Mpalothia / mardi 2 avril 2019
Le 29 mars est le jour où la mémoire combative devient action, à travers l’affrontement anarchiste continu avec le monde du pouvoir et de l’autorité. Il s’agit d’une occasion pendant laquelle le conflit avec les forces de la domination nous rappelle que, que ce soit en dictature ou en démocratie, l’État opprime, torture, assassine et enferme et que, dans toutes les époques de l’histoire, les volontés indomptables sont aux aguets des plans de l’oppresseur, pour les mettre en danger et les détruire.
Depuis son origine pendant la dictature, pour commémorer les frères Vergara Toledo [Rafael et Eduardo Vergara Toledo, révolutionnaires, ont été tués par les Carabineros le 29 mars 1985, pendant la dictature de Pinochet, en ce qui paraît avoir été une exécution préméditée; NdAtt.], le 29 mars est une date qui ne peut pas être pacifiée, récupérée ou anéantie par son institutionnalisation ou par le réformisme; les autorités et leur presse servile essayent donc de dépolitiser cette commémoration. Au même temps, chaque année ont lieu des actions commémoratives, des barricades et des attaques contre le police, auxquelles participent les ennemi.e.s déclaré.e.s du pouvoir à côté de la jeunesse sauvage des quartiers.
Dans le contexte du régime démocratique, le parcours autonome de la lutte anarchiste croise son chemin avec cette commémoration, comme continuation de la lutte contre le capitalisme et de l’offensive ouverte contre l’État, la démocratie et toute forme de gouvernement, pouvoir et autorité. Le 29 mars nous nous souvenons donc de nos camarades morts dans un combat ininterrompu qui n’a ni de commencement ni de conclusion et qui se nourrit de l’initiative individuelle et des liens collectifs, en guerre contre l’autorité.
Nous sommes conscient.e.s du fait que le combat anti-autoritaire ne se limite pas à des dates ou des expressions spécifiques, ni au simple fait d’être « jeune », cependant nous sommes aussi conscient.e.s que nous ne pouvons pas laisser passer un seul 29 mars sans partager nos idées, sans se rencontrer entre compagnon.ne.s et, en plus d’être dans le rue, réfléchir sur notre présent afin d’intensifier nos actions.
Parce que chaque 29 mars exprime notre volonté et nos capacités dans la lutte, qui font face à des contextes sociales, historiques et politiques qui présentent des éléments de continuité et des éléments de changement. L’utilisation des drones et autres technologies de pointe pour des fins de répression est chose connue, tout comme le rôle des médias dans la frénésie médiatique qui entoure le 29 mars (et la lutte subversive en général). Ce qui, ajouté aux graduelles transformations urbaines, au pouvoir grandissant des trafiquants de drogue dans les quartiers et aux changements dans la structure démographique du pays, configure des scénarios auxquels nous sommes confronté.e.s, avec des variables dont il est important de tenir compte, afin de ne pas arrêter de combattre, mais pour continuer à dépasser toute adversité.
Ce n’est qu’en lisant le contexte et en renforçant nos racines anti-autoritaires, que nous pouvons faire fleurir l’anarchie dans nos vie, dans les rues et partout, comme quelque chose de réel, loin de la pure esthétique, de la rhétorique ou des bavardages. Parce que l’anarchie n’est pas une image à vendre ou à publier sur les réseaux sociaux, mais une pratique réelle et concrète de lutte contre toute forme de pouvoir.
Le 29 mars, et tous les jours, avec nos compas, affûtons l’idée et la pratique de l’anarchie et élargissons le chaos contre toute autorité.
Sin Banderas Ni Fronteras