Publicacion Refractario / mardi 16 février 2021
Sur l’harmonie nécessaire entre la rue et la prison. Un communiqué de Mónica et Francisco
Comprendre la solidarité anti-autoritaire comme une relation qui implique comme acteur.e.s principaux.les les prisonnier.e.s et les milieux actifs dans la rue, signifie qu’il est indispensable de lutter à l’intérieur de la prison, sinon la pratique solidaire se transforme en assistance et en charité et le/la prisonnier.e est le simple bénéficiaire passif.ve du soutien qui peut venir de l’extérieur, sans participer ni contribuer aux initiatives conflictuelles. Il est nécessaire que le slogan « Rien ne s’arrête avec la prison » soit mis en pratique, en utilisant tous les moyens disponibles, qui, même si limités, peuvent être extrêmement efficaces. C’est ce que ont démontré les différentes luttes de la longue et riche histoire des prisonnier.e.s politiques, caractérisée par leur force de volonté et leur détermination à aller jusqu’au bout, afin d’atteindre leurs objectifs. À l’intérieur de la prison, chaque minute passée dans la cour, chaque livre qui entre, chaque article qu’on est autorisé.e a garder dans la cellule ou chaque espace d’autonomie et de développement individuel, aussi petit soit-il, a été obtenu par la lutte : rien n’est gratuit ; pour s’en rendre compte, il suffit de se rappeler ou de demander par exemple comment les matons ont accepté de garder les portes des cellules ouvertes plus longtemps, dans la Prison de sécurité maximale, ou de l’inexistence des parloirs dans le C.A.S [Cárcel de Alta Seguridad, à Santiago, un des plus important centres pénitentiaires du Chili ; NdAtt.].
La mobilisation active à l’intérieur des prisons a aussi permis de remporter d’importantes victoires pour ce qui est des libérations des prisonnier.e.s, en forçant la main aux lois et en arrivant à exercer une pression efficace sur l’État, qui, à plusieurs reprises, a été contraint à accepter des négociations et à donner satisfaction aux revendications.
Cependant, ces triomphes n’auraient jamais été atteints sans le soutien solidaire, et les demandes et les exigences des prisonnier.e.s resteraient confinés à l’intérieur de ces hauts murs, sans une mobilisation constante qui brise la normalité, même de façon momentanée. Il est donc essentiel qu’il y ait une réelle harmonie entre les différents collectifs et individus solidaires, ce qui se traduit par une communication et un échange de visions orientés vers le conflit ; indéniablement, cela renforce la lutte et les milieux qui s’y sont engagés. De cette façon, la solidarité devient une pratique combative et offensive qui prend la parole et saisit les moments opportuns, qui donne naissance à des fait et à des ruptures.
Ceci dit, nous soulignons clairement que nous ne concevons pas la lutte sans conflit. Même si souvent nous n’atteignons pas nos objectifs, au moins nous avons insisté sur la nécessité du conflit et nous continuerons à le faire, simplement parce que c’est la façon dont nous avons décidé de mener notre vie. Nous persisterons dans le conflit et s’il ne se présente pas par lui-même, nous irons le chercher et nous le provoquerons, parce que c’est seulement en donnant des coups que nous créerons des fissures dans la société.
Contre le rallongement des peines !
Abrogation de la modification du D.L 321* !
Amnistie pour les prisonnier.e.s de la révolte !
Liberté pour les prisonnier.e.s de guerre !
février 2021
Mónica Caballero Sepúlveda
(Sección de connotación Publica – Cárcel de San Miguel)
Francisco Solar Domínguez
(Sección de Máxima Seguridad – Cárcel de Alta Seguridad)
* Note d’Attaque : la reforme, avec valeur rétroactif, de la loi 321 oblige les détenu.e.s à purger les deux tiers de leur peine avant de pouvoir accéder à la libération conditionnelle (avant on leur demandait d’en avoir fait la moitié). De même, est obligatoirement exigé l’avis favorable d’un rapport psycho-social effectué par la Gendarmerie (au Chili, la Gendarmerie est le corps des maton et elle a un statut militaire), ce qui rend encore plus difficile de sortir de prison, dans un pays où seulement les pauvres finissent en taule et où le 95 % des condamnations sont pour des délits contre la propriété privée.