Contra Info / lundi 30 novembre 2020
Depuis la Prison de haute sécurité [Cárcel de Alta Seguridad – CAS] de Santiago du Chili, nous communiquons le début d’une grève de la faim [en continuant à ingérer des liquides ; NdAtt.], à durée indéterminée, pour le rétablissement des parloirs, un signe incontournable de dignité.
Cela fait déjà presque 9 mois que nous n’avons pas pu voir ni embrasser nos proches ni nos amours, à cause des restrictions imposées par les autorités avec l’excuse que nous serions une « population à risque » dans le contexte de la pandémie. Cependant, pendant tout ce temps, nous avons vu les allées et venues des matons chez eux, chose qui maintient un contact direct et ininterrompu avec nous, sans aucune mesure de protection réelle à l’exception des masques. On en est arrivés au point que, dans la période entre mai et juin, tous les détenus du CAS ont été infectés par le Covid-19 à cause des matons, qui ont gardé un silence absolu sur cette situation.
Le système de santé de cet endroit continue d’être très déficient. Aucun vrai contrôle, exceptionnel, ne nous a été fait pendant toute cette période de pandémie. Pendant tout ce temps, nous avons été la cible des politiques de punition et d’isolement de l’État et de ses lois silencieuses de contrôle social. Nous n’oublions pas la modification du décret-loi n°321 sur les libérations conditionnelles, qui a été appliqué en violation du droit pénal international et avec la complicité du parlement chilien pourri, en laissant de nombreuses personnes en prison.
Nous savons que dans toutes les prisons du pays, il y a eu des clusters massifs de Covid-19 et qu’il y a eu plus de morts à la suite des bagarres résultant du stress carcéral qu’à la suite de la pandémie, avec laquelle nous devons apprendre à vivre car elle est là pour rester.
Rien ne justifie la prolongation de l’isolement, sauf la décision politique d’un gouvernement inepte et répressif qui soumet les plus humbles à un système d’oppression et de misère.
Nous en avons marre de voir la classe politique pourrie oublier les personnes en prison et leurs familles. Nous ne pouvons pas continuer à attendre leurs propositions inhumaines de visites alors que les plages, les lieux de divertissement, les villes fonctionnent tous dans cette nouvelle normalité.
C’est pourquoi nous assumons cette mobilisation de grève de la faim à durée indéterminée et par ce moyen nous appelons toutes les organisations et les personnes solidaires avec les personnes qui, comme nous, vivent des années de leurs vies derrière les barreaux, à nous accompagner dans cette juste lutte pour pouvoir à nouveau embrasser dignement nos familles, nos amours et nos proches.
Pour des parloirs dignes !
L’isolement est une torture !
Les prisonniers en grève de la faim
Prison de haute sécurité
Santiago
Lundi 30 novembre 2020.
Note [de Contra Info] : Nous soulignons le fait que le compagnon subversif Marcelo Villarroel Sepulveda participe à cette de grève de la faim, qui commence aujourd’hui, lundi 30 novembre. Nous rappelons qu’il est emprisonné dans le module 3H Nord de la Prison de haute sécurité .
Mise à jour du 3 décembre [Contra Info] :
Mercredi 2 décembre, 14 prisonniers de la section 3H Sud et 15 de la section 2H Sud ont rejoint la grève de la faim, ce qui porte le nombre de prisonniers mobilisés à 47.