ContraMadriz / vendredi 15 février 2019
Début juillet 2017, a eu lieu à Hambourg le sommet du G20. Les représentants des pays qui sont les patrons de l’économie mondiale ont planifié, lors de ces deux journées, comme continuer à maintenir ce système fait de misère, d’exploitation et de mort. Des manifestations, des blocages, des sabotages, des affrontements avec les forces de l’ordre, des pillages… (tout comme des attaques décentralisées les semaines précédentes) ont essayé, et à plusieurs reprises ont réussi, d’interrompre le fonctionnement normal de ce sommet. Le 6 juillet, jour de l’arrivée des politiciens, accompagnés de plus de 6000 personnes de leurs délégations, suivis à tout moment par plus de 3000 journalistes et protégés par 10000 policiers, était appelée une manifestation anticapitaliste avec le slogan « Welcome to Hell ».
Des milliers de personnes ont essayé de recevoir les dirigeants avec un grand cortège à travers la ville. Alors que la tête de la manif n’avait pas encore fait 50 mètres, la police a chargé, sans qu’il y ait eu aucune provocation ni incident, à coup de matraques, gaz et canons à eau ; cela n’est pourtant pas surprenant, puisque l’État n’utilise pas sa répression comme une réponse, mais comme une possibilité de frapper des idées et pratiques données. Arrêtons de penser notre action à partir des mesures coercitives : choisissons le moment de la confrontation.
En effet, il paraît que c’est à cette conclusion que sont arrivées des nombreuses personnes cette nuit-là, quand des dizaines de petits feux de joie ont illuminé une ville sous siège, où la seule circulation était celle des fourgons de police, des blindés et des canons à eau.
Au lever du soleil, il y avait encore de l’odeur de fumée. Le mot d’ordre de ce jour était de bloquer, dans la mesure du possible, les déplacements des gros bonnets qui se rencontraient avec l’intention de se rendre à un concert, ainsi que d’interrompre, ne fusse que pendant quelques instants, le flux de marchandises dans le port (le deuxième plus important d’Europe).
Avec plus ou moins de succès ont été réalisé des petits blocages, différents performances, des barricades… jusqu’à quand, à partir de 8 heures du soir, dans le quartier central de Altona, ont commencé des affrontements massifs avec la police. Les échauffourées ont duré jusqu’à tard la nuit, avec plus de 200 flics blessés. Par ailleurs, elles ont été joyeusement accompagnées par des pillages de supermarchés, des destructions de banques, d’agences immobilières et de parcmètres, par des barricades et des voitures de luxe en feu, ce qui a donné une note de couleur à cette chaude nuit estivale.
Pour le dernier jour du sommet, était prévue une tranquille manifestation unitaire qui aurait dû parcourir la ville, ce qui effectivement a été le cas. Mais, au même temps, la police, dépassée la veille et n’ayant eu qu’une faible ou nulle possibilité d’interpeller du monde, a lancé une chasse à l’homme à travers toute la ville. Quiconque avait la malchance de porter des gants, un sac à dos noir, un k-way ou quelque chose pour se couvrir le visage était suspect. Avec une attention particulière pour les personnes de nationalité espagnole, italienne ou française. De centaines de personnes ont été conduites au centre de détention temporaire installé pour l’occasion : deux hectares de terrain entourés de barbelés et replis de containers faisant office de cellules.
L’État commençait, ainsi, sa vengeance.
Des dizaines de personnes ont été ou sont inculpées, beaucoup d’entre elles avec de la prison préventive, certaines s’y trouvent encore aujourd’hui. La réponse solidaire ne s’est pas faite attendre. Des initiatives d’information ou de collecte de fonds ont eu lieu en toute Europe. Tout comme des actions et des sabotages nocturnes, tel des attaque de banques et d’ambassades.
Dans l’État espagnol, il y a eu deux grosse opérations orchestrées par le parquet allemand et exécutées, bien évidemment, par l’Audiencia Nacional [tribunal spécial espagnol ayant compétence sur tout le pays dans certains domaines, comme le terrorisme ; NdAtt.]. En mai 2018 il y a eu la première vague, avec des perquisitions dans des centres sociales et des maisons de Madrid. Le dernier épisode a eu lieu en octobre dernier, avec des nouvelles perquisitions à Madrid et Palencia.
La coordination des polices à niveau européen essaye d’augmenter l’efficacité répressive des États. Elle à pour but de persécuter les réseaux de solidarité et veut nous effrayer. Ils veulent nous faire peur. La révolté d’Hambourg leur a fait mal ; une tentative de démonstration de force de leur part a fini par mettre en évidence la possibilité de frapper au cœur la bête du Capital et de l’État.
Il doit y avoir une réponse à leurs attaques répressifs. La seule perspective que nous avons à l’esprit est celle de continuer la lutte. Hambourg a été une étincelle, un éclair, un moment dans un conflit, dans une guerre sociale. Une guerre qui continuera jusqu’à la complète destruction du capitalisme, de l’État et de l’autorité.
LIBERTÉ POUR TOU.TE.S LES PRISONNIER.E.S
LA GUERRE CONTINUE