Round Robin / samedi 2 février 2019
« C’est nous les cadavres / de cette ville de merde / où on n’arrive pas à vivre / où on ne fait jamais rien / où tout ce qui nous reste / c’est rage et désespoir / tout le reste on nous l’a enprisonné / tout le reste on nous l’a saisi »
5° Braccio, « Rabbia e disperazione »
Ces années sombres qu’on est obligés de traverser ce sont des années dans lesquels tout esprit de rébellion et de conflit est étouffé par le contrôle, la répression, les taules, le travail et les guerres. Des masses de cadavres, qui chaque jour font l’expérience de la mort et cherchent un sens à cette existence, on devient toujours plus dépendents des gadgets et des schémas que le capitalisme nous fait avaler. C’est de même, aujourd’hui, pour l’hardcore. Ce qui nous entoure, c’est le fait de singer continuellement des stéréotypes ; des crêtes coloriées qui cachent des têtes vides, des concerts organisés dans des lieux discutables, dans des associations récréatives catholiques ou des locaux liés à la logique du gain, où il faut un abonnement pour entrer ou de l’argent pour des tickets très chers. On devient une mode, un spectacle, de la marchandise que le Capital consomme et chie : des guignoles pour des cartes postales pleines de A cerclées, qui crient leur prétendue haine envers la société, qui reste seulement un slogan et ne mène jamais à l’action.
La politique a été laissée de côté, en train de pourrir lors de l’escalade sociale dans le « milieu ». Prendre position, aujourd’hui, signifie faire la terre brûlée autour de soi ; un patch sur son manteau compte plus qu’une idée qui explose sur le visage de la réalité. Punk et DIY sont des pratiques quotidiennes, mais aujourd’hui on préfère une rébellion édulcorée qui dure le temps d’une soirée, avec des sons distordus et une batterie furieuse, pour revenir, le lendemain, à nos existences inoffensives. Le fait d’être anarchistes et punks ne constitue pas pour nous une identité, mais une attitude qui veut nier et mettre en pièces cette société et les idées sur lesquelles elle est fondée. Si le DIY appelle à un inversement de trajectoire par rapport à la consommation effrénée, si l’hardcore est le bastion d’une altérité subversive, il faut se demander où on va et avec qui on marche. C’est notre intention de diffuser l’écho de notre rage pour le néant social et politique dans lesquels sombre cette ville pourrie, contre la résignation et l’indifférence qui arrivent jusqu’à nos espaces, nos concerts, nos têtes. Ce ne sont pas la drogue, l’alcool ou le fait d’être connus qui nous donnent une réponse ou nous font devenir quelqu’un.e : ce sont notre essence et notre action qui nous définissent. Pour nous, hardcore signifie action directe. Celui-ci veut être un appel à penser et à agir, à avoir le courage de se mettre en jeu, pour être à nouveau des individus complets, qui expriment leurs diversité et qui s’amusent à nouveau ensemble dans la négation et la destruction de ce qui existe.
Au crêtes coloriés, on préfère la cagoule.
Dans une main nos instruments de musique, dans l’autre le fusil.
*****
Ici ce texte mis en page en langue italienne