325 / jeudi 24 septembre 2020
Le monde a eu vent, par leurs conséquences directes et par les voix inquiètes dans les médias, d’un grand nombre d’attaques incendières sur l’infrastructure de communication. Des revendications indépendantes et partiales dessinent, depuis longtemps, l’image d’activités rebelles clandestines, pas seulement sur le territoire français, contre une société de la putréfaction organisée. Ces activités sont toujours pensées comme complémentaires, jamais comme substitution, de luttes plus visibles, plus rejoignables et néanmoins aussi radicales.
Et voilà que l’Etat essaie, avec un coup répressif contre quelques révolutionnaires, d’éclaircir un peu l’obscurité. 14 personnes sont accusées de s’être organisées pour saboter systématiquement les antennes-relais (https://attaque.noblogs.org/post/2020/09/10/haut-rhin-quatorze-mises-en-examen-pour-neuf-incendies-dantennes-relais/). Nous sommes bien loin d’accorder crédit aux informations de la police, car c’est bien une pratique courante des oppresseurs que de projeter leurs fantasmes et leurs peurs sur quelques élu.es et de les marquer au fer rouge avec toute la violence de la Justice. Et ce, dans le but de faire des exemples à quel coût ce soit. Cette méthode s’appelle la terreur.
Si peu que nous croyions donc à la propagande de l’Etat, nous sommes pourtant sûr.es que la pratique et l’organisation de la violence par en-bas sont devenues, à nouveau, une réalité et une nécessité. Les rassemblements massifs de personnes dans la lutte contre l’Etat et le capitalisme et leurs dynamiques sont nécessairement soumis à des fluctuations. Nous avons vu comment l’appareil étatique dans son ensemble peut être ébranlé par une vague de rage collective, lorsqu’il sous-estime ses ennemi.es. Et nous avons vu et éprouvé dans nos propres chairs ce que cet Etat a fait lorsqu’il a observé le problème et qu’il s’y est attaqué avec une précision scientifique : il a investi de l’argent dans ses forces de l’ordre et les a libérées de presque tout contrôle, jusqu’à ce qu’elles soient à nouveau en état de massacrer la population. Beaucoup ce sont, malheureusement mais avec des bonnes raisons, retiré.es de la rue pour l’instant.
En ce moment, il est important d’enterrer la foi et l’espoir de voir revenir les mouvements sociaux avec leurs champs de possibles par intervalles réguliers et apparemment sans effort. Nous ne sommes pas allé.es dans la rue ni nous n’avons risqué notre liberté et notre vie pour passer les deux prochaines années comme de bon.nes petit.es citoyen.es. Pour retourner ensuite dans la rue à nouveau, au milieu de gens que nous reconnaissons pas.
Quand nous redescendrons dans la rue demain, ou bien dans deux ans, alors nous voulons nous tenir parmi des personnes qui partagent une conscience commune. Cela, nous l’atteindrons que si nous transportons l’offensivité de la rue dans nos vies. Via des processus de discussion, via l’organisation et surtout, via une pratique continue.
Une réponse possible à la question du “comment ?” nous est livrée par l’Etat lui-même : quand il n’est pas possible de détruire frontalement les centres de pouvoir parce que chaque mobilisation publique est étouffée sous les lacrymos, les grenades au TNT et le tir de flash-balls, alors nous devons trouver d’autres cibles d’attaque et d’autre moyens techniques. Les points de liaison des réseaux de communication sont fragiles et peu surveillés, c’est pourquoi la pratique de leur sabotage se repend dans le monde entier et que, dès à présent, on ne pourra plus en faire abstraction. Car la communication est autant une question politique – on le voit dans la totalité de la surveillance et des tentatives de contrôle comportemental – qu’un moyen et un objectif de l’exploitation capitaliste.
Nous avons voulu envoyer, en plus de cette contribution théorique, un signal direct de solidarité avec les 14 accusé.es du Haut-Rhin avec une attaque incendiaire contre une voiture de l’entreprise d’exploiteurs Orange. Mais comme la cible que nous avions choisi pour cette nuit du 19 au 20 septembre n’était pas là, nous nous sommes rabattu.es sur un luxueux 4×4 BMW sur l’avenue Carnot, devant le Château de Vincennes. L’Etat enragé du contrôle est finalement toujours une expression des voeux et des besoins des riches et de leur combat pour protéger leur richesse par tous les moyens nécessaires.
Prenons leurs attaques personnellement et, comme pendant l’hiver 2018/2019 : portons le feu tous les matins devant leurs portes !