Diymedia / vendredi 2 octobre 2020
Le 9 octobre, la maison collective anarco-queer-féministe de Liebig Strasse 34 devrait être expulsée. Une expulsion encore, qui fait partie d’une longue liste d’expulsions forcées et du processus de déplacement [des pauvres ; NdAtt.] de ces dernières années, toujours imposés par la violence, par volonté politique, quel que soit le gouvernement. Comme dans le cas du terrain pour caravanes « Schwarzer Kanal », qui, jusqu’en 2010, se trouvait sur les rives de la Spree, dans la Michaelkirchstraße.
Aujourd’hui, Kreuzberg est un haut lieu des stratégies de marketing, visant à attirer des nouveaux riches et des entreprises technologiques. Et ce qui manque, ce ne sont bien sûr que des appartements de luxe et des bureaux pour start-up. Du coup, même cette dernière friche, là où était l’ancien terrain pour caravanes, disparaît sous le béton. La pression de la performance, la concurrence et l’isolement « smart » sont prometteurs. « The Elements », comme on appelle ce projet de construction, sera réalisé par l’entreprise de construction suisse Implenia, qui a récemment acquis une certaine notoriété pour sa participation à la construction de la nouvelle prison de Bâle.
Ceux qui ont inventé ce nom, dans leurs bureaux stylés, ceux qui sont responsables de cette construction, dans les bureaux de direction et dans les salles de la politique – faites-leur savoir que nous n’oublions pas l’histoire que cet endroit nous raconte réellement. Même si vous essayez de l’enterrer avec vos excavatrices, elle continue à se développer entre nous et à d’autres endroits. Il s’agit de ces moments où nous avons discuté à coté du brasero et ri sous les arbres. C’est dans des endroits comme celui-ci que nous sommes rencontré.e.s, que nous sommes devenus des rebelles et nous sommes organisé.e.s contre la monotonie et la cruauté des conditions de vie qui nous entourent.
Nous n’avons aucun espoir dans ce théâtre politique qui sont les Parlements. La politique met sa main protectrice sur le capital et envoie ses hommes de main volontaires pour nous foutre hors de nos maisons, quand la loi le souhaite. Il ne peut y avoir de dialogue, car les dirigeants ont depuis longtemps clairement exprimé leur position. Ces dernières années, d’innombrables occupations ont été impitoyablement expulsées. Les locataire.trice.s sont jeté.e.s à la rue en pleine pandémie, alors qu’en même temps on parle de respect. On ne peut pas faire plus en termes de mensonges.
Eh bien, nous ne laisserons pas cette expulsion sans réponse. Car ce qui nous reste, c’est la solidarité et le fait de savoir que nous pouvons riposter à tout moment. Comme hier soir, quand, grâce à des engins incendiaires, nous avons mis le feu à deux excavatrices, sur le chantier de « The Elements ». Peut-être devriez-vous reconsidérer la question des quatre éléments, car le feu au moins ne semble pas vous apporter rien de bien.
On vous embrasse,
quelques casseur.euse.s