Inferno Urbano / samedi 28 novembre 2020
Dans cette époque dystopique, faite de pandémies, de virus et de plein de monde enfermé chez soi, le verdict de la Cour d’appel de Turin pour le procès « Scripta Manent » n’est rien d’autre qu’une autre pièce dans le puzzle répressif de la nouvelle dictature.
Une société, qu’ils aiment appeler « 2.0 », où un « ministère de la Vérité » revisite et modifie tout événement historique, chaque jour et constamment, de façon que celui-ci puisse s’adapter aux goûts du « Big Brother » et confirmer ses thèses .
Un « ministère de l’Amour », composé de virologues et d’infectiologues présents plus sur les plateaux télé et dans la presse que dans les hôpitaux, est en train d’annihiler les rapports sociaux et sentimentaux, par la terreur inoculée chaque jour par journaux et télé ; ce sont les mêmes qui sont en train de créer un nouveau langage, une « novlangue », où toute forme de pensée différente, contraire ou adverse est taxée de « terrorisme », mais aussi de « négationnisme [le mot est utilisé, dans le jargon des journaflics italiens, pour définir ceux qui nient l’existence de l’épidémie de Covid-19 ; NdAtt.] ou complotisme » (pour pouvoir s’en moquer). Et, encore, une « police de la pensée » composée de balances qui regardent de leurs fenêtres marchent dans les rues armés de leurs téléphones, prêts à filmer toute action quotidienne ; puis, un nouveau délit, psychologique, le « crime de pensée », qui tend à détruire même les rapports familiaux, parce que « sache que si ton papy meurt c’est ta faute, parce que t’es allé boire une bière avec tes potes ».
Je pourrais continuer avec ce qui semble un roman (1984, de George Orwell), mais cela suffit pour comprendre le contexte historique où tombe un jugement comme celui pour le procès Scripta Manent, et malheureusement d’autres jugements du même genre arriveront dans les prochains mois.
Je ne vais pas démonter ici les « preuves irréfutables » du Proc’, simplement parce que, heureusement, je ne fais pas son métier, mais je pense que l’« amnésique de Turin » s’en fout d’avoir raison sur le fait que nous faisons partie ou pas de la Fédération Anarchiste Informelle.
Ce qu’intéresse le Procu’ est d’obtenir une condamnation définitive à perpétuité pour la Solidarité et la Complicité anarchistes.
Il a obtenu ces condamnations par un procès qui n’aurait même pas dû exister, pour nous qui avons été acquittés en première instance, parce qu’il a fait la demande de pourvoi en appel avec trois jours de retard sur le dernier délai.
Moi, j’ai été surveillé par un trojan dans mon ordinateur pendant 6 ans et lui, personne ne contrôle même pas ses courriels pour vois s’il y a, même dans la corbeille, le mail qui aurait attesté de ce retard.
Je ne suis pas en train de faire du victimisme, mais de raconter ce qui s’est passé ; je le reproche, surtout, à un minable qui se vante d’avoir lutté contre la ‘ndrangheta, mais qui utilise les mêmes méthodes de faux papiers et obtient notre procès en appel grâce à ses « amitiés et affinités », c’est à dire, dans le jargon mafieux, du « pistonnage » (ce sont les juges eux-mêmes qui le disent). Ce n’est pas un hasard si les juges eux-mêmes ont mis en évidence les intention réelles du Proc’, avec une condamnation à 20 ans pour Alfredo et une à 16 ans pour Anna, sans aucune preuve quant aux actions dont les deux compagnons sont inculpés. Les autres condamnations, dont les plus hautes sont celles à 2 ans et 6 mois, pour moi et Stefano Fosco, en plus d’être l’énième attaque à la contre-information, démontrent clairement le but du minable dont je parlais : isoler les compagnons détenus en condamnant ceux qui se sont toujours montrés complices et solidaires avec eux.
Que ce soit clair que ma condamnation ne m’étonne pas du tout, parce que depuis la premier jour où j’ai décidé de lancer le site RadioAzione et la radio, en 2012, je savais très bien à quoi je m’exposait. Les différents sabotages de la radio, comme les coupures des câbles du téléphone, étaient des sales messages et des menaces auxquelles j’ai toujours répondu le sourire aux lèvres, parce qu’au lieu de m’apeurer, ils me démontraient combien ça leur « faisait chier » ce que j’écrivais et ce que je disais.
De plus, même si la radio existait déjà depuis quelques mois, j’ai lancé le site RadioAzione le lendemain de l’opération « Ardire », quand les deux compagnons Stefano Fosco et Elisa Di Bernardo, « coupables » entre autre de faire de la contre-information, ont été arrêtés.
Entre-temps, en plus de flics et magistrats, il fallait tenir en compte aussi de ceux qui nous indiquaient, moi et d’autres compagnons faisant de la contre-information en ligne, comme des personnes qui vivaient leur anarchisme dans leur chambre « douillette ».
Je me suis toujours vu comme le chinois du proverbe, assis au bord de la rivière, en train d’attendre le passage des cadavres de mes « ennemis », et je vous assure que j’en ai vu et j’en vois encore beaucoup, qui passent…
J’étais bien conscient de ce que je risquais, avec certaines déclarations au procès, je l’ai toujours fait en écrivant au singulier. La pire chose, donc, a été d’entendre me dire qu’avec mes mots j’avais mis dans le pétrin quelqu’un, non pas mes coïnculpés, qui étaient par de vrai dans le pétrin, et pas à cause de mes déclarations, mais d’autres quidam qui n’étaient même pas nommés dans le dossier.
Ma ceci est une autre histoire. L’aspect autoréférentiel de certains anarchistes qui se voient au centre du trou du cul du monde, mais qu’en réalité n’ont jamais rien vu…
J’ai avancé sur mon chemin et je continuerai à avancer… peut-être que je reviendrai en arrière, pour récupérer quelque chose qui me servira pour avancer encore, avec plus de force, en donnant une réponse aux condamnations qui sont tombées contre moi-même et contre les autres compagnons.
Surtout, en essayant de faire arriver encore plus forte toute ma SOLIDARITÉ ET COMPLICITÉ aux compagnons détenus à cause de notre procès et des autres.
Je le ferai aussi en recommençant à écrire, en particulier, à Anna et Alfredo, auxquels je n’avais plus écrit parce que « le facteur avait oublié mon adresse », à part pour les facture et autres emmerdements, et pour éviter que notre courrier finisse sur le bureau d’un minable qui l’aurait utilisé pour augmenter le volume des dossier judiciaires.
Je ne leur ai plus écrit, mais dans mes pensées ils ont marché à mes côtés chaque jour, pendant ces années, et ils continueront à marcher avec moi jusqu’à quand ils ne pourront, enfin, le faire en tant qu’individus libres.
Une condamnation minable ne m’éloignera jamais d’eux, parce que, je le répéterai ad nauseam, ils sont et ils restent mes compagnons, mon frère et ma sœur, avec lesquels je serai toujours Solidaire et Complice !
Donc, Sparagna, je te dis : « nun te fruscià ! » (en napolitain : « ne te fais pas d’illusions »)
Pour l’Insurrection, pour l’anarchie !
Gioacchino Somma