Le Parisien / vendredi 8 novembre 2019
L’arsenal sécuritaire s’étoffe à Aulnay-sous-Bois. En plus des 284 caméras de vidéosurveillance « classiques » disséminées à travers cette commune de 85 000 habitants, la municipalité vient d’acheter une « caméra nomade », récemment installée dans un quartier… qu’elle tient à garder secret. Ce dispositif d’enregistrement vidéo mobile cible des phénomènes ponctuels – et mouvants – de délinquance.
« On vise un certain type de faits qui nous sont signalés par des habitants : des vols de pièces automobiles, qui augmentent de manière importante, des dépôts sauvages d’ordures, ou des vols de véhicules. La plupart du temps, ils ont lieu de manière répétée à des endroits précis, souvent peu passants : c’est ici que nous installons la caméra nomade, qui permettra d’identifier les délinquants, et d’avoir un effet dissuasif », détaille Séverine Maroun, première adjointe au maire (LR) chargée de la sécurité.
Quand la problématique se déplace, « la caméra suit », ajoute l’élue. Cette caméra s’installe en trente minutes, sur un mât ou un mur, et la conservation des images fonctionne sous le même régime légal que la vidéosurveillance classique : elles sont détruites au bout de 21 jours.
En fonction des résultats de ce test, d’autres caméras nomades, dont le prix à l’unité s’élève à 19 000 €, pourraient être achetées. « Elles ne remplaceront pas les fixes, prévient Séverine Maroun. Celles-ci sont essentielles pour l’élucidation des affaires ! »
De quoi enrichir le panel de dispositif sécuritaire à Aulnay-sous-Bois, la ville dirigée depuis 2014 par l’ancien policier Bruno Beschizza. Ainsi, d’ici fin décembre, le nombre de caméras doit être porté à 350. Par ailleurs, 80 agents constituent l’effectif de la police municipale, la plus importante d’Île-de-France, qui fonctionne 24 heures/24.
« Les résultats sont là », estime Séverine Maroun, qui brandit de récents chiffres issus des statistiques de la police nationale, notamment une baisse de 21 % entre 2018 et 2019 de vols avec violences.
D’ailleurs, Benjamin Giami, élu LREM et candidat aux municipales, assure qu’on « ne peut être que favorable » à l’installation de cette caméra nomade. « Mais cette débauche d’investissements ne doit pas masquer la réalité, ajoute-t-il. L’insécurité perdure ! »
Et de brandir, à son tour, des chiffres, issus d’un classement publié par le Figaro, dans lequel Aulnay figure en sixième position des villes françaises les plus violentes. Un tableau qui établit un « taux de violence » pour 1 000 habitants selon le nombre de vols avec violence et de coups et blessures volontaires. […]
En Ile-de-France, quelques villes ont déjà investi dans des caméras nomades. Avec des résultats variables.
Ainsi, à Yerres (Essonne), deux ont été posées, il y a deux ans, aux abords de lieux privilégiés pour les dépôts sauvages. Quelques semaines après leur installation, « une vingtaine de contraventions ont été dressées » et « les dépôts ont largement baissé », assure la ville. Une troisième caméra pourrait d’ailleurs être achetée.
A Villepinte en revanche, la municipalité – qui a acheté deux caméras nomades en 2017 – dit avoir « le sentiment » que ces dépôts sauvages baissent… mais sans pouvoir l’étayer, faute de chiffre. On pointe aussi l’absence de « suites » judiciaires si des personnes sont prises en train de commettre un délit sous l’œil de ces caméras.
Ailleurs, Argenteuil (Val-d’Oise) et Brétigny-sur-Orge (91) ont annoncé qu’elles s’équiperaient prochainement de ces caméras nomades.