Marseille Infos Autonomes / samedi 1er août 2020
Poursuivie par les autorités italiennes, dans le cadre de l’opération « Etincelle », qui visait la répression d’une campagne contre les collabos de la machine à expulser, Carla avait réussi à échapper à la police pendant plusieurs mois. Collaborants activement avec leurs homologues français, les flics italiens lui ont finalement mis le grapin dessus dimanche 26 juillet, après une longue enquête transfrontalière, alimentée à grands renfort de moyens humains et de capitaux. Pour manifester notre solidarité avec Carla, nous avons redécoré la facade du consulat italien à Marseille. Manifestons partout notre solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent contre les frontières, la machine à expulser et ses collabos ! Continuons les luttes !
L’opération Etincelle débute à la publication et à la diffusion de la brochure « I cieli bruciano » recensant les collabos de la machine à expulser italienne. D’après la presse, 21 attaques incendiaires et explosives sont recensées entre 2015 et 2018. Dans le cadre de cette opération, sept mandats d’arrêts sont délivrés et six des sept personnes inquiétées se retrouvent en détention provisoire pendant plusieurs mois. Elles sont accusées d’« association de malfaiteurs à visée subversive », joker de l’arsenal répressif italien, fréquemment utilisé dans les dernières décennies contre des compagnon-ne-s. Des appels successifs font tomber cette accusation et la plupart des inculpé·e·s sortent de prison dans les mois qui suivent. Jusqu’ici, seule Silvia se trouvait encore sous mesure préventive, avec une interdiction de se rendre à Turin, après huit mois entre prison de haute sécurité et isolement, une grève de la faim d’un mois, et 4 mois aux arrestations domiciliaires. Comme Carla, elle est accusée de transport et dépôt de matériel incendiaire devant des distributeurs de La Poste (italienne), sur la base de reconnaissance anthropométrique.
Pendant ce temps, Carla reste introuvable. Collaborant étroitement avec la police française, les autorités italiennes mettent en place une enquête transfrontalière qui ne lésine pas sur les moyens -capitaux et humains- pour tenter de la retrouver : surveillances rapprochées, coups de pression multiples. Cette enquête aboutira le 26 juillet à l’arrestation de Carla près de Saint-Etienne, par une dizaine de policiers armés de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention) et de la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure).
Dans cette période où le manque de moyens s’est fait cruellement sentir dans le domaine de la santé publique, les Etats préfèrent sans surprise, concentrer leur énergie et leur argent pour réprimer ceux et celles qui refusent leur monde et son lot d’injustices. Pour exemple, le chantier du train à grande vitesse (TAV), contre lequel luttent massivement les habitants du Val de Susa, a repris dès la fin du confinement, entraînant un coût de sécurisation des travaux démentiel. D’après le site No-Tav, 500 mètres coûtent le même prix que la construction d’un hôpital de 1 200 lits. Si nous ignorons le coût de l’opération Etincelle, il est évident que cela se chiffre en milliers d’euros. Un coût auquel les autorités françaises n’ont pas hésité à participer, démontrant encore une fois que la priorité des États reste la défense des intérêts de ses représentants, au détriment de celui des populations qu’ils gouvernent.
Et en matière d’intérêt, la répression de l’immigration reste une actualité intensive et rentable pour l’Europe et beaucoup de ses entreprises actuellement en récession économique, suite à la crise sanitaire. Les 22 et 23 juillet a eu lieu à Vienne une rencontre pour la « lutte contre l’immigration clandestine » à laquelle participaient les ministres de l’intérieur d’Allemagne, d’Autriche, Danemark, de la Grèce, de la Slovénie, de la République tchèque et de la Hongrie, des représentant·e·s de la Suisse, de la Commission européenne, de FRONTEX (Agence européenne des frontières et des garde-côtes) et de l’ICMPD (Centre international pour le développement des politiques migratoires). Rien de nouveau sous le soleil, puisque cette rencontre fût simplement l’occasion de réaffirmer et perfectionner l’étroite collaboration entre les autorités de l’espace Schengen et leurs agences et institutions communes (FRONTEX, etc), en matière de gestion des procédures d’asile et surtout des expulsions. Cette actualité démontre encore une fois l’importance du rôle de la gestion des frontières et de la machine à expulser dans la protection d’un système dans lequel nos vies valent moins que leurs profits.
Pour manifester notre solidarité avec Carla et avec toutes celles et ceux qui luttent contre les frontières, la machine à expulser et ses collabos, nous avons redécoré la façade du consulat italien à Marseille. Nous voulons que cela soit un premier pas d’une campagne de solidarité que nous espérons large !
Plus que jamais, soyons solidaires de Carla et de toustes celles et ceux qui luttent contre la machine à expulser et leurs collabos ! Manifestons partout notre solidarité avec Carla et tout.es les enfermé.e.s en visant les autorités italiennes et françaises ! Continuons partout la lutte contre les frontières, la machine à expulser et ses collabos ! Liberté pour tou.te.s ! A bas toutes les prisons !