Prison de Brians I (Espagne) : Une lettre d’Amadeu Casellas

Anarquia.info / mardi 3 décembre 2019

Eh bien, comme vous le savez, je suis toujours en prison à Brians I et je ne devrais pas être surpris si les matons, des tortionnaires fascistes qui aiment insulter, humilier, harceler et tabasser les prisonniers, continuent avec leur comportement, mais ce qui se passe dans le Module I de cette prison dépasse l’imagination.

Dans cette section, nous avons un maton qui s’appelle Pablo et, comme c’est l’usage, les prisonniers le connaissent comme Don Pablo. Cet individu a reçu plusieurs rapports disciplinaires à cause des mauvais traitements infligés à des prisonniers ; c’est donc bizarre qu’il continue à travailler dans une prison et, encore plus, à contact avec des gens, alors qu’il est psychopathe, pour utiliser un euphémisme.

Ce maton travaille normalement le lundis, le mardis il fait un double service de travail et le mercredis jusqu’à midi. Lundi dernier, le 11 [novembre ; NdAtt.], il a apparemment eu une de ses poussées psychotiques, parce que, tôt le matin, il a commencé avec le coiffeur de la section, en lui disant, devant d’autres prisonniers : « Tu es stupide ou quoi, tu le fais exprès, qu’est-ce que tu veux, que je te casse la figure ? ».

Puis, vers midi, il s’en est pris à un autre prisonnier, en l’occurrence un prisonnier qui devant aller à la salle à manger ; il a crié : « T’es une merde, tu ne vaux rien, tu es un cafard, je te met à terre et t’arrêtes d’exister ». Dans l’après-midi, et en poursuivant avec son vocabulaire, il y avait un prisonnier qui devait aller aux ateliers qui parlait au téléphone avec sa famille. Ce prisonnier appelait en dehors de l’horaire habituel, parce qu’il revient de l’atelier seulement pour la pause de la mi-journée vers une heure et l’après-midi après sept heures ; cet horaire, en dehors des heures normales, était convenu avec le directeur de cette prison et avec le chef de la section, et je l’ai accepté moi aussi, parce que ceux qui bossent aux ateliers ne peuvent pas appeler aux horaires normaux.

Le fait est que ce gardien a commencé à crier lorsque le prisonnier parlait à sa famille : « Raccroche le téléphone, qu’est-ce que tu fout à appeler à cette heure-ci ? ». Le prisonnier, voyant qui lui criaient dessus, a choisi de dire à sa famille : « Je raccroche parce qu’on me fait des histoires » et a raccroché. Le maton psychopathe, Don Pau, a continué à crier : « Qu’est-ce que tu as à dire à ta famille, bordel, qu’on te fait des histoires ? Met tes mains derrière le dos, je vais foutre en l’air ton ateliers et je vais te déplacer dans une cellule dans l’autre aile de la section ».

Il y a quelques jours, ce même individu a rencontré un autre prisonnier à destination des atelier et, en plus de l’humilier avec des insultes, lui donnait des coups à la poitrine, avec l’aide de deux autres matons, car parfois d’autres gardiens sont influencés par ces pratiques.

Pour clore la journée, le mardi un détenu a voulu se soumettre à une procédure d’habeas corpus parce qu’il considère que sa situation est, au bas mot, irrégulière. Comme nous le savons tous, l’habeas corpus est un droit fondamental reconnu par l’Union Européenne et dont certains se vantent tant. Le fait est que ce maton, ainsi que les autres, lui ont refusé son droit à l’habeas corpus, en lui disant qu’il y avait un article dans le règlement pénitentiaires (RP) qui l’interdisait. Incroyable mais vrai.

Il est curieux que le Gouvernement autonome de Catalogne, qui critique les actions de la police nationale, de la Guardia civil et des Mossos d’Esquadra qui tabassent, maltraitent et violent les droits fondamentaux, chose dont je ne doute pas, d’autre part laisse sciemment que dans ses prisons l’on torture, insulte, humilie, viole les droits fondamentaux, l’on permet la propagation de maladies dues au manque de soins, de nourriture, de produits en magasin, etc.

Certains d’entre nous commencent à penser que l’on veut l’indépendance pour que quelques-uns d’entre nous puissent faire de la Catalogne un pays autoritaire, avec une dictature à part entière, où le 3% des commissions deviennent 100% de tout. Il ne faut pas oublier que Carles Puigdemont [dirigeant nationaliste, ancien président du gouvernement autonome catalan ; NdAtt.] vit comme un roi et que, comme l’Espagne, nous payons tous pour cela, que cela nous plaise ou non.
Je m’arrêterai là.

Amadeu Casellas Ramon
17 novembre 2019

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