reçu par mail / lundi 8 février 2021
Lundi 1er février, les détenues de la prison, Coroneo, à Trieste, accompagnées par les personnes solidaires présentes devant ces murs, ont mi en place une protestation, sous forme de battage des barreaux, qui a duré un petit peu plus d’une heure. Même au milieu de ce fracas, on entendait clairement venir de l’intérieur le cri d’amnistie et liberté. Il y avait une présence massive de journalistes, ce qui avait été demandé par les détenues afin que leur lutte soit connue. Mais, à ce qu’il paraît, la presse officielle ne peut pas renoncer à « façonner les opinion » dans un sens utile au pouvoir en place, plutôt que simplement donner des informations. Le lendemain, sur le quotidien local, Il Piccolo, on pouvait lire des phrases comme celle-ci : « La grosse vingtaine de détenues enfermées à ce jour dans la prison du Coroneo montre une certaine méfiance vis-à-vis du vaccin, peut-être aussi à cause d’une information insuffisante à ce sujet, à l’intérieur de la prison, compte tenu du fait que de nombreux détenus, en plus, sont étrangers ».
Ces quatre lignes résument bien les préjugés que l’État veut préserver, par la lecture de sa presse.
Détenus et aussi étrangers ? Deux fautes ! Ils ne sont pas seulement des « criminels », ils sont aussi étrangers. En tant qu’étrangers ils ne comprennent pas à quoi ça sert ou qu’est ce qu’est un vaccin ? Reste le fait que les détenues qui, au delà des déclarations ignorantes e racistes de la journaliste du Piccolo, les détenues qui nous ont fait part de leur opposition au chantage du vaccin et de leur exigence d’une meilleure protection sanitaire viennent clairement d’ici, ou des alentours. Le problème ici ce n’est pas la nationalité, mais l’autodétermination sur son propre corps. Leurs doutes et leur opposition au vaccin et au fait que, en tant que détenues, elle sont de facto obligées de le faire, mettent en évidence deux problèmes : le premier est celui de l’efficacité réelle du vaccin et de son possible caractère nocif – un aspect qui nous touche tous, même en dehors de la prison – le deuxième est l’obligation faite aux détenu.e.s de se faire vacciner. Il suffit de regarder au CV criminel de Pfitzer et aux doutes légitimes posés par un vaccin ARNm pour comprendre que les détenues sont plus informées de ce que l’État voudrait!
La grogne et les désordres qui naissent depuis presque un an dans les prisons italiennes trouvent ce type de réponse, de la part de l’État : « Maintenant qu’on vous a vacciné, vous ne pourrez plus demander santé, amnistie ou liberté : la prison est sûre, maintenant ». Mais la question de la pandémie n’est que la pointe de l’iceberg d’une situation carcérales de plus en plus difficile.
Les détenues nous disent que 150 prisonnier.e.s sur environs 187 ont été testé.e.s positif.ve.s au Covid-19, ces derniers mois, quand les contagions à l’intérieur de la prison étaient au maximum ; cela a obligé la direction de la prison a refuser d’accepter des nouveaux détenus, les envoyant dans d’autres taules de la région.
Pendant deux semaines, les détenues de la section pour femmes n’ont pas eu accès aux machines à laver, n’ont pas reçu leur courrier, aucune visite médicale et pour soigner le Covid-19 il n’y avait que des psychotropes et du paracétamol. Des substances qui sont normalement utilisées pour tout soigner, quand on est détenu.
Un mois après la situation n’a pas beaucoup changé, les contagions ont évidemment diminué, mais malgré cela, aucun médecin et aucun psychologue est rentré dans la prison, depuis mois. Les détenues se plaignent de l’impossibilité – à cause des mesures barrière pour éviter la contagion, en tout cas impossibles à respecter dans la prison – de profiter de la « socialité » ou d’effectuer d’autres activités. A cause de cela, la consommation de l’ainsi-dite « thérapie psychiatrique » a augmenté dans leur section.
Au vu de tout ça, les détenues demandent des examens sérologiques et des tests PCR, au lieu d’être vaccinées, elle demandent les arrestations domiciliaires pour les personnes en fin de peine et elle demandent une amnistie !
Les détenues de la prison Coroneo veulent continuer à se révolter contre une taule qui, aujourd’hui plus que jamais, t’assure d’une seule chose : tomber malade ou mourir. Une prison où la santé est quelque chose d’inexistant, et où il est impossible de faire face à une pandémie !
Pour tout cela, elle proposent un nouveau moment de protestation, en tapant sur les barreaux, lundi 15 février à 15h30. Nous serons encore une fois devant la prison de Trieste, en via Coroneo, pour les soutenir.
Assemblea permanente contro il carcere e la repressione
liberetutti@autistiche.org