont dans leurs maisons, opulent.e.s, confortables et avec une conscience « propre ». Nous dans des taules, sans eau, sans lumière, loin de tou.te.s ceux/celles qui nous aiment, d’une manière ou d’une autre.
Merci à tou.te.s ceux/celles qui se bougent, un salut chaleureux à tou.te.s les prisonnier.e.s politiques de ce monde.
Liberté pour tou.te.s les prisonnier.e.s !
Ignacio et Luis