Ouest France / vendredi 10 mai 2019
Une dizaine de personnes retenues au centre de rétention administrative de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, s’est rebellée dans la nuit du jeudi 9 mai au vendredi 10 mai, quand les policiers sont entrés pour chercher un étranger renvoyé dans son pays. Des locaux sont inutilisables et la capacité d’accueil passe de 40 à 25.
Vers 3 h, jeudi 9 mai, les policiers sont entrés dans les bâtiments du CRA (centre de rétention administrative) où sont logées les personnes retenues. Leur mission était de mettre dans un avion un étranger, frappé par une obligation de quitter le territoire français. L’homme a été renvoyé dans son pays. Environ dix hommes, retenus parce qu’en situation irrégulière en France, ont sorti des matelas et du linge de deux bâtiments. Ils ont allumé le feu avec du papier toilette. Certains émeutiers sont parvenus à monter sur le toit d’une des constructions pour exprimer leur colère.
Les policiers, qui gardent le CRA, ont réussi à éteindre les incendies, qui ont enfumé les deux bâtiments. Plusieurs extincteurs ont été vidés sur le brasier avant que les pompiers n’interviennent. Vers 4 h 30, tout risque était écarté.
Les deux locaux ont été sérieusement dégradés par les fumées opaques, provoquées par l’incendie dans les matelas. Ils ont été fermés et sont actuellement inutilisables.
Des renforts ont été nécessaires pour maîtriser les émeutiers qui ne voulaient pas descendre du toit. Ils ont aussi aidé leurs collègues à déplacer une partie des retenus vers d’autres bâtiments.
La capacité d’accueil du CRA est maintenant de 25 au lieu des 40 habituels. Vendredi soir, 32 hommes et deux femmes étaient enfermés à Saint-Jacques. Trois personnes ont été transférées au centre d’Oissel, près de Rouen (Seine-Maritime). Deux autres, originaires du Soudan, ont été remises en liberté. L’intervention des forces de l’ordre n’a fait aucun blessé, les fonctionnaires ont fait attention de n’avoir aucun contact physique avec les hommes qui se rebellaient.
Une enquête a été lancée pour identifier les auteurs des dégradations. La surveillance vidéo pourrait s’avérer utile pour mettre un nom sur les meneurs de l’émeute.
Les bénévoles qui viennent en aide aux personnes retenues n’ont pas été surpris par ce regain de tension à Saint-Jacques-de-la-Lande. La durée légale de rétention est passée de 45 jours à 90 jours. Malgré quelques aménagements, le temps s’écoule lentement derrière les barbelés du CRA.
« Il n’y a jamais eu autant d’émeutes dans les CRA en France que depuis ces derniers mois, informe une observatrice qui œuvre pour les étrangers sans papiers. Les policiers ont beaucoup de mal à restaurer le calme et une étincelle peut mettre le feu facilement. »