Montréal Contre-Information / samedi 3 octobre 2020
Sur une côte étouffée par la fumée des feux qui brûlent une vaste partie de cette planète mourante, en haut de la route TR11A du versant nord du mont Edinburgh, sur l’île de Vancouver, nous avons abattu sept arbres en travers de la route, érigé des trépieds, accroché des banderoles et cadenassé une barrière pour bloquer l’accès aux blocs de coupe de forêt ancienne plus haut dans la montagne. Les blocages ont commencé en août dans le bassin versant voisin de Fairy Creek, mais l’exploitation forestière se poursuit dans la région. Certaines zones de forêt ancienne sont actuellement inaccessibles à l’industrie grâce à ces blocages permanents, mais de nombreuses autres zones voisines sont toujours en cours de destruction, et notre action a empêché la destruction lundi matin d’au moins une partie de forêt primaire. Nous sommes heureux.ses d’entraver l’exploitation des zones anciennes, mais nous aurions tout aussi bien fait d’empêcher la coupe à blanc des forêts de deuxième ou troisième génération, car la destruction industrielle des forêts en soi-disant Colombie-Britannique n’a rien de durable.
Nous invitons d’autres personnes à déployer la lutte contre l’exploitation forestière de la Tree Farm License 46 selon des lignes insurrectionnelles. La proposition est simple : organisation informelle, hostilité totale et refus de négocier avec l’État ou l’industrie. Cela peut être aussi simple que de se réunir avec des ami.e.s et de trouver des moyens créatifs pour gripper les rouages de l’exploitation forestière industrielle. Pour nous, ça a pris la forme d’un blocage temporaire. Nous l’avons fait parce que c’était amusant et facile, et que nous n’avions aucun intérêt à nous faire prendre ou à attendre d’être arrêtés. Nous pouvons agir seul.es ou en groupe. L’objectif est une action directe : stopper l’exploitation forestière, et non pas demander poliment qu’elle cesse. Plus l’action est décentralisée, plus elle devient incontrôlable, et comme les pouvoirs en place sont incapables de cerner toute la zone, il peut être possible de mettre fin aux coupes à blanc. Dans le pire des cas, on se sera simplement amusé.es pendant l’action, et on leur aura donné matière à réflexion pour la prochaine fois. Des ami.es venus de loin peuvent contribuer à cette lutte en visitant les bureaux, les usines et les autres opérations de Teal Jones dans divers endroits de la soi-disant Colombie-Britannique et des soi-disant États-Unis.
Tout au long de ce processus, il sera important de laisser se déployer une diversité de tactiques. Certain.es d’entre nous pourront essayer de créer un mouvement social populaire, d’autres resteront sur les barricades des barrages de Fairy Creek, d’autres encore adopteront notre approche et agiront de manière autonome – d’autres enfin pourront choisir les trois approches à la fois. Quelles que soient les décisions que nous prenons, nous devons les aborder avec humilité. Aucun.e d’entre nous ne sait exactement comment arrêter l’hydre industrielle, mais nous savons que les pouvoirs en place utiliseront des tactiques de division pour isoler les groupes et les individus les plus radicaux et affaiblir le mouvement. C’est en comprenant bien les principes de solidarité et en nous rappelant que nous travaillons toutes et tous vers un même but que nous réussirons.
Ceci est particulièrement important alors que nous voyons certaines personnes dénoncer notre blocus comme “non autorisé”, car nous pensons qu’aucun.e d’entre nous ne devrait demander à quiconque l’autorisation d’agir. Nos actions sont le fruit de notre propre analyse, de nos désirs et de nos relations – personne ne peut nous en priver, ni ne doit essayer de les contrôler. Cela peut être compliqué sur des terres volées, et à celles et ceux qui pourraient soulever cette question, nous voudrions faire remarquer qu’il y a des Pacheedaht avec nous et des Pacheedaht contre nous, car il existe dans chaque communauté une diversité de perspectives. Nous souhaitons agir aux côtés de celles et ceux qui veulent que les forêts sur leurs terres soient préservées, et ne pas les laisser seul.es pour combattre le capitalisme industriel et le colonialisme qui ne cessent d’empiéter sur nos existences.
Attaque toute!
#OldGrowthBlockade
Quelques anarchistes