Round Robin / samedi 14 mars 2020
Depuis moins d’une semaine, le couperet d’une législation d’urgence, progressivement endurcie de 48 heures en 48 heures, est tombé sur l’Italie, dans le but de contenir la pandémie du nouveau coronavirus, la Covid-19. On se trouve dans une situation où on ne peut même plus sortir de chez soi sans une autorisation écrite venant des autorités publiques.
On a regardé dans les yeux la faiblesse inhérente à notre société, qui normalement reste cachée. Le consumérisme et la mondialisation, de panacée pour tous les maux, se muent en cauchemar.
L’éclectisme administratif des politicards : d’abord la course à la normalité, visant à tranquilliser et à minimiser les dangers, puis le soudain virage répressive de masse, le tout retransmis par toutes les télés et tous les médias, seul canal de socialisation aliénée qui est désormais octroyé aux individus. Tout cela dans l’acceptation passive de millions de sujets obéissants, prêts à se transformer en espions qui appellent les forces de l’ordre pour faire disperser des groupes de jeunes qui jouent ou encore les quelques personnes qui résistent à la psychose et sortent se balader.
Parce qu’il y a des personnes qui se rebellent à cette condition dystopique. En sont en exemple emblématique les incroyables révoltes qui ont touché une cinquantaine de prisons italiennes, qui ont saccagé et rendu inutilisables des dizaines de sections, avec le superbe épisode de l’évasion collective de la taule de Foggia.
L’État n’a pas hésité à réagir avec une violence qui n’a pas de précédents depuis les années 70 : jusqu’ici il y a eu 14 morts connus, entre Modena, Rieti et Bologna. Certains pour « overdose », nous disent les médias, d’autres massacrés. On sait très bien comment sont les matons et ceux qui les dirigent, d’autant plus quand ils ont une couverture politique totale et ils jouissent d’un silence presque totale de la part des organes d’information. A Modena on a entendu clairement le bruit des tirs et les prisonniers eux-mêmes ont demandé de l’aide aux solidaires dehors, en disant qu’ils se faisaient massacrer.
Dans une situation d’obligation de soins de masse, comme jamais auparavant, l’ensemble de l’information publique est contrôlée par l’idéologie étatiste, tout débat est suspendu, tout doute est considéré comme une trahison.
Dans ce cadre de militarisation médicale, un épisode qui a eu lieu à Spoleto le 10 mars nous paraît intéressant. Trois de nos compagnons ont été interpellés juste après avoir accroché une banderole, les flics leur ont collé une plainte. Ils ont d’abord été filés par des flics en civil, puis interpellés par une patrouille de Carabinieri. Puisqu’ils ont refusé de suivre les pandores au poste, en plus que pour violation de la loi d’urgence sur le coronavirus et pour affichage abusif, ils ont reçu aussi des plaintes pour résistance à agent de police. Une deuxième banderole a été confisqué avant même d’être accrochée. N’empêche, d’autres banderoles sont apparues ailleurs en ville.
On pouvait y lire :
« Tout le monde dehors, sans crainte (A) »
« Complicité et solidarité avec les prisonniers en révolte »
« Modena et Rieti : matons assassins »
« Contre l’État militaire, évasion générale »
Avec la ferme intention de continuer à refuser l’auto-incarcération, avant ou après le 3 avril [date jusqu’à laquelle sont valables les mesures d’urgence qui imposent le confinement ; NdAtt.]
Anarchistes à Spoleto